Honteuses prisons françaises

dimanche 22 octobre 2006.
 

Les résultats de la grande enquête lancée par l’Observatoire international des prisons, dans le cadre des états généraux de la condition pénitentiaire, ont été rendus publics le 20 octobre. Je ne peux que vous inciter à consulter les dossiers que leur consacrent France Inter et Libération.

L’enfermement reste la pierre angulaire de notre système pénal et les peines alternatives rencontrent très peu de succès auprès des magistrats. Parfois, même, on a la furieuse impression d’assister au retour de Jean Valjean à voir la condamnation à un mois de prison ferme prononcée par le tribunal de grande instance de Grenoble pour un vol de viennoiseries !

Pour autant, au pays des droits de l’homme, nos geôles sont au ban du Conseil de L’Europe et la honte de notre démocratie.

Le respect de la dignité humaine. Telle est la requête majoritaire ressortant des questionnaires remplis par les détenus qui, à 80 % revendiquent une cellule individuelle et plus d’intimité avec leurs familles.

Différentes commissions, dont celle présidée par Guy Canivet, n’ont cessé de déplorer les conditions d’emprisonnement, la misère des moyens de l’administration, l’arbitraire administratif et l’absence de recours dont devraient disposer les personnes enfermées. A chaque fois, leurs constats sont restés lettres mortes.

Comme l’a fait, ce matin, Pascal Clément au micro de Nicolas Demorand, on ne cesse d’opposer l’intérêt, légitime, des victimes au sort, superfétatoire, des délinquants incarcérés. A croire que toute amélioration de la vie carcérale de ceux-ci nuirait à ceux-là. C’est oublier que toute personne quelle qu’elle soit, et quoi qu’elle est fait, reste un sujet de droit et un citoyen. Il faut, encore, rappeler que les juridictions répressives ne constituent pas l’instrument d’une vengeance partisane et que le procès ne saurait être l’otage d’une seule des parties si meurtrie soit-elle par le crime ou le délit.

La campagne présidentielle qui s’annonce est l’occasion inespérée d’interpeller les candidats de tout bord sur leurs intentions quant à la politique qu’ils entendent mener en matière de délinquance.

Mais à entendre les propos démagogiques de Nicolas Sarkozy sur la criminalisation des agressions de policiers, et l’introduction d’un jury populaire au sein des tribunaux correctionnels, il est à craindre que nous assistions, encore une fois, à une surenchère sécuritaire.

Je me souviens des discutions que j’avais eues avec Michel Foucault, il y a une trentaine d’années, dans le cadre du Groupement d’information sur les prisons. Force est de reconnaître que ces dernièrs temps nous avons connu une forte régression. Surveiller et punir reste, hélas, d’une cruelle actualité.

Il y a plus de deux siècles l’incarcération faisait son entrée dans notre code pénal. Depuis, nous constatons, qu’en matière de récidive, la prison reste toujours la plus grande école criminelle et la plus formidable machine à exclusion. Je me demande souvent si ce n’est pas là le but recherché.

Presque tous les plaisirs du pauvre sont punis de prison rappelait Céline.


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