24 janvier 2023 : Six policiers sadiques torturent deux hommes noirs par racisme

vendredi 11 août 2023.
 

Les faits s’étaient déroulés à Braxton alors que les six policiers s’étaient introduits dans le domicile des victimes sans mandat de perquisition en prétextant un faux trafic de drogue.

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Les accusations sont graves et les faits reprochés sordides. Michael Jenkins et Eddie Parker, deux habitants de la commune de Braxton, dans le Mississippi aux États-Unis, ont subi les pires sévices en janvier dernier lorsque six agents de police se sont présentés à leur domicile, sont entrés de force sans disposer de mandat de perquisition et les ont menottés pour ensuite leur infliger des actes de torture et d’humiliation durant la nuit. Les victimes, deux amis afro-américains dont l’un des deux rendait visite à l’autre ce jour-là, ont porté plainte pour « séance de torture sadique ».

Jeudi 3 août, après six mois d’enquête, les policiers concernés ont plaidé coupable alors qu’ils étaient poursuivis pour 13 chefs d’accusation, notamment « complot en matière de droits civils », « privation de droits sous couvert de la loi » et « entrave à la justice », pour des peines pouvant aller de 10 à 20 ans d’emprisonnement.

Deux d’entre eux sont accusés d’avoir déchargé une arme à feu lors « d’un crime violent », risquant la prison à perpétuité. Une enquête à la fois fédérale et étatique avait été ouverte, démontrant l’ampleur de cette affaire venue rappeler les violences racistes et policières à l’encontre des Noirs aux États-Unis. Les officiers sont également poursuivis par l’État du Mississippi.

Le jour des faits, six agents – âgés de 27 à 52 ans – pénètrent sans autorisation dans la maison d’Eddie Parker, qui se trouvait alors en compagnie de Michael Jenkins. Les policiers prennent soin de débrancher leur caméra corporelle avant d’entrer. La suite marque le début d’un véritable supplice sur fond d’insultes racistes.

Séquelles et traumatisme Les deux victimes menottées, les policiers les électrocutent à plusieurs reprises à l’aide de leur taser, puis les brutalisent. Ils leur jettent également des œufs, leur aspergent du lait et de l’alcool sur le visage, les agressent physiquement avec une épée et un morceau de bois, puis sexuellement avec un sex-toy.

Les policiers simulent aussi un acte d’exécution en introduisant une arme dans la bouche de l’une des victimes. Un policier tire une première fois, après avoir déchargé l’arme, pour l’effrayer, brisant au passage sa mâchoire. La deuxième fois, la balle part et transperce le cou de la victime. Celle-ci est blessée de façon permanente au visage. Des « actes de violence traumatisants et horribles », ont résumé les procureurs fédéraux.

« Dans cette affaire, les accusés ont torturé et infligé des dommages indescriptibles à leurs victimes, a déclaré le procureur général Merrick Garland dans un communiqué. Ils ont violé de manière flagrante les droits civils des citoyens qu’ils étaient censés protéger et ont honteusement trahi le serment qu’ils ont prêté en tant qu’agents des forces de l’ordre. »

Au Washington Post, la mère de Michael Jenkins a confié les difficultés traversées par son fils après les sévices subis le 24 janvier dernier, décrivant un jeune homme autrefois extraverti, aujourd’hui devenu stressé, qui ne dort plus la nuit, souffre de lésions nerveuses permanentes et d’un engourdissement d’une partie de son visage.

« Je n’ai jamais vu un tel conglomérat de violations, de crimes et de délits commis en une seule fois », a affirmé son avocat, Malik Shabazz le 15 juin, peu après que les victimes se sont constituées partie civile, réclamant 400 millions de dollars de dommages et intérêts. « Les plaidoyers de culpabilité sont historiques dans la lutte pour la justice et contre la brutalité policière dans le comté de Rankin, l’État du Mississippi et partout en Amérique », a ajouté Me Shabazz.

Impliqués également dans une autre affaire Deux des anciens policiers incriminés se sont exprimés cette semaine par le biais de leur avocat : l’un d’eux a déclaré, dans un courriel, admettre s’être « trompé pour sa part dans les horribles dommages infligés », ajoutant qu’il assumait la responsabilité de ces actes répréhensibles. Un autre a expliqué « comprendre la gravité de [ses] propres actions et inactions ». L’équipe se surnommait elle-même « The Goon Squad », ou « la Brigade des casseurs » (qui peut aussi se traduire par « milice »), connue pour sa brutalité.

Ces derniers n’ont pas seulement commis ces violences physiques et sexuelles, mais ont aussi tenté de les dissimuler, via un faux procès-verbal, en accusant Michael Jenkins de possession de drogue, tout en produisant des « preuves » et en détruisant des images de surveillance ainsi que la douille utilisée, selon les procureurs fédéraux. Ils ont aussi tenté de brûler les vêtements des victimes, puis ont placé de la méthamphétamine sur les lieux pour inventer un prétexte à leur intervention.

Selon les informations contenues dans le réquisitoire, les policiers avaient agi en réponse à une plainte déposée par un voisin blanc des deux victimes pour « comportement suspect ». Un document judiciaire révèle que l’équipe s’est ensuite constituée pour aller cibler des zones où la concentration de résidents noirs était la plus élevée.

L’affaire a contraint le shérif du comté de Rankin, Bryan Bailey, à réagir jeudi. « Cet incident et les crimes de ces individus ont été dévastateurs non seulement pour les victimes mais aussi pour le bureau du shérif et les centaines d’hommes et de femmes qui travaillent ici », a-t-il regretté.

Les officiers ont « cherché à déshumaniser leurs victimes et à faire passer le message que ces deux hommes noirs n’étaient pas les bienvenus de leur côté de la rivière », a estimé jeudi Kristen Clarke, procureure générale adjointe de la division des droits civils du ministère de la justice.

Trois agents de cette même brigade ont par ailleurs plaidé coupable pour des crimes supplémentaires dans une autre affaire, datant de décembre 2022, dans laquelle l’un d’eux a brutalisé un homme blanc et lui a extirpé des aveux en ouvrant le feu avec son arme de service, devant ses coéquipiers qui n’ont pas réagi.

Nejma Brahim


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