Oui c’est la fin d’un monde

mardi 25 mai 2010.
 

Je suis parti trois jours, sans télé, sans radio, sans journaux. J’avais à faire. Pendant ce temps mes amis au congrès de Die Linke à Rostok en Allemagne et d’autres au contre sommet Europe Amérique latine à Madrid poursuivaient notre harassant agenda militant international sans lequel notre Parti de gauche serait hors de sa mission et de ses devoirs. Sitôt revenu, après plusieurs heures de ballade sans objet dans Paris la splendide et sur la terrasse sublime de l’Institut du Monde arabe, j’ouvre mon blog. Alors, les bras m’en sont tombés des épaules : ma dernière note a été lue plus de trente mille fois et il y a plus de mille commentaires. Signe des temps qui me dépasse. Je dis un mot quand même sur le sujet en fin de note. Mais, surtout, je dis ce que je sens avec ce recul, certes bien petit puisqu’il ne s’agit que de trois jours, mais le premier depuis longtemps. Dites : c’est vraiment la fin d’un monde. Il faut se préparer sérieusement pour la relève. L’affaire va être rude !

Oui c’est la fin d’un monde. Non seulement il n’y a pas d’autorégulation positive du système financier mais toute tentative pour le secourir ne sert à rien qu’à aggraver son instabilité génétique. La main invisible est une main démente. Ce truc est intrinsèquement irredressable. Je peux dire que ça m’angoisse. Je pense que beaucoup de gens sentent ça comme moi. Ce qui me frappe c’est l’obstination des dingues qui tiennent les manettes de l’opinion et de la décision. En trois jours j’avais oublié l’effet que ça fait de lire leurs contes à dormir debout sur les vertus de l’austérité et leurs martingales puériles sur les soi-disant cercles vertueux du moins d’Etat, moins de fonctionnaires, moins de service public, et gna gna gna. Au milieu de tous ces stipendiés, je retrouve mes ennemis intimes : les déclinistes. Montés sur le dos des amis de la douleur, à moins que ce soit l’inverse, ils débitent à longueur de colonnes, comme des pianos à musique, leurs insubmersibles certitudes hautaines à l’égard des gens simples qu’ils veulent encore et toujours mener au fouet. « Fainéants », « fonctionnaires », « gaspilleurs », « gréviculteurs » et ainsi de suite, en direct (pour les grecs et les espagnols) ou en suggéré (pour les français qui paient quand même le journal où c’est écrit). Le plus infâme c’est quand ils pleurnichent à l’évocation des « générations futures écrasées par la dette » ce bobard de café du commerce. Les générations futures, c’est clair qu’elles les préoccupent moins quand il s’agit de la diffusion des titres toxiques, des actions des pétroliers qui salopent la mer et pourrissent l’air ou de sortir du nucléaire.

Les refrains des déclinistes en font une véritable cinquième colonne de temps de guerre de la finance contre les peuples. Le truc du décliniste c’est toujours le même : « la France est en retard ». Toute mauvaise nouvelle est la bienvenue pour ce véritable parti de l’anti-France, les Baverez et consorts, qui insultent ce peuple, pour son bien -cela va de soi- à longueur d’années.

En retard ! Toujours en retard le gros nul de Français !

En retard pour la souplesse du marché du travail, en retard pour le passage à l’économie de service, en retard pour encourager le risque et l’entreprise !

En retard pour abroger la carte scolaire, en retard pour développer l’enseignement privé !

En retard pour le classement de Shanghai des universités même si les gens de Shanghai eux-mêmes disent que leur classement ne vaut rien.

En retard, c’est le mot pour culpabiliser celui qui ne veut pas passer pour un fainéant et qui a toujours peur déjà d’arriver en retard au boulot !


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