Analyse du second tour des législatives (extraits)

lundi 25 juin 2007.
 

Ségolène Royal était majoritaire dans 191 circonscriptions lors du second tour des présidentielles ; au soir du second tour des législatives, la Gauche l’emporte dans 227 :

- Le PS et ses alliés du PRG et du MRC avec 205 sièges.

- Le PCF qui résiste bien grâce à sa bonne implantation locale avec 18 sièges : 15 + 3 apparentés des territoires d’outre-mer.

- Les Verts gagnent un siège avec 4 élus.

Cependant les dirigeants du PS commettraient une grave erreur s’ils pensaient avoir gagné en passant de 149 sièges à 198. Le Président est largement majoritaire avec 345 sièges dont 315 pour la seule UMP ( 22 au Nouveau Centre, 1 au MPF et 7 DVD)

Bien que l’abstention dépasse 40 %, ce vote du 2° tour a vu les électeurs de Gauche se mobiliser davantage que ceux de Droite. C’était un sursaut réflexe face aux graves menaces qui pèsent sur leur pouvoir d’achat et leur protection sociale, en particulier le projet de TVA sociale et le forfait santé très justement dénoncés par Laurent Fabius.

L’abstentionnisme est plus marqué à droite ; certains électeurs ont cru la victoire acquise, d’autres qui avaient voté Sarkozy sont revenus vers le camp de gauche, et les électeurs du FN se sont très largement abstenus au-delà des 50 %.

Les candidats de la Gauche ont bénéficié d’un très bon report de 90 % des électeurs de la gauche antilibérale et de 55 % de ceux du MoDem. Les voix de l’autre gauche représentaient près de 12 % de l’électorat pour seulement 7,63 % au MoDem. Il est donc faux de considérer que l’alliance du PS avec le centre ferait gagner la Gauche

Ce qui fait gagner la Gauche se sont des propositions claires sur des valeurs de gauche, à la différence des slogans comme le TSS ( Tout Sauf Sarkozy) ou l’alignement sur les thèmes de la Droite qui étaient au choeur de la campagne de la candidate socialiste. Une Ségolène qui déclare aujourd’hui qu’elle ne croyait pas au projet du PS concernant la revalorisation du SMIC à 1500 € et au développement des 35 heures. Nous nous en étions quelque peu aperçus au cours du débat télévisé avec Sarkozy...

Si cette mobilisation claire autour des enjeux sociaux avait eu lieu dès le premier tour, avec un projet et une union pour gouverner, la Gauche aurait eu une chance de l’emporter. Car c’est au gouvernement issu de la majorité parlementaire de gouverner et non au Président dont le rôle est de présider ...

Le PS doit enfin tirer les leçons de l’échec de 2002 après 5 ans de gouvernement de la gauche plurielle.

Il doit examiner les raisons du succès du Non au référendum contre le TCE, de celui de la lutte contre le CPE, des mobilisations pour la défense des retraites, des Services Publics, autant de refus des conséquences néfastes de l’application des mesures néolibérales de la globalisation. Il doit comprendre que le rejet de la Droite aux élections européennes et régionales ne signifie pas que les électeurs adhèrent inconditionnellement aux pratiques du PS. Ce que le courant majoritaire du PS n’a jamais fait.

L’orientation des socialistes ne peut pas rester dans le flou. Les socialistes doivent choisir entre :

- le social libéralisme européen et l’alliance au centre. Cette troisième voie a échoué partout parce que faisant une politique de droite, seul ou en alliance avec elle.

- ou l’alliance avec l’ensemble des forces de gauche, y compris la gauche antilibérale, alter mondialiste et écologiste.

Ce choix déterminera son avenir. Il peut prétendre regrouper la social-démocratie française, PS, PRG, MRC et constituer un grand pôle rassemblant toute la Gauche qui devrait aussi se regrouper. Sinon le risque est grand d’une coupure profonde et durable entre la Gauche socialiste qui rejoindra définitivement les antilibéraux, communistes, alter mondialistes, écologistes, pour refonder une vraie gauche de gauche. Car dans toute l’Europe les forces antilibérales se regroupent et s’organisent :

- Le Bloc des Gauches au Portugal ;

- CAP à Gauche en Belgique ;

- Le Parti socialiste aux Pays Bas qui a obtenu 16,6 % aux élections législatives ;

- au Danemark, en Italie, etc...

- et le 16 juin en Allemagne avec le congrès de fondation de Die Linke ( La Gauche) qui regroupe la Gauche socialiste d’Oscar Lafontaine, le PDS (Ex PC de l’Est), des syndicalistes et des alter mondialistes. Ce nouveau parti est crédité de 24 % des voix par les sondages ...

Allain GRAUX ( PRS 21) Le 22 juin 2007.


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