Royal Peillon Faire de la politique autrement, disaient-ils !

samedi 28 novembre 2009.
 

Ségolène royal et Vincent Peillon proclamaient haut et fort, leur désir de « faire de la politique autrement » et de « rénover » le Parti Socialiste. C’était leur profession de foi, leur étendard.

C’est réussi !

La venue inopinée de Ségolène Royal au week-end de Dijon organisé par Vincent Peillon et le vaudeville qui s’en est suivi sont un concentré de ce qui est le plus détestable dans la vie politique de notre parti.

La volonté, tout d’abord, de Ségolène Royal de continuer à personnaliser au maximum la vie politique, l’œil uniquement rivé sur la présidentielle de 2012. Elle a, d’ailleurs, réussi à se faire applaudir par une bonne partie des militants présents à Dijon. Ils n’avaient toujours pas compris que l’enjeu de cette rencontre n’avait pas grand-chose à voir avec la question censée faire l’objet des travaux du week-end. Objet dont plus personne ne se souvient aujourd’hui. L’enjeu du week-end dijonnais était bien différent puisqu’il s’agissait de mettre Ségolène Royal hors jeu et d’introniser celui qui se voulait le nouveau leader du courant « L’espoir à gauche », Vincent Peillon.

Comment ont-ils pu, l’un comme l’autre, Ségolène comme Vincent, Vincent comme Ségolène, dénigrer à ce point les « courants » et ne pas hésiter à se battre publiquement comme des chiffonniers, en convoquant le ban et l’arrière-ban des médias, pour prendre la direction de l’un de ces courants ?

Comment ne pas voir que leur querelle est, avant tout, une querelle de personnes puisqu’ils partagent exactement le même programme d’adaptation au néolibéralisme, la même stratégie d’alliance avec une partie de la droite (le Modem) ?

« Ségolène Royal ne pourra pas faire gagner la gauche en 2012 », déclare Vincent Peillon. Certes, mais quel dommage qu’il n’ait pas eu la même clairvoyance en 2006 alors que le projet de Ségolène Royal, en faisant l’impasse sur l’augmentation du SMIC et des salaires, ouvrait un boulevard au « travailler plus pour gagner plus » de Nicolas Sarkozy et à la victoire de ce dernier.

Vincent Peillon refuse obstinément de se situer sur le terrain politique et s’enlise malheureusement dans la querelle de personnes. Ce qui, selon lui, « disqualifie » Ségolène Royal pour 2012, ce n’est bien sûr pas son projet politique puisqu’ils ont le même. Non, pour lui, ce qui « disqualifie » Ségolène Royal, c’est d’être venue à Dijon ce week-end pour jouer les chiens dan un jeu de quilles et déranger le jeu de cubes qu’il avait si consciencieusement ordonné.

Peut-on imaginer une vision plus étriquée, plus centrée sur sa propre chapelle, de la vie politique ? Le salariat, les électeurs de gauche, confrontés aux effets de plus en plus dévastateurs de la crise, se fichent éperdument de la rencontre de Dijon et de qui, à la tête de « l’espoir à gauche » sera calife à la place du calife ! Ce qu’ils attendent c’est des réponses à la politique de Sarkozy. Et ce n’est pas d’une alliance avec un parti de droite (le Modem) que viendra une réponse à la politique de la droite. Cette réponse ne peut venir que de l’unité de toute la gauche, du PS au NPA. Unité à laquelle Ségolène Royal et Vincent Peillon tournent délibérément le dos lui préférant la voie qu’ont suivi les partis socialiste, social-démocrate ou travailliste, d’Italie, d’Allemagne ou du Royaume-Uni, avec, au bout, les catastrophes électorales que l’on sait.

Emmanuel Valls et Jack Long, les sherpas essonnien et coréen de Sarkozy, à qui Ségolène Royal faisait un peu trop d’ombre à leur goût, se sont mis, eux-aussi, à crier « haro sur le baudet ». Mais là encore, il ne s’agit que de querelles de personnes car, sur le fond, ils partagent, comme Vincent Peillon, la même vision de la politique que Ségolène Royal.

Le plus consternant, dans tout cela, est que les médias profitent de cette bagarre dijonnaise de cour de récréation, pour décocher une nouvelle flèche au Parti Socialiste et déplorer « ses querelles internes ». Xavier Bertrand, complaisamment repris par ces mêmes médias affirme « Cela prouve une chose… c’est que le débat est impossible à gauche ». Comme si la gauche se réduisait à Ségolène Royal et à Vincent Peillon.

Jean-Jacques Chavigné


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