Tous entrepreneurs : le rêve des pauvres n’est pas le pauvre rêve de Macron et Fillon

mercredi 1er février 2017.
 

"Tous entrepreneurs" Derrière le mirage se dessine un avenir de précarisation extrême pour tout un chacun, fait de casse des droits collectifs assimilés à des « rigidités » dépassées, et de dérégulation profitable à d’autres, à coups de baisse d’impôts et de cotisations sur le capital et sur les revenus et patrimoines des plus aisés au nom de la priorité à « l’investissement » dans les secteurs dits innovants"

Comme toute révolution technologique, la révolution numérique a ceci de commun avec celles qui l’ont précédée qu’elle peut produire le meilleur comme le pire. Dans la vie quotidienne des travailleurs, ses effets se font déjà sentir, pas toujours heureux  : les « Uber-usés », comme se sont nommés eux-mêmes les chauffeurs de VTC en lutte contre les plateformes qui les exploitent sans le reconnaître, peuvent en témoigner.

L’avenir que cet outil qu’est Internet réservera demain aux millions de salariés ressemblera-t-il de plus en plus au présent de ces « travailleurs indépendants » sans droits, ni horaires, ni paie garantis  ? C’est le risque, si n’est pas mené d’urgence l’indispensable travail de démystification des projets politiques des Guizot contemporains qui ressuscitent le désir de « devenir milliardaire » grâce à l’économie numérique. Car derrière le mirage – puisque c’en est évidemment un, sauf à se contenter d’en « avoir envie », pour prendre au mot l’auteur de la formule, et la nuance n’est pas mince – se dessine un avenir de précarisation extrême pour tout un chacun, fait de casse des droits collectifs assimilés à des « rigidités » dépassées, et de dérégulation profitable à d’autres, à coups de baisse d’impôts et de cotisations sur le capital et sur les revenus et patrimoines des plus aisés au nom de la priorité à « l’investissement » dans les secteurs dits innovants.

C’est cela qui se cache derrière l’idéologie du « tous entrepreneurs » qu’ont en commun la droite revendiquée et celle qui avance masquée. Une idéologie dont la vitrine vante le modèle de réussite des start-up, en oubliant aussi ses échecs et ses coûts en termes de gâchis de financements privés et publics. Il reste quatre mois pour montrer qu’Internet peut être synonyme de progrès au travail par le partage des gains de productivité et la création de nouveaux emplois  : 32 heures par semaine, sécurité d’emploi et de formation pour chacun… Et que, décidément, le rêve des pauvres n’est pas le pauvre rêve de Macron.

Sébastien Crépel, L’Humanité


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