Grenoble : fresque jugée anti-police, dénoncée et taguée

mercredi 13 juillet 2016.
 

B) La fresque de Grenoble a été taguée dans la nuit (28 juin) du slogan “Stand up for the french police”

Il n’aura pas fallu longtemps pour que la fresque murale du street-artist Goin à Grenoble soit taguée. Depuis son inauguration le 23 juin dernier dans le cadre de la deuxième édition du Street Art Fest, elle faisait grincer des dents. Elle représente en effet deux policiers – dont un muni d’un bouclier “49.3” – matraquant Marianne, à terre, accoudée à 1984 de George Orwell et à Brave New World d’Aldous Huxley.

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C’est d’abord le syndicat de police SGP-Police FO qui était monté au créneau, jugeant cette fresque hostile aux policiers, seulement un peu plus d’une semaine après l’assassinat revendiqué par Daech d’un couple de fonctionnaires de police dans les Yvelines. “C’est honteux, la République nous la défendons, nous ne lui tapons pas dessus”, avait déclaré un de ses représentants, Yannick Biancheri.

Le street-artist Goin s’était pourtant défendu de s’en prendre à l’individu policier, précisant qu’il s’attaquait bien à l’Etat, comme l’indique le titre de la fresque : L’Etat matraquant la Liberté.

Mais son dessin lui a valu une volée de bois vert de la part de nombreux politiques de droite et du PS, dont Bernard Cazeneuve, qui a même demandé au maire de Grenoble d’exprimer ses “regrets” aux policiers.

Un slogan repris par les supporters irlandais…

Le tumulte fait autour du dessin a eu raison de lui. Dans la nuit de lundi 27 à mardi 28 juin, il a été tagué – comme l’avait été celui de Combo à Paris il y a tout juste un an. Le slogan “Stand up for the french police” s’étale désormais dessus. Les supporters irlandais ont repris à plusieurs occasions ce slogan dans le cadre de l’Euro. Les mots “police” et “49.3” ont également été recouvert.

Dans un entretien qu’il nous a accordé, Goin expliquait avoir trouvé l’inspiration pour son dessin dans le réel :

“Je vois ces images tous les jours dans les médias. Je ne fais que représenter la réalité, avec un petit brin d’anticipation peut-être. C’est facile d’envoyer les policiers faire le sale boulot, mais dans une vraie démocratie, la police ne devrait pas avoir à faire cela.”

Certains ont apparemment trouvé l’image insoutenable. Interrogé par Les Inrocks, le maire de Grenoble Eric Piolle avait jugé la polémique “incongrue” :

“L’art a toujours été subversif et continuera de l’être. C’est précisément dans les périodes troubles que la liberté d’expression doit servir de boussole”.

A) Grenoble : fresque jugée anti-police (Le Figaro)

Une grand panneau représentant une Marianne matraquée par deux policiers, réalisée dans le cadre d’un festival de street art, a suscité de vives réactions dans le chef-lieu de l’Isère. Plusieurs personnalités ont fait part de leur « indignation ».

L’œuvre représente une femme à terre, tenant un drapeau bleu-blanc-rouge effiloché. Deux policiers anti-émeute, dont l’un tient un bouclier « 49.3 », s’apprêtent à la matraquer. Réalisée par l’artiste Goin, cette peinture, baptisée L’État matraquant la liberté, a été réalisée sur un mur proche de la gare dans le cadre du Grenoble Street Art Fest, festival de street art du chef-lieu de l’Isère, qui s’est tenu du 8 au 26 juin.

Une fresque qui a provoqué, ce week-end, de vifs reproches. « Je trouve ceci indigne », a ainsi réagi le directeur départemental de la sécurité publique, Patrick Mairesse, cité par le quotidien régional Le Dauphiné Libéré.

« Quand la collectivité locale finance, sur l’argent des contribuables grenoblois, une fresque réalisée dans le cadre d’un festival subventionné à hauteur de 25.000 euros, à la vue de tous, dans l’espace public, elle est responsable des messages passés. Par respect pour ceux qui nous protègent, il faut effacer immédiatement cette fresque inacceptable dans ce contexte », a souligné à son tour l’ancienne ministre socialiste Geneviève Fioraso. Pour Debout la France, cette fresque « de la honte » est « abjecte » et doit être retirée immédiatement par la municipalité.

Dans un tweet, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a affiché son « plein soutien aux policiers qui protègent chaque jour les Grenoblois » et a estimé que ces derniers attendaient du maire « qu’il leur dise ses regrets ». Plein soutien aux policiers qui protègent chaque jour les Grenoblois, et qui attendent d’ VvC EricPiolle qu’il leur dise ses regrets #fresque — Bernard Cazeneuve ( VvC BCazeneuve) 26 juin 2016

Mairie de Grenoble

« Nous, en tant que politiques, on s’interdit de vouloir gérer la création artistique », a-t-on répliqué au cabinet du maire, où on relève le « grand succès » du Grenoble Street Art Fest. « On comprend la réaction de la police et d’autres, mais ça reste une œuvre d’art et l’art peut être subversif », fait-on valoir. « L’art a vocation à créer du débat, voire de la polémique ».

Le responsable a précisé que la fresque contestée avait été réalisée sur un mur du quartier de la gare qui doit être détruit « dans les jours ou les semaines qui viennent » dans le cadre de travaux programmés.


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