Moi, anti-libéral... Evidemment (Jacques Serieys 13 mai 2006)

dimanche 14 mai 2023.
 

- A) Sur la nature du prétendu libéralisme

- B) L’identité antilibérale

- C) Libéralisme et néo-libéralisme

- D) Unitaire antilibéral... Oui mais vraiment unitaire

- E) Charte pour une alternative au libéralisme (introduction)

A) Prétendu libéralisme : trois remarques préliminaires

- Se réclamer de l’antilibéralisme peut apparaître comme menaçant les "libertés", la démocratie ou même la république pour un citoyen lambda qui écoute une télé ou lit un journal parmi les médias du système où officient de nombreux "journalistes" qui jouent au service idéologique du système capitaliste le même rôle qu’au Moyen Age, la grande majorité des prêtres, des muezzin et des bonzes.

- Avant de commencer et pour éviter tout faux-débat, j’ai toujours défendu "la démocratie jusqu’au bout", c’est à dire particulièrement les droits individuels et collectifs, la plus forte implication possible des citoyens dans les collectivités publiques, de la commune à la nation, la meilleure protection possible des citoyens par un ensemble de droits individuels et collectifs.

Le "libéralisme" ne défend pas cette liberté et cette démocratie là, ce qui lui importe c’est seulement la liberté économique des propriétaires de biens, d’entreprises et de capitaux, y compris totalement à l’encontre de la démocratie et des droits individuels, à l’encontre du rôle de l’Etat.

L’alliance évidente des libéraux et du fascisme dans les années 1920 et 1930 l’a, par exemple, déjà largement prouvé.

L’esclavagisme, le colonialisme puis le néocolonialisme sont allés de pair avec le "libéralisme".

Le libéralisme a également imposé sa logique économique par des guerres perpétuelles, à l’exemple de son pays phare, les Etats-Unis.

Etant très attaché à la démocratie, aux droits individuels et collectifs, à l’intérêt général, au rôle du politique, je ne peux donc être "libéral".

B) L’identité antilibérale

Un « Appel POUR UN RASSEMBLEMENT ANTILIBERAL DE GAUCHE ET DES CANDIDATURES COMMUNES : IL Y A URGENCE ! » vient d’être lancé.

David Gipoulou, Charlotte Girard et René Revol, dirigeants connus de PRS, ont signé cet appel au rassemblement des forces antilibérales et des candidatures communes

Le Conseil national de notre mouvement Pour la République Sociale a voté une résolution dans le même sens. 12 ET 13 MAI 2007 (résolution du CN DE PRS) "La nécessité d’une force politique nouvelle"

En Aveyron, plusieurs adhérents de notre groupe Pour la république Sociale participent aux Comités qui commencent à se mettre en place, en particulier parmi les membres de notre bureau départemental.

Notre site n’ayant, par ailleurs, aucun autre objectif que de stopper le rouleau compresseur capitaliste qui détruit nos services publics, notre environnement, notre droit du travail et construire une gauche apte à faire vivre une alternative de progrès, nous mettons en ligne avec plaisir cet Appel pour que nos lecteurs puissent en prendre connaissance.

Des critiques ont été portées à l’appellation "Antilibéral" parce que cela serait trop réducteur, sinon trop réformiste, notre combat étant en fait anticapitaliste. Ce reproche n’est pas raisonnable.

- > Dans la conjoncture actuelle, tout concept identitaire présente des faiblesses ; aucun n’est naturellement compréhensible et acceptable par la masse des citoyens qui ont participé à la campagne pour un NON de gauche au Traité Constitutionnel Européen, choisir "Antilibéral" a l’avantage de ne rejeter personne. De toute façon, l’essentiel, c’est le contenu de cette charte ; or, je la considère suffisamment claire.

- > Depuis plusieurs années, le travail de dénonciation du capitalisme financier par ATTAC et les forums sociaux mondiaux ont popularisé et valorisé ce terme d’Antilibéral. Se placer sur le champ politique dans cette continuité ne manque ni d’habileté ni de cohérence.

- > La définition du libéralisme qui peut se lire sur le site du collectif ne présente aucune ambiguïté politique « Les politiques néolibérales, caractéristiques du capitalisme de notre temps, se développent depuis plus de vingt ans à l’échelle de la planète. Remettant en cause plus de deux siècles de luttes sociales et démocratiques, elles orchestrent un véritable recul de civilisation » ... « Cette offensive tous azimuts a pour objectif de modifier substantiellement le partage des richesses au bénéfice des profits et des détenteurs de capitaux, d’élargir la sphère du marché, de la concurrence et de l’appropriation privée, et de mettre l’économie hors de portée de la volonté démocratique. »

- > Je n’écris pas cela parce que je serais réservé vis à vis du terme Anticapitaliste ou même révolutionnaire, mais parce que le combat politique ne peut passer outre à la nécessité de mobiliser et conscientiser le plus largement possible fonction du niveau de combativité et de politisation à un moment donné.

C) Libéralisme et néo-libéralisme

S’attaquer au libéralisme, c’est s’attaquer au coeur de la tromperie idéologique servant de caution au capitalisme comme le catholicisme servait de caution à la féodalité au Moyen Age.

Le terme "libéralisme" naît au début du 19ème siècle sous la plume de Maine de Biran avec pour sens prétendu « une doctrine favorable au développement des libertés. » Il est vrai que dans plusieurs pays et régions en retard sur le développement historique, le libéralisme va un peu jouer ce rôle. Cependant, sur le fond, les libéraux sont déjà des représentants de la haute bourgeoisie, type Guizot ou Thiers pour la France.

31 août 1871 : Adolphe Thiers, le massacreur du peuple, élu premier président de la 3ème République bourgeoise de France

Le fameux ordolibéralisme allemand pour lequel l’État a pour responsabilité de créer un cadre légal et institutionnel à l’économie capitaliste, et de maintenir un niveau sain de concurrence « libre et non faussée » ne date pas d’Angela Merkel et Wolfgang Schäuble mais des économistes germaniques des années nazies. Hjalmar Schacht, promoteur du soutien total du haut patronat allemand à Hitler participait au Parti national-libéral avant 1914 et a continué à porter une orientation "libérale".

Le concept de libéralisme n’est donc pas nouveau comme idéologie du patronat, d’un capitalisme fondé sur un marché de concurrence libre et non faussée, d’un rôle limité de l’Etat et de la fiscalité. Ces libéraux ont joué un rôle majeur dans les années 1920 et 1930 en faveur de l’arrivée au pouvoir de fascistes en Italie, Portugal, Allemagne, Autriche... Ce fascisme a effectivement permis de casser le mouvement ouvrier et de laisser libre cours à l’indépendance des chefs d’entreprise. Ces libéraux ont, également toujours poussé au colonialisme, y compris le plus dictatorial.

Le fascisme naît en Italie comme agent du patronat et de la droite libérale

6 avril 1924 Comment la droite italienne (fascistes et libéraux) gagne les élections

Allemagne 1931 1932 Patronat, armée et droite marchent au nazisme

15 juillet 1927 : patronat, justice, police et fascistes autrichiens écrasent la gauche

Dans ces conditions, considérer le libéralisme comme fondé sur le respect des droits fondamentaux de la personne humaine relève de la très mauvaise plaisanterie.

La définition de Wikipedia est inacceptable pour les mêmes raisons « Le libéralisme prône la liberté d’expression des individus. Dans le domaine économique, il défend notamment l’initiative privée, la libre concurrence et son corollaire l’économie de marché ; dans le domaine politique, il accepte des pouvoirs politiques encadrés par une loi librement débattue, défend un État de droit et des contre-pouvoirs. »

Le concept de libéralisme comme idéologie d’un capitalisme sans entrave a pris un nouvel essor, considérable, à partir de 1976 à 1984, après la retombée des mouvements et des espoirs des années 1968.

Son premier exploit a été d’installer le fascisme en Argentine, de faire torturer et assassiner les syndicalistes et militants anticapitalistes.

D) Unitaire antilibéral... Oui mais vraiment unitaire (ajout du 2 septembre 2006)

Ayant participé à un débat entre représentants de toutes les forces antilibérales fin août 2006, j’ai malheureusement constaté que sous "couvert d’unité antilibérale", plusieurs dirigeants nationaux refusaient en fait, le droit des organisations politiques comme la LCR et le PCF à présenter un candidat dans le cadre du mouvement unitaire antilibéral. Pour eux, le candidat unitaire ne peut être qu’inorganisé. Il suffit de discuter un peu avec eux pour connaître le nom de ce candidat inorganisé : il s’agit de José Bové.

Je ne suis pas du tout d’accord avec cette façon d’envisager la possibilité d’une candidature unitaire :

- > d’une part, cela bloque toute avancée du processus unitaire de désignation et mise en fait sur une candidature Bové écrasant électoralement celles d’Olivier Besancenot ou de Marie-George Buffet. C’est un pari dont je doute qu’il réussisse.

- d’autre part, même si ce pari réussissait en 2007, une orientation mouvementiste, largement ploum ploum tra la la ne peut pas déboucher sur autre chose qu’un nouveau mouvement du même type que les Verts, c’est à dire largement politicien et peu capable d’ancrage dans les entreprises.

- > enfin cet ostracisme augure très mal de l’avenir de ce rassemblement unitaire antilibéral, car il ne peut que disparaître s’il croit pouvoir se construire sans et même contre les organisations politiques.

E) Charte pour une alternative au libéralisme (introduction) Ajout ultérieur

Un autre monde est possible, il est nécessaire. Il est plus « réaliste » que ce monde, transformé en marchandise, que nous impose le capitalisme libéral. Nous vivons une société où le chômage est tenu pour inévitable, où les inégalités s’accroissent, où les discriminations deviennent le lot commun, où les individus sont le jouet de décisions qui leur échappent, où la jeunesse est pointée du doigt, désignée comme dangereuse, réprimée lorsqu’elle résiste, où toutes les ressources sont mises à sac de façon insoutenable. Une telle société, porteuse de violence, est injuste, explosive. Elle n’est pas viable. La concentration des pouvoirs et de la richesse entre les mains de quelques uns, au détriment du bien-être et de la citoyenneté du plus grand nombre, ne fournit pas de bases acceptables pour vivre ensemble. Depuis plus de vingt ans, du local au mondial, dans tous les domaines de la vie, tout est fait pour nous convaincre que nous sommes contraints d’accepter les dogmes de la marchandisation et de la spéculation, les diktats des multinationales et de la finance. Certains veulent pousser le plus loin possible le recul des conquêtes sociales, des libertés individuelles, des services publics, des droits civils et politiques hérités des combats républicains : c’est le projet du patronat et de la droite. D’autres entendent concilier la toute puissance du capital financier et un socle restreint de droits et de garanties sociales : c’est le programme de la gauche sociale-libérale. Dans les deux cas, la main reste aux marchés financiers ; les profits flambent et le peuple trinque ; les inégalités galopent et la démocratie s’essouffle.

Après la victoire en France du non au référendum du 29 mai 2005 sur le Traité constitutionnel européen, plusieurs personnes et organisations politiques ont souhaité continuer l’expérience unitaire du « non de gauche pro-européen et antilibéral » (incarné notamment par les collectifs du 29 mai et par le mouvement contre la directive Bolkestein).

Cette volonté, manifestée dans l’appel du 22 novembre 2005 (« Appel pour des candidatures unitaires en 2007 et 2008 ») a été confortée par le mouvement anti-CPE, dans lequel se sont impliquées les organisations signataires du premier appel. Un second appel a donc été signé le 11 mai 2006, créant le Collectif national d’initiative pour un rassemblement anti-libéral de gauche et des candidatures communes, chargé de coordonner les collectifs locaux existant et d’en créer de nouveaux.

Environ 800 collectifs locaux se sont constitués, qui se donnent pour but d’organiser des mobilisations citoyennes larges, un projet basé sur la « charte anti-libérale » et des candidatures en vue des prochaines élections présidentielle et législatives françaises de 2007.

La charte antilibérale, qui est accompagnée d’une déclaration, est composée de constats, de propositions et de valeurs pour faire suite au "Non de gauche au Traité constitutionnel européen" et proposer des alternatives au néolibéralisme.

Elle a été adoptée par les Collectifs du 29 mai, et a été un événement dans la période. Le manque de propositions a été un reproche fait aux partisans du "non". De plus, le manque de travail unitaire a trop longtemps divisé des associations, des partis, des citoyens et des syndicats, qui se sont donc réunis pour concevoir une base commune.

Cette charte a été conçue pour être modifiée et évoluer au cours du temps, par tous ceux qui le souhaitaient sur le site. Les propositions de modifications et les amendements ont été intégrés au cours d’assises nationales composées de membres des Collectifs locaux du 29 mai, pour donner une version définitive.

http://www.collectifdu29mai.org/-Ec...


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message