États-Unis : le racisme d’hier et d’aujourd’hui

vendredi 24 avril 2020.
 

Depuis la diffusion des images horribles du meurtre de George Floyd par un policier blanc, le 25 mai à Minneapolis, le combat contre le racisme et les violences policières a pris de l’ampleur aux États-Unis.

Partout dans le pays, des manifestations d’indignation et de colère ont lieu. Les dernières en date sont celles du 19 juin, date commémorant l’émancipation des esclaves du Texas à la fin de la guerre de Sécession, deux mois après la reddition du Sud en 1865. On a vu par exemple le syndicat des dockers de la côte Ouest appeler à la grève ce jour-là et se mêler à la manifestation antiraciste d’Oakland, en Californie.

Les trois cents ans d’esclavage, jusqu’en 1865, ont été suivis d’un siècle de ségrégation officielle, jusque dans les années 1960. Les cinquante années suivantes ont été celles d’un capitalisme générant des inégalités sociales à tout-va. La pauvreté, le chômage, les mauvaises conditions de logement, la faible espérance de vie et bien d’autres fléaux continuent aujourd’hui à frapper la majorité des Noirs, qui sont aussi des prolétaires. L’État, avec sa police qui tue de pauvres gens désarmés et sa justice qui en emprisonne par millions, les traite sans pitié et cela a de quoi révolter.

Une des formes que prend le mouvement actuel est de s’en prendre à des figures historiques qui ont contribué à façonner cette société où le racisme est présent au quotidien. Nombre de leurs statues sont vandalisées, voire déboulonnées. Et en effet elles rendent hommage à des défenseurs de l’esclavage, et ont été mises en place bien après la défaite du Sud esclavagiste lors de la guerre de Sécession. Ainsi le parc de loisirs de Stone Mountain en Géorgie abrite une roche monumentale où ont été sculptées, entre 1912 et 1970, les figures en relief du président de la Confédération esclavagiste et sécessionniste du Sud, Davis, et de ses généraux Lee et Jackson. Les références symboliques ne manquent pas, comme sur le drapeau actuel de l’État du Mississippi, où figure depuis 1894 l’étendard de bataille des armées du Sud.

Les autorités qui ont érigé ces monuments à la gloire des esclavagistes du passé voulaient signifier à la population noire que, si elle était formellement libre, il lui était interdit de vivre librement et de tenter de s’élever dans la société. Ces monuments étaient une des faces de la politique de la bourgeoisie américaine, alliée avec ce qu’il restait des propriétaires terriens esclavagistes, visant à continuer à diviser les classes populaires selon des lignes raciales. Il s’agissait de faire croire aux travailleurs blancs qu’ils pouvaient réagir à l’exploitation féroce que les capitalistes leur imposaient, non en la combattant, mais en se vengeant sur plus misérables qu’eux : les Noirs.

Ces statues sont évidemment des symboles. Mais le combat contre l’oppression des Noirs est réel. Déboulonner des statues aujourd’hui n’est pas que s’en prendre au passé, cela fait partie d’un véritable combat contre les injustices actuelles et contre l’État américain, qui a toujours maintenu violemment la ségrégation raciale.

Ce n’est pas que du passé non plus pour la minorité de racistes actifs qui se bat contre tout changement. En 2017, une manifestante voulant abattre la statue du général Lee avait été tuée à Charlottesville, en Virginie, par un raciste fonçant en voiture sur la foule. Marx écrivait que « le capital est venu au monde suant le sang et la boue par tous les pores ». Parmi tous les crimes du capitalisme américain, le racisme n’est pas le moindre. La lutte pour le combattre est d’actualité.

Lucien DÉTROIT


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