Choléra : quand l’eau tue en Haïti

mercredi 10 novembre 2010.
 

Quelques mois après avoir été ravagée par un séisme dont le bilan reste ancré dans les esprits (250 000 morts), la population d’Haïti doit faire face à une épidémie de choléra. Véritable « maladie des pauvres » le choléra se développe particulièrement dans les régions où l’assainissement de l’eau est défaillant. Sa propagation est accélérée par les fortes concentrations de population.

Déclenchée dans le nord du Pays, où la rivière Artibonite est infectée, il est à craindre que l’épidémie se développe à Port au Prince où plus d’un million de réfugiés s’entassent dans les camps.

A Haïti, où les dernières apparitions de la maladie remontent à plus d’un siècle, la tension est palpable. Des rumeurs ont tout d’abord couru, attribuant les origines de l’épidémie aux soldats népalais de l’ONU. Plusieurs affrontements ont eu lieu aux frontières de la République Domicaine, qui a renforcé la présence militaire afin de contenir les Haïtiens tentant d’échapper au fléau. Enfin, les centres de soins pour les malades construits à la hâte provoquent un rejet des habitants, un hôpital de Médecins sans Frontières ayant même été attaqué.

La France a immédiatement réagi en envoyant deux missions médicales et en débloquant 100 000 euros. Mais Haïti n’est qu’au début d’’un lent processus de reconstruction. Les nombreuses aides promises en fanfare immédiatement après le séisme tardent à être versées. C’est seulement il y a quelques jours que la Banque mondiale a approuvé une subvention de 30 millions de dollars pour aider à la construction de logements.

Mais ce que révèle avant tout l’épidémie, c’est le besoin urgent de garantir un accès à l’eau potable partout dans le monde. Si, à Haïti, la maladie a surgi par surprise, ce n’est pas le cas au Nigéria, où elle est omniprésente. Pourtant, et malgré la manne pétrolière qui fait du Nigéria le pays le plus riche du continent africain après l’Afrique du Sud, moins de la moitié de la population a accès à l’eau potable, et de fréquentes marées noires dues à la négligence des compagnies pétrolières viennent aggraver la situation en polluant les puits. Actuellement, le Nigéria vit sa pire épidémie de choléra avec plusieurs dizaines de milliers de personnes touchées. Grâce à un récent sursaut des consciences, le combat pour l’accès de tous à l’eau avance lentement. Trop lentement hélas.


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