Venezuela Le OUI défendu par Chavez a perdu de peu avec 49,29%

lundi 3 décembre 2007.
 

Le Oui a perdu. D’un rien. La Présidente du Conseil National Electoral vient d’annoncer officiellement la tendance « irréversible » du résultat du referendum, alors que tous les bulletins « manuels » ne sont toujours pas dépouillés. Le Non l’emporte sur les deux « blocs » de réformes : avec 50,70% contre 49,29% sur le bloc A des propositions présidentielles, avec 51,05% contre 48,94% sur le bloc B des propositions de la commission mixte.

En tant que membre de la mission internationale d’observation, je ne peux que conclure avant tout à la maturité désormais incontestable de la démocratie à l’œuvre dans le régime au pouvoir dans ce pays. Toute la soirée a été tendue. Nous étions rassemblés dans la salle de presse de la CNE et nous avons tous suivi heure après heure l’évolution de la tendance qui donnait le Oui gagnant en début de soirée, puis qui s’est finalement inversée.

Nous avions eu un premier indice en écoutant vers 22h00 la déclaration du dirigeant du Comando Zamora (le comité de campagne du Oui pro-Chavez) qui annonçait que quel que soit l’issue du vote, son camp reconnaîtrait et respecterait le résultat, appelant la population au calme.

L’intervention de la Présidente de la CNE pronocé il y a moins d’une heure a été un modèle de responsabilité politique. Elle a annoncé les résultats en multipliant les appels à la responsabilité du peuple vénézuélien, quel que soit son opinion, pour le Oui ou pour le Non, pour maintenir l’unité de la nation et respecter l’expression démocratique du peuple.

J’ignore si demain la presse commerciale se déchainera pour amplifier son dénigrement du pouvoir politique en place dans ce pays, poursuivant la caricature totalitaire qu’elle veut à tout prix voir dans la Présidence de Chavez depuis des années... mais paradoxalement, cette défaite politique de Chavez et sa capacité à l’assumer forment une extraordinaire démonstration de son véritable caractère démocratique.

Quittant ma casquette et mon uniforme gris de ma fonction d’observateur impartial, j’exprime en quelques mots mon point de vue de militant.

C’est une dure défaite que la gauche vient de subir dignement. Au moment où j’écris rageusement ces lignes Chavez est en train de dire à la télévision que cette défaite électorale ne signifie pas pour lui l’abandon pur et simple de son projet pour la transition socialiste qu’il souhaite à son pays. Il a raison, évidemment, la bataille continuera demain avec les même armes démocratiques qui font aujourd’hui perdre la gauche bolivarienne du Venezuela. Ainsi va le combat politique, en démocratie, qui est une perpétuelle lutte pour convaincre le plus grand nombre et faire des majorités... tellement fragiles, ces majorités.

Chavez vient de poser la seule question qui vaille d’être posée : comment se fait-il qu’un an à peine après son élection, la droite l’emporte contre le projet constitutionnel qui était pourtant inscrit dans son programme de campagne présidentielle ? Il vient de démontrer qu’avec un peu plus de 4 millions de voix, le Non l’emporte sur le Non, sans progresser par rapport au vote de 2006, alors que le Oui perd parce que près de 3 millions de voix acquises l’an dernier sur le nom de Chavez font défaut au Oui ce soir... C’est effectivement cela que nos camarades vont devoir méditer, et le Président de la République a eu le courage de l’expliquer en direct à la télévision.

Il s’agit d’un défis tant politique que démocratique que la gauche vénézuélienne doit désormais relever. Je vais tâcher d’ici mardi après midi (avant mon départ vers Paris) de multiplier les contacts avec les camarades pour savoir comment ils envisagent de s’y prendre.

Pour moi, ma mission d’observateur du processus démocratique s’achève dans quelques heures, avec le dernier bilan de la commission électorale. C’est un autre travail militant qui commence.

Vive la solide République du Venezuela !


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