François Fillon veut serrer de plusieurs crans la ceinture du petit peuple

samedi 26 novembre 2016.
 

Souvent ennuyeux, toujours réactionnaire, bon avec les riches et dur avec tous les autres, à commencer par les plus pauvres, François Fillon était ce 27 octobre l’invité de « L’émission politique de France 2 » Cet homme qui fut collaborateur d’un député à 22 ans, puis député à 27 ans suite au décès de son mentor a toujours vécu de la politique. Il a été plusieurs fois ministre dans des gouvernements de droite avant que Sarkozy ne l’installe à Matignon de 2007 à 2012. Hier soir, il a tenté de convaincre les téléspectateurs que l’on peut faire du neuf avec cette vieille recette qu’est la surexploitation des travailleurs.

Les téléspectateurs qui ont regardé François Fillon hier soir à « L’émission politique » de France 2 ont pu voir un homme très à droite. Il a présenté le colonialisme comme un apport de la culture française aux peuples colonisés, redisant son opposition par « conviction personnelle » au mariage pour tous, défendant devant les cheminots CGT de la gare de Lyon à Paris le principe de la retraite à 65 ans pour tous, quelles que soit la nature du travail, ajoutant même que le conducteurs de trains peuvent toujours changer de travail à partir d’un certain âge. Fillon veut en finir avec les 35 heures et fixer à 39 heures la durée légale minimale de la semaine de travail. Sans pour autant augmenter le salaire mensuel à proportion du travail supplémentaire fourni, a-t-il tenu à préciser. Parmi les arguments avancés par l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy figure le fait que des gens travailleraient aujourd’hui entre 70 et 80 heures par semaine en France. Et qu’il s’agirait là d’un exemple à suivre pour réduire les inégalités dans un processus de surexploitation pour tous, sauf pour les exploiteurs.

François Fillon, comme Sarkozy, Juppé et Le Maire avant lui dans cette même émission, s’est prononcé pour la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Mais comme il faut malgré tout faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat, il veut augmenter la TVA de 2%. C’est le plus sûr moyen de faire payer les pauvres à la place des riches. Ce que n’a pas manqué de lui faire remarquer François Lenglet, notant que « le cran de la ceinture n’est pas le même pour tout le monde ». Lenglet est très heureux, semble-t-il, de défendre dans cette seule émission des positions peu en phase avec celles qu’il avance généralement dans les journaux télévisés de France 2, lesquelles sont généralement beaucoup plus proches des idées et des intérêts du MEDEF. 500 000 chômeurs supplémentaires durant les 5 années où Fillon était Premier ministre

Bref, aux yeux de Fillon, l’austérité salariale et le recul de l’âge donnant droit à la retraite seraient le meilleur moyen de créer des emplois. On en oublierait que le nombre de chômeurs en catégorie A augmenta de plus de 500 000 personnes durant les cinq années qu’il passa à Matignon de 2007 à 2012. Et a continué de progresser à un rythme à peine supérieur sous la présidence de François Hollande, lequel promettait d’en inverser la courbe dès la fin de l’année 2012, puis avant la fin de l’année 2013, puis, peut-être en toute fin de mandat en mettant beaucoup de chômeurs en stage pour quelques mois, ce qui revient à trafiquer le thermomètre pour faire baisser la fièvre.

Mais, les mêmes causes produisant les mêmes effets, la dernière note de conjoncture de l’INSEE nous dit ce matin que le Produit intérieur brut (PIB) de la France a augmenté de seulement 0,2% au troisième trimestre 2016 après un recul de 0,1% au second trimestre. Plus grave encore, c’est la croissance de 0,4% des services, non créateurs de richesses richesse matérielles, qui porte cette moyenne, alors que la production de bien matériels recule de 0,1% après un recul de 0,7% au second trimestre. Il s’agit donc d’une croissance molle et malsaine de surcroît.

L’explication que donne la note de conjoncture de l’INSEE est limpide : « Au troisième trimestre 2016, les dépenses de consommation des ménages continuent de stagner. Elles rebondissent modérément dans les services (+ 0,3% après -0,2%) tandis qu’elles reculent dans les biens (-0,5% après + 0,1%). Qu’en serait-il alors si on avait appliqué la recette de Fillon consistant à augmenter les prix des biens de 2% via une augmentation de deux points de TVA ? Comment le chômage diminuerait-il dans ces conditions avec, en plus une augmentation de la durée hebdomadaire de travail de quatre heures aboutissant à ce que neuf personnes fassent le travail de dix sans que toutes les heures faites en plus ne soient payées comme l’a laisser entendre François Fillon hier soir ?

Notons encore que le jour ou François Fillon a plaidé à son tour pour la suppression de l’ISF suite au même plaidoyer de Sarkozy, Juppé et Le Maire, un sondage Odoxa publié par « Aujourd’hui en France » a posé à un panel d’électeurs la question suivante : « S’agissant de l’impôt sur la fortune, souhaitez-vous que cet impôt soit maintenu tel qu’il est, renforcé en augmentant ses taux d’imposition ou en abaissant le seuil, ou supprimé ? ». La réponse des sondés est claire : 42% souhaitent que cet impôt soit conservé tel qu’il est aujourd’hui ; 30% souhaitent qu’il soit renforcé, soit un total de 72%. Seulement 28% disent souhaiter sa suppression. Même les électeurs des candidats de la droite pour l’élection présidentielle sont majoritairement pour le maintien de cet impôt.

Tout commentaire semble ici superflu !

Gérard Le Puill Journaliste de L’Humanité et auteur


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