Le permis de conduire, sujet de campagne

lundi 28 mai 2012.
 

C’est mieux que la viande hallal comme sujet. Ça reste quand même un peu irréel tout de même dans une élection présidentielle. Mais notons que ça ne l’est que parce que les médias s’en saisissent. Car c’est eux qui choisissent les sujets qui sont mis en débat. J’en sais quelque chose. Je ne suis arrivé à faire passer aucun thème, aucun sujet. Sauf quand ils arrivaient par hasard, par la porte de service, parce que je me faisais reprendre mes idées sans que les autres le sachent comme ce fut le cas pour la taxation des riches par Hollande ou la taxation différentielle des revenus par Sarkozy, la fameuse « exit tax » comme ils disent. Ou seulement quand c’était censé souligner mon irréalisme comme à propos du SMIC à 1700 euros. Sinon tous mes efforts à propos de la conquête des mers, mes discours sur l’alliance altermondialiste, la planification écologique, la loi de préemption des entreprises par les travailleurs, n’ont eu aucun impact dans la presse écrite. Ça n’empêche pas quelques beaux numéros d’hypocrisie et d’arrogance médiatique. Comme lorsque « Le Monde » dénonce l’absence de la question écologique dans la campagne. Ils auraient dû lire « Le Monde » avant. Car Hervé Kempf, l’un de ses rédacteurs, avait précisément expliqué, en page deux du journal, en quoi notre planification écologique et la règle verte étaient deux apports importants à la pensée politique dans ce domaine. Il m’a aussi proposé un entretien sur le site « reporterre.net » dont je crois qu’il montrait également comment l’écologie politique a fini de conquérir le renouveau de la pensée de gauche qui se mitonne au Front de Gauche. Et après tout, une référence à notre réunion à « l’Usine » sur les projets écologiques des travailleurs en lutte n’aurait pas été forcément de trop. Tant pis, qui est-ce que cela influence ? Mais puisque je suis sur cette parenthèse dans mon propos sur le permis de conduire, j’en profite pour signaler un lien utile avec le compte rendu d’une réunion très passionnante qui a eu lieu autour de d’Eric Coquerel et Corinne Morel-Darleux rapprochant écologistes militants et syndicalistes qui s’opposaient sur la question des pollutions d’une usine locale.

Donc à moins de deux semaines du premier tour de l’élection présidentielle, chacun est sommé de proposer sa réforme sur le permis de conduire séance tenante. Si je prends le soin d’en parler c’est parce que je veux montrer qu’il n’y a pas de sujet petit ou grand sur lesquels nous n’ayons notre cohérence de longue main. Au cas précis, il est vrai que c’est une question importante puisque 40 millions de Français ont le permis. Mais pas moi. Et chaque année, 750 000 nouveaux permis B sont délivrés. Bien sûr, l’essentiel de ces nouveaux conducteurs sont des jeunes : apprentis, lycéens, étudiants ou jeunes travailleurs. L’écrasante majorité a des revenus précaires, faibles ou inexistants. Or, obtenir son permis de conduire coûte en moyenne entre 1 200 et 2 000 euros ! C’est une somme très importante. Dans le détail, une heure de conduite coûte entre 40 et 50 euros. Comme il faut suivre au moins 20 heures de conduite avant de pouvoir passer le permis une première fois, on arrive déjà à 800 à 1 000 euros au minimum. Il faut y ajouter les frais de présentation à l’examen théorique, le code de la route, et à l’examen pratique, la conduite. Cela représente 85 euros pour le premier et 100 euros pour le second. Ajoutez encore divers frais et vous arrivez aux sommes que j’ai mentionnées. Bien sûr, pour en rester là, il faut réussir du premier coup. Ce qui n’est évidemment pas le cas de tout le monde. Si vous échouez à l’examen du code, vous payez de nouveau 85 euros. Si vous échouez à la conduite, vous devez reprendre des heures supplémentaires et payer de nouveaux 100 euros pour l’inscription. C’est un vrai problème que ce coût.

La droite gesticule sur le sujet. Elle avait déjà inventé le dispositif libéral du « prêt à taux zéro » pour un « permis à un euro par jour ». En fait, le prêt est plafonné à 1 200 euros et c’est l’Etat qui prend en charge les intérêts que la banque encaisse bel et bien. Mais ce dispositif n’est même pas appliqué par toutes les banques et toutes les auto-écoles. Surtout, il revient à proposer aux jeunes de 16 à 20 ans de s’endetter sur plusieurs années pour payer leur permis. Et en janvier 2009, le premier ministre François Fillon avait déjà annoncé une réforme du permis de conduire. Il s’agissait, soi-disant, de le rendre « moins long, moins cher, plus sûr ». Chacun peut constater autour de lui le brillant succès de cette réforme. Si Nicolas Sarkozy parle aujourd’hui du permis de conduire, c’est que la réforme Fillon de 2009 n’a pas réglé le problème !

Dans l’affolement, chacun des candidats invente des rustines. Je m’en amuse. Car ma première proposition sur le sujet date de 1990. A l’époque, avec six de mes collègues sénateurs, nous avions déposé une proposition de loi prévoyant que « l’enseignement du permis de conduire est un service public gratuit ». Nous proposions que le permis de conduire comporte une troisième épreuve qui aurait été une épreuve de « secourisme et des gestes de survie ». Notre proposition prévoyait que « le ministère de l’Education nationale est chargé de l’enseignement et de la collation des grades concernant » les épreuves du code de la route et de secourisme. Concernant l’épreuve de conduite, nous proposions qu’elle relève aussi du service public mais en étant assurée soit par le ministère de l’Education nationale via des auto-écoles publiques soit par des établissements privés sous contrat d’association avec l’Etat. Dans ce deuxième cas, nous proposions que l’Etat verse un forfait à l’auto-école pour assurer la gratuité pour l’usager.

Aujourd’hui, nous continuons de faire des propositions qui vont dans le sens de la gratuité du permis de conduire. Nous proposons des mesures immédiates. Par exemple, rendre gratuits la formation et l’examen théoriques, c’est-à-dire le code de la route, en les intégrant à l’Education nationale. Mais aussi la gratuité de l’examen pratique du permis de conduire. Et nous conservons l’horizon de la gratuité pour les heures de conduite. A ce stade, je veux donner des arguments. Aller vers la gratuité du permis de conduire est une nécessité. C’est une formation et une compétence indispensable dans le monde actuel. Le reconnaître n’enlève rien à la nécessité de repenser nos modes de déplacements et de privilégier, autant que possible, les transports collectifs. Ensuite, notre proposition est techniquement réaliste. Aujourd’hui, au collège, sont déjà délivrés une formation et un « Brevet de sécurité routière » (BSR) nécessaire pour conduire un scooter ou une mobylette. Ce BSR est même nécessaire pour pouvoir passer son permis de conduire. Notre idée revient donc à appliquer la même méthode au code de la route. Enfin, cette proposition est financièrement praticable. La gratuité de l’examen du code de la route et de l’examen de conduite coûterait moins de 300 millions d’euros par an. Il y a en effet, 1,5 millions de candidats par an et l’inscription à ces deux examens coûte au total 185 euros. 300 millions d’euros, cela représente 0,015% de la richesse que produit le pays en une année.

A l’inverse, les autres candidats font des propositions absurdes ou incomplètes. Par exemple, Nicolas Sarkozy reprend notre idée et propose que le code de la route soit enseigné et délivré au lycée. Il indique dans le Journal du Dimanche que « les auto-écoles viendront dans tous les lycées apprendre le code aux jeunes et l’examen sera organisé dans les établissements. Tous les lycéens quitteront l’école avec le code en poche ». J’ai deux remarques. D’abord, Sarkozy ne dit pas que ce devrait être gratuit. Ensuite, c’est incohérent. Car pour passer le code de la route il faut avoir 16 ans. Or c’est aussi l’âge de la fin de scolarité obligatoire. Que fait-il de ceux qui quittent l’école à cet âge-là et ne vont pas au lycée ? Auront-ils accès à la formation au code de la route ? Au contraire, dans notre programme, cette proposition est cohérente avec l’allongement à 18 ans de la scolarité obligatoire.

François Hollande, lui aussi, oublie une partie des jeunes. Il propose une prise en charge forfaitaire du permis de conduire par l’Etat pour les 100 000 jeunes qui effectueraient un service civique. Une « récompense » en quelque sorte. Mais que fait-il pour tous les autres ? Mystère. A travers cet exemple du permis de conduire, j’estime qu’une nouvelle fois on voit bien que le Front de Gauche a non seulement le programme le plus ambitieux mais aussi le plus précis et le plus sérieux. Et que les autres gros cakes, les « réalistes », ne le sont guère. Mais je reconnais que je suis de parti pris. Il n’en reste pas moins, comme le disait Albert Camus, que « l’engagement n’empêche pas le goût de la vérité ».

Je crois que ça s’appelle le fitness. Cette femme l’enseignait à la télé, si j’ai bien compris. Maintenant la voici bouddhiste au Tibet. Pourquoi pas. On la voit en photo avec des enfants moines. Ces enfants sont enlevés à leurs parents pour être placés dans les monastères. Ça n’a pas l’air de la déranger. Dois-je écrire : au contraire ! Cela correspondrait tellement bien aux propos déjantés qu’elle tient. En tous cas, des enfants moines ça ne l’interroge pas. Par contre, moi, je lui pose un problème grave. Il faut dire que le journal « Paris-Match » lui pose la bonne question : « Que dites-vous quand Jean-Luc Mélenchon applaudit des deux mains la répression au Tibet ? » Voilà une question honnête, éthique et indépendante bien dans la tradition de la presse française « qui n’a pas de carte sauf la carte de journaliste ». Donc, j’applaudis « des deux mains » la répression au Tibet ? Une calomnie désormais servie en refrain. C’est à vomir ! Jamais je n’ai approuvé, où que ce soit, en France où dans le monde, une répression comme réponse à un problème politique. Et pas davantage au Tibet qu’ailleurs. Mais cette odieuse étiquette permet de me montrer du doigt sans frais. Et d’exciter quelques agités qui dès lors se sentent autorisés à me harceler. Dorénavant c’est devenu une figure imposée pour me décrire. Dans la presse anglo-saxonne qui parle de moi c’est un passage obligé de ma description. Sans oublier Cuba et Chavez. En paquet. Donc l’amie des enfants condamnés au monacat me prédit de grandes difficultés au moment de ma dernière heure et aussi pour ma réincarnation si je comprends bien son délire. Si je mentionne cet entretien entre une illuminée indifférente à la souffrance des enfants et une journaliste qui a réussi à se faire payer le voyage pour rapporter cet entretien décisif, c’est parce que j’y vois une illustration du niveau de stupidité des ventilateurs à boue qui sont branchés pour moi. Tout le monde déguste et d’abord ceux qui actionnent la machine. Acrimed, qui ne soutient personne mais tient la vigie, a fait un bilan bien serré de la ligne générale de ce nouveau sport médiatique qu’ils nomment le « Mélenchon bashing. »


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