"NON au travail plus longtemps pour avoir moins de retraite" ( Bernard Thibault)

samedi 3 avril 2010.
 

Le secrétaire général de la CGT s’exprimait ce 25 mars devant le congrès de la fédération CGT des mines et de l’Energie à Montpellier. L’occasion de revenir sur la grande journée nationale de mobilisation unitaire interprofessionnelle du 23 mars et de tirer quelques leçons des élections régionales marquées par un record d’abstention et par une défiance à l’égard de la politique conduite par le chef de l’Etat et son gouvernement. Bernard Thibault également évoqué le remaniement gouvernemental dans la perspective de la réforme des retraites.

La crise

La crise économique partie fin 2008 des Etats-Unis frappe durement les salariés, en France comme dans toute l’Europe. Elle résulte d’années de pression sur les salaires, de longues périodes de récession sociale, de mise en cause des activités industrielles et des services publics. Elle provoque une montée du chômage et de la précarité, avec un impact particulièrement violent dans l’industrie. En sortir nécessite de rompre avec les politiques antisalariales et antisociales et particulièrement de desserrer l’étau de la finance sur l’industrie et les budgets publics. Cette sortie de crise, annoncée depuis septembre 2009 par le Président de la République et le gouvernement est un peu comme l’arlésienne. Certes, les marchés financiers sont redevenus euphoriques, les bénéfices des grands groupes se portent bien, les banques renflouées par les états affichent une santé insolente, les bonus sont de retour. Mais l’emploi a été sérieusement attaqué avec plus de 600 000 destructions d’emplois depuis avril 2008, notamment dans l’industrie.

Le chômage de longue durée se développe. L’emploi public est lui aussi attaqué à travers la politique de non remplacement d’un fonctionnaire sur deux, logique aussi à l’oeuvre dans les entreprises publiques, notamment dans les industries électrique et gazière et au CEA. Le pouvoir d’achat des salaires et des pensions se dégrade. La souffrance au travail est généralisée.

Les élections régionales

Il n’est donc pas totalement surprenant que le comportement des électeurs pour les élections régionales ait été représentatif du mécontentement des salariés vis-àvis de la politique économique et sociale à l’oeuvre depuis des années. C’est un désaveu clair des politiques poursuivies qui appellent un réel changement de cap, nous l’avons dit. Constater un tel niveau d’abstention à l’occasion d’échéances politiques, en particulier chez beaucoup de salariés, doit être un sujet de préoccupation pour tous. Les scores obtenus par le Front national à l’occasion de ces élections doivent nous conduire à redoubler d’efforts pour lutter contre l’exploitation des peurs et de l’insécurité sociale, pour agir contre le racisme et la xénophobie.

Remaniement

Lundi, comme vous avez pu le constater, la précarité professionnelle a gagné jusque dans les rangs ministériels. Symboliquement, le Ministre du Travail était remercié pour bons et loyaux services, ou plutôt pour mauvais résultat électoral.

Nous qui militons contre les discriminations sommes en droit de nous interroger sur les raisons de ce traitement de faveur dès lors que bien d’autres ministres n’ont pas atteint les objectifs électoraux qui leur étaient assignés. C’est donc Monsieur WOERTH, auparavant Ministre du Budget, qui lui succède avec un objectif suprême : la réforme des retraites ;

Réforme des retraites

Chacun l’a bien compris, la réforme des retraites devient LA réforme emblématique pour le Président de la République et sa majorité parlementaire, au point qu’on peut se demander si c’est bien l’avenir des retraites qui les préoccupent le plus ou le besoin d’une démonstration de volontarisme politique considérée comme payante en vue des élections présidentielles de 2012. Nous connaissons la philosophie qui inspire leur raisonnement, c’est celle du MEDEF : nous vivons plus longtemps, il faut donc travailler plus longtemps, il y a de moins en moins de cotisants et de plus en plus de retraités Il faudrait donc repousser l’âge légal de départ en retraite et augmenter la durée de cotisation exigée pour avoir droit à une retraite à taux plein. Et par conséquent condamner tout le monde, ceux du privé comme du public, à une baisse drastique du niveau des retraites.

Sachez qu’hier matin, le MEDEF a exigé du Conseil d’orientation des retraites qu’il étudie les scénarios d’un report de l’âge de la retraite à 65 et à 70 ans ! Et bien, pour la CGT, et je profite de votre Congrès pour le redire, c’est NON ! NON au travail plus longtemps pour avoir moins de retraite, NON à la double peine, chômage ou usure au travail et la fin du droit au départ à 60 ans avec une retraite à taux plein. Le choix d’un pays en matière de retraite est constitutif d’un choix de société.

La CGT mène campagne

La CGT a commencé, par une grande campagne, à porter ses revendications, ses arguments et vous y avez contribué. Il n’y a pas de fatalité aux sacrifices, aux reculs sociaux et nous allons continuer d’en faire la démonstration. Oui, il faut des mesures pour assurer la pérennité du système de retraite par répartition et améliorer le niveau des pensions sévèrement écornées par les réformes précédentes. C’est d’abord par l’emploi et un autre partage des richesses produites que passent les solutions. Hier, à l’issue du Conseil des Ministres, Nicolas Sarkozy s’est adressé au pays. Au-delà de quelques messages pour remotiver son camp, il a reconnu la grande sensibilité qui existait sur l’avenir des retraites. Il assure ne pas vouloir passer en force tout en promettant qu’avant 6 mois, les mesures justes et nécessaires seront adoptées. Quelque chose me dit que ça ne sera pas si simple. Nous allons faire face, Chers Camarades. La CGT, avec les fédérations, les unions départementales, va prendre les dispositions en conséquence et je demande à l’ensemble de nos organisations de se rendre disponibles et réactives pour faire face au défi qui nous est lancé et que nous devons relever tous ensemble.

Vers un grand 1er mai dans tout le pays

L’avenir des retraites était, avec l’emploi et les salaires, bien présent dans les 180 manifestations de mardi. Une belle journée ! Déjà parce que le soleil nous accompagnait mais surtout parce que nous avons comptabilisé 800 000 manifestants et de nombreux arrêts de travail dans le privé et dans le public. C’est le résultat du travail militant. Ce succès n’est certainement pas dû aux médias qui depuis mifévrier ont fait l’impasse puis se sont efforcés de relayer le message diviseur d’autres syndicats. Mardi, ils ont dû reconnaître que la mobilisation était bien là.

Nous allons poursuivre. On nous dit « pas de changement de cap, on maintient les réformes », sans jamais s’interroger sur leur contenu. Alors, maintenons notre cap nous aussi. La CGT fera de nouvelles propositions d’initiatives d’action unitaire pour avril et pour un grand 1er Mai dans tout le pays.


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