Toussaint, fête de tous les saints (1er novembre)

jeudi 31 janvier 2013.
 

1) Le culte des saints comme héritage préhistorique et antique intégré par le christianisme

L’Eglise catholique s’est construite à partir du 4ème siècle comme religion officielle de l’Empire romain. Pour jouer le rôle unifiant souhaité par les empereurs, elle devait intégrer au maximum les anciennes croyances populaires, d’où Noël fixé à la date de la Nativité de Mithra, d’où Pâques à la date des rites de la régénération, d’où la Saint Jean d’été etc.

Avant cette institution de l’Eglise comme religion officielle, Rome était fort tolérant en matière religieuse. Aussi, se maintenaient dans le bassin méditerranéen de nombreux rites et cultes hérités de la Préhistoire. Le culte des saints permit de récupérer dans le cadre du christianisme ces nombreuses croyances et pratiques. Qui décida de la création d’un saint jusqu’à la procédure de canonisation au XIIIe siècle ? la vox populi ! Ainsi, par exemple, de nombreux dieux des monts devinrent des saints.

2) L’avis d’une ethnologue réputée sur le sujet

« La christianisation de l’Occident fut très lente... L’Eglise a peu à peu "digéré" une très longue histoire dite païenne et toute une galerie de dieux et déesses - Isis, Osiris, Perséphone...) Les saints chrétiens ont récupéré les attributs et les dons de figures plus anciennes. Il existe des saints liés à l’enfance, à la sexualité, des saints associés à toutes les étapes de la vie, aux métiers, des saints locaux, souvent liés à des points géographiques. Par exemple, Saint Elie, qui s’est substitué à plusieurs divinités solaires de l’antiquité, est associé aux éminences. En Grèce, il y a toujours une chapelle Saint Elie au sommet des montagnes. E France, c’est le domaine de Saint Michel.

D’autres personnages, comme Saint François d’Assise, évoquent pour moi la figure du chaman. Certains, enfin, comme Saint Michel, Saint Marcel, Saint Georges, de nombreux évêques fondateurs de villes sont des "tueurs de dragons". Le thème du héros sauroctone est très répandu dans la mythologie antique et les contes populaires... Le dragon est une projection. Il incarne tout ce dont nous avons peur.

L’attitude face au dragon est semblable à celle que l’on a face au loup - autre animal présent à la fois dans les croyances anciennes et dans le christianisme à travers des personnages comme Saint Leu qui le combattent... »

Yvonne de Syke, spécialiste de l’anthropologie du rite et de la fête


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