Fillon achève la Vème république

lundi 6 mars 2017.
 

En les regardant droit dans les yeux, M.Fillon est venu annoncer ce mercredi midi aux Français qu’il maintenait sa candidature malgré sa mise en examen qui lui sera notifiée dans le bureau du juge le 15 mars prochain.

Pour tenter de justifier l’injustifiable, M. Fillon ne s’est pas contenté de se parjurer. A l’abri de cette Vème République agonisante, il a pu se permettre d’évincer la nécessité de probité des représentants et a voulu réduire la Démocratie à la loi de la majorité. La démocratie sans la République en somme.

Certes la personne de M. Fillon est en cause. Car M. Fillon est un menteur. Il s’est une fois encore parjuré en reniant l’engagement qu’il avait pris devant les Français le 26 janvier dernier quand sur le plateau de TF il affirmait : « Il n’y a qu’une seule chose qui m’empêcherait d’être candidat, c’est si mon honneur était atteint, si j’étais mis en examen ». Il vient pourtant aujourd’hui d’affirmer l’inverse. On pourrait également remonter au mois d’août dernier quand, lors d’un meeting dans son fief de Sablé-sur-Sarthe, il prétendait faire de l’éthique un point central de sa candidature : « Si on veut rétablir l’autorité dans le pays, je dis qu’il faut des responsables politiques honnêtes et irréprochables ». Que M. Fillon soit coupable ou innocent, il a lui-même reconnu des « erreurs » qui le disqualifient du point de vue de la dimension « irréprochable » de l’exercice de son mandat public. Avant même que d’être éventuellement disqualifié par la Loi, M. Fillon est donc disqualifié par ses mensonges au Souverain et son manque de probité.

Mais il y a plus. Dans une grossièreté blessante à l’endroit du Peuple, M. Fillon a pourtant osé essayer d’instrumentaliser la souveraineté populaire pour se défaire du fardeau qu’il s’est lui-même accroché aux basques : « Seul le suffrage universel peut décider qui sera le prochain président de la République ». Non M. Fillon ! L’élection présidentielle est régie par la Loi : Il existe plusieurs conditions de fond pour se présenter qui sont le résultat de la souveraineté populaire et pas simplement du suffrage universel. Le candidat doit notamment ne pas être privé de ses droits d’éligibilité par une décision de justice (art. L. 6 et L. 199) ou encore faire preuve de « dignité morale », sans que cette notion soit précisément définie. La première est en balance quand M. Fillon demande aux citoyens de lui voter son immunité. La seconde est déjà galvaudée.

Mais plus profondément, opposer le suffrage universel à la souveraineté populaire introduit un biais démocratique. La justice est rendue au nom du peuple français et la Loi est l’expression de la volonté générale comme nous l’a enseigné Rousseau. Et jusqu’à ce que collectivement le peuple décide d’en changer les règles, notamment en passant à une 6ème République qui abolira la monarchie présidentielle et qui restaurera l’exigence de la vertu républicaine, c’est celle-ci qui s’applique. En opposant le suffrage universel à la Loi, M. Fillon cherche à manipuler le peuple pour qu’il agisse contre lui-même et finalement qu’il annihile de lui-même sa propre souveraineté pour lui laisser à lui, François Fillon, les mains libres et les poches pleines. M. Fillon en appelle ainsi au seul fait majoritaire pour remplacer la souveraineté populaire. Cette dernière est pourtant bien plus que cela en ce qu’elle contient le contrat social au nom duquel chacun-e accepte de mettre en partage sa part individuelle de souveraineté pour la trouver magnifiée dans le collectif. Bref, pour échapper à son défaut de probité, M. Fillon est prêt à sacrifier la République pour réduire la démocratie à une fonction formelle et comptable.

Cela suffit ! La candidature de M. Fillon est une caricature de l’impunité politique qu’offre la Vème République. L’Avenir en commun, le programme de la France Insoumise et de son candidat Jean-Luc Mélenchon s’engage à appliquer les recommandations d’Anticor. Parmi les chartes proposées par cette association, la dernière en date, celle pour les élections régionales de 2015, demandait « à suspendre de ses fonctions exécutives tout élu mis en examen pour atteinte à la probité et à retirer définitivement les fonctions exécutives de tout élu condamné pour atteinte à la probité ». Si M. Fillon devait être élu, il exécuterait de fait une fonction exécutive incompatible avec une telle charte !

Il faut en finir avec la république des dégoûtants qui salissent la démocratie pour protéger leurs propres intérêts. Face à la Vème toujours plus écartelée entre la République et la démocratie, la 6ème République est celle qui devra superposer à nouveau l’une à l’autre. C’est au peuple qu’il appartient de se refonder pour définir de nouvelles règles communes par l’élection d’une Assemblée constituante. Tel est l’objet de la marche nécessaire pour la 6ème République à laquelle appellent Jean-Luc Mélenchon et la France Insoumise le 18 mars. J’en serai.


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