Macron décomplexe le Medef

mercredi 25 octobre 2017.
 

L’école est ainsi une de leurs cibles favorites. On se souvient qu’à l’occasion de la rentrée scolaire le Medef avait lancé une campagne avec ce slogan méprisant et finalement antirépublicain : « Si l’école faisait son travail, j’aurais du travail ». Sans doute l’École ne verse t-elle-pas encore assez pour eux dans l’adéquationnisme pour transformer les enfants en main d’œuvre directement employable et surtout corvéable et docile. Pourtant le gouvernement de M. Macron s’y emploie. Le voilà qui, comme ses prédécesseurs, annonçait lundi vouloir saborder l’enseignement professionnel sous statut scolaire pour lui substituer l’apprentissage présenté comme LA solution unique, en oubliant que 25% des apprentis rompent leur contrat au bout de trois mois, qu’un tiers des contrats d’apprentissage ne vont pas à leur terme, et que plus de 30% des sortants d’apprentissage niveau CAP et BTS se retrouvent ensuite au chômage.

Conforté ce lundi par le Président, c’est un Pierre Gattaz totalement décomplexé qui s’en est pris dès le lendemain aux chômeurs au moment même où va s’ouvrir la discussion avec le gouvernement sur l’assurance-chômage. Le président du Medef a estimé qu’il fallait exercer un « contrôle journalier ou hebdomadaire » sur les demandeurs d’emploi, jugeant qu’« il ne faut pas [que le système] donne un confort fictif (sic) qui entraîne encore plus de difficultés quand il prend fin. » Le gouvernement s’est d’ailleurs bien gardé de critiquer les propos de M. Gattaz, Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement estimant même que « dans une discussion, rien ne doit être exclu ». Selon le porte-parole du gouvernement, M. Gattaz serait « légitime » à user comme Macron de l’invective pour faire plier les salariés. Les « fainéants », « ceux qui foutent le bordel » et autres « gens qui ne sont rien » lâchés par le Président de la République lui-même libèrent, on le voit, la parole collective de la Caste.

Quoi qu’il arrive in fine, Pierre Gattaz a atteint son but avec la complicité de M. Macron : rejouer une fois encore la partition de la musique d’ambiance qui vise à faire culpabiliser les demandeurs d’emploi et à les faire montrer du doigt par le reste de la société. Bref diviser les salariés et la société pour mieux pouvoir exploiter les uns et soumettre l’autre. Les premiers de cordée d’un côté les premiers de corvée de l’autre. C’est là un attelage qui ne peut qu’envoyer le pays au précipice.

François Cocq


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message