Contre le CPE, nous devons absolument gagner !

vendredi 24 mars 2006.
 

Dominique de Villepin de Galouzeau a toujours confessé sa passion pour Napoléon. S’identifiant à son maître, il terrasse le chicungunya à la baîonnette, sabre les poules de Bresse , privatise les autoroutes et GDF au pas de charge. Enfin, il impose à la hussarde (49.3), dans une même loi : le rétablissement de l’apprentissage à 14 ans ; le travail de nuit et le week-end dés 15 ans ; la possibilité de suppression des allocations familiales en cas d’absence à l’école ; le Contrat Première Embauche ( seul contrat en Europe permettant le licenciement sans motif).

Dominique de Villepin de Galouzeau se rêve une destinée aussi brillante que Napoléon et Thatcher réunis. Avec son portrait dans les mairies dés 2007. Il ne lui reste qu’une bataille à gagner, une petite bataille, celle du Contrat Pourri pour l’Eternité. Napoléon 1 avait besoin de chair à canon, Dominique Napoléon 4 le tout petit, de chair à patron inhumain. Aussi, il charge à l’arme blanche, nez au vent et cheveux en bataille, la piétaille précaire, la jeunesse anxieuse, les syndicats affaiblis, le mouvement social usé par plusieurs défaites précédentes.

Dominique de Villepin de Galouzeau bénéficie des trémolos de journalistes car « il joue sa carrière » comme si ne « jouaient » rien dans cette affaire les millions de jeunes qui veulent vivre leur vie, les 7 millions de précaires qui ne peuvent manger jusqu’à la fin du mois, les 2 millions d’enfants qui vivent dans des foyers disposant de moins de 700 euros par mois, la souffrance des salariés dont les conditions de travail n’ont cessé d’empirer...

Comment un Dominique de Villepin de Galouzeau a-t-il pu susurrer sur le 20h de TF1, d’un œil dragueur de riche bellâtre bronzé : « J’aimerais que nous puissions regarder ensemble la situation d’un jeune dont le contrat aurait pris fin au bout de six mois ; quelle serait sa situation ? ...Il a une indemnité de rupture de la moitié d’un mois de traitement ». Or, l’indemnité de licenciement d’un salarié en CPE n’est que de 8% du salaire brut.

Dominique de Villepin de Galouzeau n’a connu que la jet set depuis sa tendre enfance. Aussi, il n’a pu sentir la détermination de tous ceux qui ne veulent pas céder la dernière tranchée dans laquelle le libéralisme les a acculés. Il n’a jamais entendu le chant des survivants de la Commune : « Oui, mais ça branle dans le manche Les mauvais jours finiront Et gare à la revanche Quand tous les pauvres s’y mettront... A quand enfin, la république De la justice et du travail ».

Le gouvernement a choisi l’épreuve de force, la « bataille décisive », chère aux stratèges férus d’épopée napoléonienne. S’il gagne cette bataille, que la gauche ne croit pas l’emporter en 2007, que chaque syndicaliste replié dans sa « boîte » ne croit pas sortir indemne d’un tel choc. Quels sont les atouts de notre côté ? - un mouvement jeune massif, déterminé, assez uni du CAP à HEC, assez conscient du rôle central du CPE dans le projet de précarisation renforcée de la jeunesse pour faire baisser encore le prix du travail et accröître les profits rentiers. - l’unité syndicale - le soutien assez important des citoyens dont la conscience des enjeux paraît progresser en boule de neige comme au printemps 2005

Nous devons beaucoup au mouvement étudiant qui a choisi d’instinct la seule forme de grève qui pouvait être efficace aujourd’hui : l’organisation démocratique d’une grève avec occupation des locaux. Nous devons beaucoup aux lycéens, menacés par les administrations, épuisés par leur lutte longue et isolée de l’an dernier. Mais, cela sera-t-il suffisant ? C’est notre tour d’entrer en lutte à leurs côtés, comme nous le pouvons, là où nous sommes. Comment ? en faisant grandir la mobilisation salariée, par exemple parmi les enseignants ; en impulsant dans chaque département, dans chaque ville significative le collectif unitaire de la gauche Riposte (le nom importe peu) ; en montrant partout que nous sommes absolument déterminés à gagner.

Soutenins les prochaines journées d’action dans les facs et les lycées, participons à leurs mobilissations. Préparons une journée nationale ( avec grève) pour le 28 mars qui doit être la plus forte possible dans chaue recoin de France et de l’Aveyron.. Si le gouvernement ne cède pas, nous allons vers une grève générale de 24 heures. PRS 12 prendra toutes ses responsabilités, à son petit niveau. Comme des millions d’autres citoyens des milieux ouvriers et populaires. Dominique de Villepin de Galouzeau cèdera le premier.

Jacques Serieys

Ajoût : N’ayant pas disposé de suffisamment de place pour répondre au message de Stéfane dans le cadre du forum, j’ajoute ma contribution à la fin de l’article

1) Le terreau de la révolte est-il arrivé à maturité pour que la fronde actuelle contre le CPE soit le prémisse à une mobilisation générale contre les excés du libéralisme ?

Les principaux facteurs entrant en compte pour que les salariés se lancent dans une mobilisation générale me paraissent être : - la conscience des excés des profiteurs du système : cette conscience existe dans de larges couches comme nous le constatons dans nos relations personnelles, comme l’ont prouvé diverses enquêtes d’opinion, la campagne et le résultat contre le Traité constitutionnel européen. - l’unité syndicale : l’unité réalisée contre le CPE par toutes les organistions syndicales est un des points d’appui les plus forts actuellement. Il aut que cette unité se maintienne, au moins entre CGT, FO, CFDT, SUD, FSU, UNSA. Sinon, je crains que la défaite soit au bout du chemin, tellement l’unité pèse lourd dans la confiance qu’elle apporte aux travailleurs. - l’affaiblissement du pouvoir en place : il est en cours, à grande vitesse. - l’étincelle : le mouvement jeune joue parfaitement ce rôle depuis un mois et demi - l’union de la gauche réalisée, affichée et porteuse d’un débouché politique. En 1936 comme en 1968, cette union a pesé lourd dans l’entrée en lutte des gros bataillons ouvriers. En décembre, nous avions discuté sur la façon dont la synthèse socialiste allait être ressentie négativement dans les milieux politisés anti capitaliste, positivement dans les profondeurs du milieu ouvrier et populaire. Même débat sur la réunion unitaire convoquée par le PS pour le 8 février ; aujourd’hui, il ne fait aucun doute que cette réunion et ses conclusions ( en particulier la création d’un collectif national Riposte) ont pesé favorablement sur la combativité. Quelques collectifs départementaux se sont créés et ont manifesté derrière une banderolle commune dés le 7 mars. A Rennes, PS, PCF, PRG, Verts, LCR, UDB. A Lyon, même Lutte ouvrière a intégré le collectif. Dans le Calvados comme dans les Hautes Pyrénées, le collectif comprend aussi plusieurs syndicats. L’entrée de la LCR dans le collectif national aprés les collectifs locaux a élargi l’unité. En Aveyron, l’heure est à la mise en place de ce Collectif Riposte qui a manqué le 18 mars. - le sentiment qu’on peut gagner plus en se battant en restant tranquille : Pour le moment, cette confiance est faible car beaucoup de luttes ont échoué depuis 20 ans.

2) Existe-t-il une possibilité que les salariés du privé entrent en grève contre la précarisation aux côtés des jeunes ? Sous forme d’occupation des locaux ?

La possibilité d’une entrée en grève des salariés du privé existe. Nous avons tous été assez surpris de voir débarquer le 7 février (1ère grève lycéenne) sur la Place d’Armes de Rodez quelques entreprises du privé, ayant débrayé à l’appel de Force Ouvrière. Pour le 7 mars, FO et SUD appelaient à des arrêts de travail au niveau national et la CGT, souvent décisive lors des mobilisations, dans de grosses villes. La presse a relevé un nombre assez important de débrayages et cortèges. Tel est le cas par exemple au Havre, d’où viennent nos deux nouveaux camarades de Marcillac (Renault, Hispano, centrale thermique EDF, raffinerie Total, Esso Mobil...). Signalons Rennes avec un gros cortège CFDT de salariés du privé. Dans la région, des délégations des grosses boîtes de Tarbes ont défilé en rangs serrés... Le gouvernement aurait tort de sous-estimer la possibilité qu’une mobilisation générale gagne les entreprises du privé.

Mais nous n’en sommes pas encore là. Entre l’ambiance répressive, écrasante, individualiste, dubitative (sur l’intérêt des luttes collectives) qui se développe depuis 20 ans et une occupation massive des entreprises, il y a plusieurs barreaux d’échelle, le premier étant l’entrée en grève. Heureusement que chaque jour de grève générale vaut une génération dans la conscience. Parmi les cas de figure envisageables dans le contexte actuel, apparaît l’entrée en lutte dure (avec occupation des locaux) d’une entreprise (en situation de délocalisation par exemple). Dans un tel cas, un catalyseur du privé peut créer une situation nouvelle comme Sud Aviation en 1968.


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