1921 - 1930 La NEP en URSS

vendredi 12 juillet 2019.
 

A) Contexte

A1) La Russie tsariste

A2) La première guerre mondiale 1914 1918

A3) La Révolution russe de février 1917

En février 1917, les couches populaires de l’immense Russie n’en peuvent plus de la guerre et de ses millions de morts, de la famine, des privations, de la misère, du froid et de la terreur policière du tsariste.

Le 23 février explose une situation révolutionnaire typique. Pour la Journée internationale des Femmes, des grèves explosent dans la capitale relayées par des mouvements contestataires dans les files de ménagères faisant la queue devant des boulangeries sans pain. Le mot d’ordre du jour est simple "Du pain".

Le 24 février, la moitié des ouvriers industriels entre dans le mouvement (grève, manifestations d’entreprise se succédant au centre ville, mots d’ordre plus radicaux "A bas l’autocratie" "A bas la guerre"). La fraternisation entre ouvriers grévistes et soldats commence, particulièrement avec les Cosaques.

Le 25 février, la grève touche 240000 ouvriers. Les quartiers s’agitent. Les étudiants partent en grève également. Le pouvoir engage la police (qui tire à balles réelles rapidement) et l’armée (environ 150000 soldats). Leurs morts radicalisent les milieux populaires. En début de nuit, les commissariats de police sont attaqués et pris dans tous les quartiers. Les chefs militaires tsaristes réagissent en faisant arrêter tous les militants bolchéviks. Peine perdue puisque la révolution surgit du peuple lui-même.

Le dimanche 26 février, la massivité du mouvement s’accroit encore. En plusieurs endroits la police et des unités de l’armée couchent de nombreux morts sur le pavé. En soirée, des élèves sous-officiers du "régiment des gardes du corps de sa majesté" tirent encore sur la foule. C’est alors que la 4ème compagnie de cette unité se mutine. Elle se voit rapidement mise hors d’état de nuire par des unités d’élite ; cependant, 19 soldats se sont évanouis dans la ville et cherchent des alliés pour le lendemain, leur seule solution étant, à présent, une victoire militaire de la révolution.

B) Du communisme de guerre à la NEP

B1) La guerre civile russe

B2) Le communisme de guerre

Le 12 mars 1921, Lénine surprend les communistes de son parti en annonçant une Nouvelle Politique Économique (en russe : NEP).

Échec du communisme de guerre

Après son coup de force d’Octobre 1917, Lénine a dû lutter tout à la fois contre les partisans du tsar déchu, les nationalistes, les démocrates et les socialistes. Il a pour cela instauré dès 1918 un communisme de guerre.

Supprimant la monnaie et le commerce intérieur, il a imposé des réquisitions en nature aux paysans. Il s’en est suivi une famine de plusieurs millions de morts et une chute sans précédent de l’activité économique. La révolte gronde chez les soldats fidèles aux bolcheviques.

Le 28 février 1921, les marins de la citadelle de Cronstadt se révoltent au nom de la démocratie et du socialisme. Ils sont massacrés par l’Armée rouge de Trotski.

Lénine lâche du lest

Dans son rapport de mars 1921 au Xe Congrès du PC, Lénine avoue : « Les faits sont là. La Russie est menacée de famine. Tout le système du communisme de guerre est entré en collision avec les intérêts de la paysannerie (...). Nous nous sommes trop avancés dans la nationalisation du commerce et de l’industrie, dans le blocage des échanges locaux. Est-il possible de rétablir dans une certaine mesure la liberté du commerce ? Oui, c’est possible. C’est une question de mesure. Nous pouvons revenir quelque peu sur nos pas sans détruire pour cela la dictature du prolétariat. »

En dépit de l’opposition de Trotski, son principal adjoint, le dictateur sacrifie le dogme marxiste en donnant un peu de liberté aux paysans, aux commerçants et aux petits entrepreneurs.

Mais il s’en tient à une libéralisation des rouages économiques et maintient intacts les rouages de la dictature. Il n’était que temps...

Le 16 mars 1921, le Xe Congrès du Parti communiste russe adopte le rapport de Lénine.

L’État reste propriétaire de la terre et des moyens de production, il garde le contrôle des banques, des transports et du commerce extérieur ; il regroupe les grandes industries nationalisées au sein de trusts d’État systématiquement favorisés par les investissements publics.

A côté de ce secteur étatique, la NEP autorise l’ouverture d’un secteur privé en rétablissant la liberté du commerce intérieur. Les paysans sont les premiers bénéficiaires de la réforme. La fin des réquisitions et le remplacement des impôts forcés par un impôt unique en nature, fixé chaque année, les encouragent à écouler leurs surplus.

En outre, un code agraire édicté l’année suivante, en 1922, permet aux communes rurales de redistribuer les terres et d’en déterminer le mode d’exploitation (location, fermage, métayage) en vue d’un rendement optimal.

Toujours dans le dessein d’améliorer les conditions de vie de la population, l’industrie lourde cède le pas à l’industrie légère. Le 7 juillet 1921, les entreprises de moins de vingt ouvriers sont dénationalisées.

Les révolutionnaires font même appel aux capitalistes honnis en instaurant le 13 mars 1922 des sociétés mixtes au capital fourni pour moitié par l’État et pour moitié par des groupes occidentaux (beaucoup d’Américains y répondent favorablement).

Un peu plus tard, le secteur public lui-même renonce à l’égalité des salaires dans les grandes usines et restaure une hiérarchie fondée sur la compétence.

En restaurant partiellement l’économie de marché, la NEP va sauver le pouvoir léniniste. Sa réussite sera spectaculaire. Paysans, commerçants et petits entrepreneurs reprennent goût au travail et aux échanges. Le chômage est résorbé. Qui plus est, les communistes russes gagnent la confiance des capitalistes américains. Capitaux et techniciens occidentaux s’investissent dans la « patrie du communisme réel » pour reconstruire les infrastructures.

Dès 1926, la production industrielle dépasse de 8% le niveau d’avant guerre. La production agricole rattrappe à son tour ce niveau en 1928 !

Retour en arrière avec Staline

Beaucoup de bolcheviques, dont Trotski, en viennent cependant à craindre que la NEP, par son succès même, ne favorise dans les villes et les campagnes l’avènement d’une nouvelle bourgeoisie qui, avide de liberté, pourrait un jour renverser le régime communisme !

Il est vrai que les « koulaks » (surnom donné aux paysans aisés) représentent bientôt le quart de la population agricole. En ville, les « nepmen », surnom donné aux entrepreneurs qui ont su tirer parti de la NEP, sapent par leur existence même les fondements de la « dictature du prolétariat ».

Staline, devenu le maître tout-puissant de l’URSS, se rallie aux partisans du retour aux grands principes. Il lance le 1er octobre 1928 un premier plan quinquennal (1928-1933) en vue d’abattre définitivement le capitalisme.

Le plan prévoit la mainmise de l’État sur toutes les activités économiques, y compris l’agriculture. C’est ainsi que doivent être collectivisées les terres sous la forme de coopératives géantes : les kolkhozes, et de grandes fermes modèles : les sovkhozes. Le 6 janvier 1930, un décret officialise la fin de la NEP (Nouvelle Politique Économique).

La collectivisation brutale des terres va entraîner une nouvelle baisse de la production et, plus gravement, d’épouvantables famines.


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