Manifestations de septembre 2010. Avez-vous de bonnes chaussures ?

samedi 18 septembre 2010.
 

Avez-vous de bonnes chaussures ? Si ce n’est pas le cas, courrez vite vous en procurer. Pour ce mois de septembre, c’est indispensable à tous ceux qui ont la tête et le cœur à gauche, et aussi pour beaucoup d’autres qui, sans se considérer clairement comme de gauche, en ont assez de Nicolas Sarkozy. Avis donc à tous, nous n’avons pas fini de défiler pour protester, d’où l’intérêt d’une bonne paire de godasses. Rassurez-vous, dans ce rejet, nous sommes majoritaires, cela ce sent de plus en plus dans les conversations quotidiennes que l’on peut avoir, ici avec un voisin, là avec un salarié qui vous rend un service, un petit commerçant de quartier, un collègue... bref, tout le monde peut constater, pour peu qu’il prête l’oreille, que monte une exaspération de plus en plus violente. Mais, le ras-le-bol et la colère ne suffisent pas à faire une bonne politique et à changer réellement les choses. Du moins quand on est de gauche. La droite, et l’extrême droite savent plus aisément profiter de l’exaspération et de la rage qui prend les esprits de millions de personnes écrasées, humiliées, atomisées par cette société au fonctionnement aussi injuste qu’absurde.

C’est donc dans une protestation consciente contre le système que nous retrouvons notre dignité d’être humains. La condition de toute transformation sociale, oserais je dire Révolution, c’est la conscience. D’où l’importance de manifester pour défendre des idées. C’est pourquoi, contre le gouvernement, nous sommes des milliers à marcher en ce début d’année scolaire. Cela a commencé le 4 septembre, jour du 140e anniversaire de la République, où nous étions plusieurs dizaines de milliers à refuser l’utilisation sordide de l’immigration, faisant échos aux pires théories de l’extrême droite française, à la seule fin de faire diversion et les montrer comme responsable de la crise sociale et morale qui frappe le pays. Ainsi, voit-on des milliers de nos semblables stigmatisés comme « immigrés ». Pourtant, qui ne l’est pas un peu ? Qui n’a jamais quitté sa ville natale pour vivre et travailler « ailleurs », là où précisément il y a du travail, là où on aime un autre, là où l’on peut s’exprimer sans crainte, là on le désire tout simplement, sans autre justification. Le problème de la France, ce n’est pas ses immigrés, c’est l’inégale répartition des richesses !

Le 7 septembre, c’était cette fois ci pour la défense de la retraite à 60 ans que nous étions près de 3 millions dans la rue. C’est une bataille fondamentale, centrale. Aujourd’hui, mercredi 15 septembre, la loi sera adoptée à l’Assemblée Nationale (cf. l’énorme travail de résistance de ma camarade la députée PG Martine Billard raconté par la Télé de Gauche ). Mais l’affaire n’est pas définitivement pliée, loin de là. Il faut défendre la retraite à 60 ans, à taux plein, sans augmentation des annuités. C’est pourquoi, sans barguigner, il faut le retrait de la loi Woerth-Sarkozy ! Oui, le retrait. Comment ?

En manifestant, en protestant, en nous retrouvant plus nombreux encore le 23 septembre prochain pour faire reculer le gouvernement. S’il refuse de nous entendre, nous avancerons d’autres propositions politiques. C’est notre rôle à nous les responsables de partis qui refusons de nous substituer aux organisations syndicales qui elles, avec courage, sont en première ligne. Au PG nous disons que puisque le gouvernement est d’apparence si sûr de sa réforme, il devrait consulter le peuple pour savoir si il dispose d’une réelle légitimité pour mettre en place un tel recul social.

D’où l’idée d’un référendum. Je rappelle que lorsque Nicolas Sarkozy avait été élu en 2007, il avait clairement affirmé durant sa campagne qu’il ne modifierait pas la retraite à 60 ans. Une fois élu, en avril 2008 sur RTL, il avait même réaffirmé qu’il ne toucherait pas à la retraite à 60 ans puisqu’il l’avait promis durant sa campagne électorale et « qu’il n’avait pas reçu de mandat pour cela ». On ne peut être plus clair. Il y a donc un problème de légitimité démocratique à telle réforme. Le peuple doit être consulté. C’est élémentaire. C’est fondamental. C’est pourquoi un référendum, précédé d’un authentique débat démocratique, pourrait être l’occasion de trancher un débat si important. Durant ce débat, nous expliquerions qu’une autre répartition des richesses est possible, qu’elle est même indispensable.

En près de 20 ans, ce sont 170 milliards d’euros du PIB chaque année qui vont vers le capital, alors qu’auparavant ils étaient répartis au travail. Depuis 2002, les exonérations des cotisations sociales des entreprises coûtent 30 milliards à l’Etat, sans avoir la moindre incidence sur l’emploi. Et l’on brise une grande avancée sociale, fruit de la victoire de la gauche en 1981, pour un déficit de 20,2 milliards. Mais l’argent existe, il faut la volonté politique pour aller le chercher. Donc, pour notre part, nous sommes à l’aise si un référendum était organisé. Le peuple est notre propre souverain. Rien de grand ne se fera sans lui. Si nous n’arrivons pas à la convaincre que l’on peut et l’on doit maintenir la retraite à 60 ans, alors c’est que nous ne sommes pas à la hauteur des enjeux de la période.


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