Front à gauche contre le racisme et pour les retraites

dimanche 12 septembre 2010.
 

Les deux grandes mobilisations de cette rentrée auront été pour l’ensemble de la gauche l’occasion de se retrouver sur des thématiques politiques favorables. L’occasion aussi de se saisir de son rôle d’opposition au gouvernement de plus en plus marqué à la droite de la droite. Avec deux dates à quelques jours d’intervalle, l’assaut est lancé contre M. Sarkozy et sa politique.

Il est des fois où la gauche parvient à jouer son rôle, celui d’impulser des dynamiques de grande mobilisation. La première grande manifestation de cette année scolaire visait les “dérives xénophobes et racistes” du gouvernement illustrées par une série de déclarations à droite dénonçant la responsabilité de l’étranger dans la crise sociale actuelle. Tout d’abord le discours de Grenoble souhaitait attirer l’attention sur le lien entre immigration et délinquance, et proposait ainsi le retrait de nationalité pour les naturalisés coupables d’une liste de crime restreinte dans un premier temps. Cette mesure prévoirait alors d’introduire, pour la première fois depuis 1944, une distinction juridique entre français d’origine étrangère et français “de souche”. Le discours fustigeait également la responsabilité des Roms, appelant au démantèlement des camps jugés illégaux. Le festival qui suivit vit tour à tour Frédéric Lefebvre pointer “le problème des étrangers” en France, ou Brice Hortefeux lancer des déchéances de nationalité à tout va…

Face à ce climat, ce sont une quarantaine d’associations, de partis politiques et de syndicats qui ont donc organisé cette manifestation anti-raciste de rentrée. Une manière de mettre un frein à cette droite décomplexée. Une mobilisation anti-raciste, pour les droits des sans-papiers et des roms, comme on en trouve régulièrement en France, signe d’une gauche réactive face à une droite pas moins dynamique. Mais la nouveauté résidait peut-être dans la grande diversité des associations appelant à cette mobilisation. Aux côtés du RESF ou des associations de Roms, on pouvait également retrouver le Droit au Logement (DAL), Act up, ou encore le Mouvement de la Paix. La présence de ce type d’organisations, qui ne sont pourtant pas directement concernées par cette escalade de la xénophobie, montre une certaine convergence des différentes luttes.

Une convergence peut-être justement provoquée par la politique raciste mise au jour depuis juin. L’ensemble des organisations de gauche avaient alors mis en cause la politique sociale du gouvernement, véritable objet d’inquiétude des français, que M. Sarkozy tentait de masquer par sa politique d’exclusion. Samedi, cette manœuvre semblait rattraper le président de la République et chacun rappelait ses véritables sujets de préoccupation. Du côté d’Acte Up, on exigeait une lutte contre le sida plutôt que contre les roms. Le DAL rappelait les moyens mis en œuvre pour l’expulsion des étrangers, des moyens qui pourraient être mis dans une politique du logement. Cette convergence de fait des colères ne pouvait donc qu’annoncer une gauche unie la veille de la bataille des retraites.

“Le temps est à la mobilisation, il y a moyen de faire reculer le gouvernement” déclarait lundi le porte-parole du PS Benoît Hamon à l’AFP . Un constat partagé par l’ensemble de la gauche. Quoique d’une manière légèrement discordante. M. Mélenchon (PG) revendique la mise en place d’un référendum, le PCF préfère vanter les mérites de la proposition de loi de ses parlementaires, tandis que le NPA appelle à faire échec au projet de réforme. Toujours est-il que tous revendiquent le maintien de l’unité d’action, une posture qui permet au NPA de panser son image sérieusement atteinte depuis les élections régionales. Mais l’unité reste fragile et à l’image de la mutation de la gauche. Le Parti Socialiste, s’il souhaite sincèrement ébranler le pouvoir sarkozyste, ne prendra pas le risque d’accompagner des revendications trop radicales. Au PS, on ne parle pas de “retrait” mais de “faire reculer le gouvernement”. Une notion très vague, et chacun à gauche est conscient de cette fragilité. Pierre Laurent (PCF) interrogeait d’ailleurs, lors de l’université d’été de son parti, sur les engagements socialistes. “Il faut que le PS s’engage à revenir sur la réforme des retraites s’il est élu en 2012″ lançait-il à l’adresse de Martine Aubry.


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