Petites nouvelles : Deux ou trois choses qui me font bondir !

samedi 1er mai 2010.
 

Nous voilà les deux pieds dans la série « j’suis de mauvaise humeur ». On ne sait pas bien si c’est la douceur du temps, le retour des hirondelles ou quoi, mais ma parole, ça les enrage, de voir un si joli printemps, et ils s’y mettent tous à nous fabriquer des raisons de fâcherie.

Déjà, il y a ceux qui meurent. Deux pointures en quelques jours. Ces deux-là auraient dû se rencontrer, ils auraient eu des trucs à se dire, c’est certain ! Kaczyński à l’Est, Samaranch au Sud, et voilà l’Europe orpheline. Le premier parti, pas un bien formidable démocrate, ni un féministe échevelé, encore moins un laïque convaincu. Tout pour nous plaire, mes camarades. Quant au second, dont il nous a été dit le plus grand bien ici et là depuis quelques jours, un bref retour sur sa carrière tient lieu d’oraison funèbre. Phalangiste, ministre des Sports sous Franco, déjà, rien que ça, ça te pose le bonhomme. Et surtout, depuis qu’il présidait aux destinées de l’Olympisme, le gagnant toutes catégories confondues c’était bel et bien le pognon, toujours le pognon, encore le pognon. Sponsors, sportifs hommes-sandwiches (… et femmes aussi, vous vous souvenez de Marie-José Pérec sautillant sur place après une victoire, pour que nul n’ignore le nom des généreux donateurs qui lui finançaient sa si belle breloque ? Pathétique !), le tout assaisonné d’une pointe de dopage et d’un chouïa de droits télévisés. Ah le bel esprit de compétition que voilà ! Pour le fric, que n’est-on pas prêt à sacrifier ? Je ne sais pas vous, mais je me souviens de Trentin et Morelon, en 68 à Mexico, peut-être bien. C’était bien… C’était bien avant Samaranch.

Au beau milieu de tout ça s’est pointé le trop fameux classement des lycées français. Celui-là même qui permet aux jeunes gens de frimer dans les dîners en ville, si tant est que ça se porte toujours, les dîners en ville ! Ça se rengorge dans les cours de récré, et vas-y que je suis dans LE meilleur de ma ville, et pas toi, et que, comme par hasard, dis donc, c’est le privé qui décroche la timbale… Tu m’étonnes, la vitesse à laquelle on a liquidé les profs, c’est encore bien heureux qu’il y ait deux ou trois reçus au bac dans certains coins. C’est le public qui est privé. Privé de moyens, oui… On a vu ça défiler à tous les journaux télé, l’esprit de compète poussé à son degré le plus ahurissant. Ils devraient demander à Jacquard ce qu’il en pense, de leur classement. Il y en a qui seraient étonnés, sûr !

Et puis, partant pour les courses, à Strasbourg, je suis tombée sur les gars de chez Surcouf, pas le marin, le surcouf.jpg marchand d’ordinateurs. Pourquoi ce monsieur Mulliez, comme on le nomme, a choisi de donner à ses boutiques un nom qui fleure si bon les embruns et la course au large, on ne saura sûrement jamais. Mais en attendant, les types qui bossent pour lui, je vous garantis qu’ils ne se partagent pas les bénéfices, comme au temps de la piraterie. On leur a proposé de nouveaux contrats de travail, avec comme cadeau rien de moins que des pertes de salaire de 20 à 30 %. Une paille ! À votre avis, les employés, ils ont fait quoi ? Ce que nous aurions tous fait : ils ont dit non ! Et ils ont aussi prouvé que dans 5 magasins Surcouf en France (et à Strasbourg, donc…) lorsqu’il y a une grève, ça se remarque ! 179 personnes dans la charrette, rien que ça. 179 emplois de moins, alors que dans le même temps, on rebâtit le siège social, pour une petite facture de 8 millions d’euros. Ah ben oui, chez ces gens-là, monsieur, quand on répare la bicoque, on ne lésine pas sur les moyens ! Pour être brève, y aurait comme du roulis chez Surcouf !

Derniers dégâts dus au volcan. Du lourd. Ça se passe chez Denisot, au Grand Journal de Canal. Grand Journal qui, entre vous et moi, a perdu cette insolence qui nous le faisait tant aimer. On a droit comme dans toutes ces émissions formatées aux stéréotypes obligés : la nunuche, le bôgosse, les nanas qui sont spécialisées dans un ou deux trucs, l’arabe (là il y en deux, gaffe à Hortefeux !), le ronchon, c’est Aphatie qui s’y colle, tout ce beau monde remue la soupe dans le bon sens, pas un mot qui dépasse, ou alors, c’est tellement préparé qu’on l’entend venir dès le générique, jusqu’à Omar et Fred qui ne se renouvellent plus vraiment.

Reste le petit Barthès qui a conservé un tantinet d’esprit caustique. Et c’est tant mieux. Bon, l’autre jour, ils reçoivent le délégué de Sud-rails. Syndicaliste pur jus, pas encore délavé par les négociations de compromission. Il essaie d’expliquer pourquoi la grève et tout ça. Et la nunuche de service, Ariane Massenet – vous croyez qu’elle est vraiment journaliste, celle-ci ? Pas possible… - lui sert tout chaud, comme un cadeau LA question à 10000 euros : pourquoi vous n’avez pas arrêté votre mouvement devant la détresse des pauvres naufragés du volcan islandais ? On a senti le gars interloqué. Et puis voilà. Il lui a fait gentiment comprendre qu’on ne parlait pas de la même chose. Que ces retards dans les aéroports, ça ne touchait en gros que des vacanciers, et qui de plus, avaient eu les moyens de se les offrir les vacances au soleil. Que la grève à la SNCF, pardon, mais c’est juste un peu plus grave, emplois qui partent en sucette, privatisation et le toutim. Après ça, ils lui ont demandé pour qui il allait voter en 2012. Il te les a envoyés paître, rappelant que ce n’était pas le sujet, et que c’était pour parler de la grève qu’on l’avait invité. Un véritable bonheur ce garçon ! Mais que de salive et d’énergie dépensées pour trois valises en retard ! Pendant ce temps-là, vous avez vu, on ne nous parle plus d’Haïti, où, soit dit en passant, des dizaines de milliers de personnes continuent à dormir dehors, et pour longtemps. Mais les contrariétés des touristes en carafe, alors ça, c’est intéressant… Saleté de volcan ! Saleté de télé…

brigitte blang PG 57

PS, et qui n’a rien à voir : une vraie bonne nouvelle, tout de même : ça y est, on va réhabiliter le Louxor, à Barbès ! Pour mille cinés qui ferment, on en répare un. Cherchez l’erreur ! Mais ça en fera toujours un de sauvé.


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