28 août 1955 USA : Assassinat d’Emmett Till dans le monde libre des assassins libres

jeudi 14 mars 2024.
 

Le 21 août 1955, Emmett Till, jeune afro-américain habitant Chicago, arrive à Money dans le Mississippi pour passer quelques jours chez son grand oncle.

Le 24 août en fin d’après-midi, il entre avec d’autres adolescents dans le magasin du couple Bryant. Chahuté par des Blancs, Emmett sort d’après le témoignage de tous ces jeunes.

Le 28 août vers 2h30 de la nuit, Roy Bryant et son demi-frère, J.W. Milam, enlèvent Emmett Till dans la maison de son oncle, le transportent dans une plantation, puis le frappent de façon ignoble (yeux arrachés, peau marquée par de très nombreux coups violents, un ou plusieurs tirs de pistolet, un ventilateur de machine à trier le coton attaché autour du cou avec du fil barbelé). Un témoin entend les cris perçants d’Emmett Till pendant des heures. Enfin, les deux assassins jettent Emmett encore vivant dans la rivière Tallahatchie.

Vu le nombre de cas de ce type (enlèvement puis disparition d’un noir) dans le Mississippi, deux membres de l’Association pour la promotion des gens de couleur font un travail d’enquête parmi les récolteuses de coton. Leur compte-rendu dépasse l’entendement pour un pays qui se prétend le défenseur du monde libre. Dans ce seul Etat du Mississippi « plus de 2 000 familles » avaient été lynchées et assassinées puis leurs corps jetés dans les marais et les cours d’eau.

Un évènement inattendu donne alors un écho au cas Emmett. Lors de l’arrivée du corps à Chicago pour l’enterrement, la compagnie de pompes funèbres refuse d’ouvrir le cercueil qui a été particulièrement bien fermé. La mère veut absolument voir son enfant. Finalement, la bière est ouverte. Le corps est tellement mutilé que le cercueil reste ouvert durant toutes les obsèques pour que chaque présent puisse constater la réalité. Des photos sont prises et circulent dans le pays.

Durant l’enquête, les deux meurtriers assument avoir enlevé Emmett mais affirment n’avoir aucune responsabilité dans son décès. Ils jurent au shérif qu’ils l’ont libéré après avoir appris que ce n’était pas lui qui avait importuné Mme Bryant. Le shérif du Mississippi Clarence Strider, qui dirige et mène en grande partie l’enquête, fait tout pour éviter de trouver un coupable. Il deviendra le symbole de l’attitude raciste sudiste.

Le procès commence le 19 septembre 1955 devant un jury de 12 hommes blancs. Cinq jours plus tard, ce jury se réunit pour délibérer. Sa décision d’acquitter les meurtriers est logique dans ce monde libre étatsunien totalement étranger à l’idée des droits de l’homme. Pour laisser passer une heure, ils boivent en discutant d’autre chose.

Aussitôt le procès terminé, les assassins reconnaissent le crime odieux qu’ils ont commis. Ils acceptent même d’être payés par le magazine Look pour contribuer à un article sur ce sujet. Il est vrai qu’ils ne craignent plus rien grâce à la Double jeopardy law, loi américaine qui empêche un accusé d’être jugé deux fois pour le même crime.

En 1996, un petit travail d’information pour réaliser un film sur Emmett Till permet d’apprendre que quatorze individus auraient été impliqués dans le meurtre.

En 2004, le Ministère de la Justice des États-Unis ouvre à nouveau le dossier, fait effectuer enfin une autopsie avec vérification ADN (prouvant que le corps noyé est bien celui d’Emmett), mais sans budget pour découvrir la vérité dans le Mississipi.

CONCLUSION

Dans les années 1960, plusieurs meurtres comme cette "affaire Emmett Till" amenèrent à la création du Mouvement pour les Droits Civiques (Civil Rights Movement) aux USA. Au niveau international, la mobilisation internationale de la jeunesse progressiste maintenait la mémoire de telles infamies.

En 2011 comme alors :

NON, le racisme ne passera pas

Jacques Serieys


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