Retour de flamme

mercredi 9 avril 2008.
 

Ça fait un moment qu’ici on se demandait si on allait se fendre d’un avis définitif et ultra important sur l’affaire des Jeux Olympiques. Et là, depuis deux jours, tout le monde y va de son commentaire, personne ne se tait, personne n’a pas d’opinion, personne à part nous. On sait ce que nous racontent la télé, les journaux. On a écouté sérieusement le patron (Jean-Luc Mélenchon ! va pas être content que je l’appelle comme ça !) l’autre jour sur France Culture. On a essayé de démêler le vrai du faux, l’humanitaire du bourrage de crâne, le sport universel du commerce international, les affaires du sentimental. Bref, on a fait tout plein d’efforts pour avoir l’air pas trop neuneu si on doit dire ce qu’on en pense. Ce n’est pas encore bien clair dans nos têtes, ni dans nos cœurs, tout ça. En tout cas, aujourd’hui, elle est passée par Paris, la torche olympique.

Quand tu es au boulot, tu ne peux pas suivre l’événement en direct, alors tu te précipites sur ta télé en rentrant. Y aurait eu comme qui dirait du swing, sur le parcours ? On s’en doutait un peu, c’était prévu, même. Savoir maintenant si tout ce déploiement de caméras et de micros c’était pour la flamme ou pour les opposants à la flamme... C’est gênant toute cette affaire, non ? Les valeurs du sport, la belle amitié entre les peuples autour de la cendrée, les efforts consentis seulement pour la beauté du geste, en voilà des idées qu’elles sont belles. Mais autour, si on y regarde d’un peu près, on voit quoi ? Bon, on a vu beaucoup de flics dans les rues, c’est une autre histoire. Mais on voit surtout du fric. De la grosse et sonnante devise. Plus haut, plus vite, plus fort, certes, mais surtout plus haut les profits, plus vite les encaissements de droits télévisés, plus fort les zéros sur les chèques. Soudain, depuis quinze jours, on fait semblant de découvrir que la Chine n’est peut-être pas le paradis des libertés, que peut-être, va savoir, ce n’était pas très bien de leur "donner les Jeux", que les tibétains voudraient bien un peu plus de largeur dans les coudées, qu’on ne peut pas refuser à ceux-ci ce qu’on réclame pour ceux-là, une terre, un pays à eux. On sait.

Mais il paraît qu’il faudrait prendre des décisions irrévocables. Que les sportifs renoncent à aller à Pékin. Difficile, on nous dit que ça fait 4 ans qu’ils ne vivent que pour ça. Les sportifs, ils veulent y aller, eux, à Pékin. Une idée ? Celle d’Henri Tachan, celle de sa chanson « les Jeux Olympiques », que voici que voilà, juste là en dessous. On y va, on court, on nage, on saute, mais on balance tous les drapeaux. C’est ça qui serait une belle manif, non ? Un mot, juste encore un mot : vous en avez entendu beaucoup des « officiels » qui ont soulevé les vrais problèmes ? Les vrais problèmes, en sport, lesquels donc, dîtes-vous, il y a des problèmes en sport ? Fric, dopage, salaires de folie ? Qui en a parlé ? Le seul que j’ai entendu sur ce thème s’appelle Alain Calmat, un sportif « à l’ancienne » avec de vrais morceaux d’éthique dedans. C’est bien simple, il gagnait déjà des médailles du temps de Trentin et Morellon, vous savez bien, ces cyclistes d’un autre âge, du genre à prendre sur leurs congés payés pour s’entraîner. Mais si, ça a existé des sportifs comme ça, je vous promets.

En attendant, la chanson promise, les Jeux Olympiques, elle s’appelle. Il y a aussi d’autres couplets, sur la guerre, les commémorations qui se bousculent, les conquêtes en tous genres.

Ce s’rait chouette les Jeux Olympiques,

Tous ces athlètes dans la foulée,

Pour un marathon fantastique

A la seule force du mollet.

Ce s’rait chouette les Jeux Olympiques,

L’émulation sur la cendrée,

Ce s’rait chouette les Jeux Olympiques

Si, nom de Dieu, il n’y avait

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Leurs p’tits drapeaux

Leurs p’tits fanions

Couleur kaki

Caca d’oie des frontières

Leurs p’tits drapeaux

Paroles : Henri Tachan. Musique : Henri Tachan, Jean Lesage


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