Soutien total à la journaliste de L’Humanité, Rosa Moussaoui, contre les menaces et intimidations de la Police

lundi 20 février 2017.
 

Je n’aime pas les "faits alternatifs", je déteste la pression et je ne supporte pas la menace. Ce matin, sur France Inter, à propos de mon enquête sur le commissaire d’Aulnay-sous-bois, Céline Berthon, la secrétaire générale du syndicat national des commissaires de police, reproche à l’Humanité de dresser un parallèle entre la condamnation de ce policier en 2008 et les faits survenus à Aulnay. Je ne dresse aucun parallèle. Je rapporte des faits, que j’estime devoir être connus du public.

"Parfois on doit rendre compte de faits ou d’événements pour lesquels nous ne sommes malheureusement pas là mais parce que nous sommes les chefs, nous sommes responsables", dit-elle encore. C’est faux. Le policier en question a été condamné pour des faits auxquels il a assisté en 2004. Les décisions de justice en témoignent.

Enfin, après le mensonge, la menace. Furieuse de voir circuler l’identité du commissaire d’Aulnay, la secrétaire générale du syndicat policier laisse entendre que des poursuites pénales pourraient être envisagées : "Nous mettons en garde ceux qui se livrent à ce type de procédés aujourd’hui sur le fait qu’ils sont dans une mise en danger de la vie d’autrui".

Si j’ai choisi, en accord avec ma rédaction en chef, de mentionner son identité, c’est que ce policier lui-même se met en scène dans des médias locaux, dans des vidéos postées sur le web, visibles par tous. Les médias relatant l’affaire de 2004 et le jugement de 2008 mentionnent tous son nom. Par ailleurs, c’est aujourd’hui un important cadre policier de Seine-Saint-Denis, dont le nom est mentionné dans les organigrammes. J’ai en revanche choisi de ne pas mentionner les noms des autres policiers condamnés dans "l’affaire de l’enjoliveur", publics eux aussi.

L’accusation de mise en danger de la vie d’autrui est très grave et dans le contexte, elle est chargée de sens. Elle ne vise rien moins qu’à intimider les journalistes, à les dissuader d’enquêter sur les pratiques policières. J’y vois une insupportable mise en cause de la liberté de la presse, du libre exercice du métier de journaliste.

Rosa Moussaoui


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