Bercy assure la connexion entre le pouvoir économique du grand patronat et le pouvoir politique en place

mercredi 15 février 2023.
 

Bercy est l’une des interfaces principales entre les deux pôles de la classe dominante : Celui de la propriété capitaliste – marché et celui de la compétence – organisation. Ces technocrates assurent la connexion entre le pouvoir économique du grand patronat et le pouvoir politique en place. Voici quelques articles du journal Mediapart qui complètent et éclairent notre propos.

Fraude fiscale : pour en finir avec le « verrou de Bercy »

http://blogs.mediapart.fr/edition/l...

« Taxe Tobin » européenne : Bercy manœuvre pour un texte a minima

http://www.mediapart.fr/journal/eco...

Sous l’embrouille fiscale, l’austérité à perpétuité :

http://www.mediapart.fr/journal/fra...

Complément de Jacques Serieys

Notre ami Hervé a raison de pointer le rôle central de Bercy surnommé parfois la citadelle, parfois la pieuvre dans le système économico-politique qui dirige la France.

Ce rôle central dans le rapport entre patronat et pouvoir politique est éclairé par le fait que l’institution judiciaire ne peut intervenir dans les dossiers de fraude fiscale concernant des chefs d’entreprise. C’est Bercy qui dispose du monopole de suivi sur ce type de dossier. Ce "verrou de Bercy" a été mis en place dans les années 1920 par les gouvernements de guerre sociale et politique ; il donne à l’administration fiscale le monopole des poursuites pénales en cas de fraude — un procureur ou une partie civile ne pouvant pas le faire. Le 15 mars 2018, Gérald Darmanin, au nom du gouvernement, a réaffirmé l’opposition du pouvoir politique à toute levée de ce "verrou de Bercy".

Ce rôle central dans le rapport entre patronat et pouvoir politique a été éclairé également par des compte-rendus de mandat comme celui de Marie-Noelle Lienemann, ex ministre du logement, dans son ouvrage "Les cannibales de l’Etat" qui retrace le lien entre des pouvoirs économico-financiers et de hauts fonctionnaires (particulièrement de Bercy) ainsi que la difficulté d’un ministre à se faire obéir par certains hauts fonctionnaires.

Ce rôle central est révélé par exemple par le niveau de rémunération de nombreux dirigeants de cette administration. Le magazine Le Point titrait récemment 170 fonctionnaires de Bercy sont mieux payés qu’Emmanuel Macron.

Ce rôle central est également révélé par l’autonomie de ces hauts fonctionnaires de ministère vis à vis du pouvoir politique. Ainsi, Jean Arthuis, ministre de l’Économie et des Finances de 1995 à 1997, a été forcé d’attendre six mois pour obtenir la liste des 200 plus hauts salaires de son ministère.

Ce même Jean Arthuis a décrit le fonctionnement de Bercy comme celui d’une "vraie légion romaine". Son ouvrage Dans les coulisses de Bercy. Le cinquième pouvoir (Albin Michel, 1998), donne une idée assez précise de la puissance de ces hauts fonctionnaires des Finances, vrais patrons de ce colossal coffre-fort « aux allures staliniennes ». Quatorze directeurs habitués à décider avec une grande autonomie. .. Les ministres vivent-ils vraiment dans la hantise de « ce que va dire Bercy » ? Pourquoi le pouvoir se laisse-t-il si souvent imposer les choix de hauts fonctionnaires enclins à se coopter systématiquement ?

La Caste : une petite oligarchie de hauts fonctionnaires (finances..) accaparant le pouvoir économique et maintenant politique avec Macron

Grandes écoles au service de la France ou de l’oligarchie financière ? (Hervé Debonrivage)

Il était une fois... BERCY ( par Regards.fr

« Tout commence le 25 août 1995 lorsque le Premier Ministre de l’époque, Alain Juppé, sort du ministère des Finances le libéral Alain Madelin et le remplacepar le centriste Jean Arthuis.Deux ans plus tard, ce dernier quitte Bercy à son tour, puis écrit un livre « Dans les coulisses de Bercy.Le Cinquième Pouvoir »(Albin Michel 1998), comportant quelques anecdotes savoureuses et grinçantes sur les hauts fonctionnaires des Finances, les vrais patrons de ce colossal coffre-fort « aux allures staliniennes ».

Bernard Zimmern, fondateur et président d’honneur de l’IFRAP, qui a écrit également un essai, « Changer Bercy pour changer la France »(Tatamis, 2014), y rappelle que Jean Arthuis avait dû attendre six mois pour avoir le droit de consulterla liste des 200 plus hauts salaires de son Ministère et encore, elle lui avait été fournie sur du papier chimique non photocopiable. Zimmern parle du livre d’Arthuis comme d’un « témoignage de première main, à la fois fascinant et terrifiant » sur une « Chasse gardée très protégée ».Vingt ans après son arrivée à Bercy, l’ancien ministre centriste, dans une Interview à « L’Opinion », parle encore et toujours de ce château-fort très secret qui abrite « une vraie légion romaine, à la fois loyale et experte », mais qui « fonctionne en Silo » et dont « la culture d’opacité est solidement ancrée ».Et on finit par comprendre que les occupants permanents de Bercy ont des choses importantes à cacher à leurs ministres et à leurs concitoyens.

Dans cette énorme caserne, la première règle est de ne « rien laisser filtrer à l’extérieur », raconte Bernard Zimmern, qui a vécu de près « le coup de tonnerre du 10 janvier 2000 » lorsque la Cour des Comptes, dans un rapport spécial sur les rémunérations dans la Fonction Publique, découvre que « le Ministère le moins scrupuleux dans l’application des règles des finances publiques est le Ministère des Finances », dont les dignitaires s’attribuent des primes injustifiées.Plus grave, alors qu’ils sont chargés d’édicter et de surveiller la régularité des dépenses de l’État, 70 % de leurs primes « n’ont aucune base légale et ce pourcentage atteint 100 % dans le service des Impôts (hors cadastre), et une grande partie de ces primes ne sont pas déclarées dans les déclarations d’impôts ».Un énorme dossier de « corruption passive » selon Zimmern est ainsi révélé par la Cour des Comptes grâce à la détermination sans faille de Pierre Joxe, son premier Président.

Après divers remous médiatiques et quelques décrets légalisant ces « ndemnités » litigieuses au lieu de les supprimer, que croyez-vous qu’il arriva ?L’opacitél’emporta.Mais la Cour des Comptes veillait : après deux enquêtes successives en 2010 et 2011 qui avaient pointé de nouveau le caractère« irrégulier » de certains avantages salariaux, son énième rapport sur la question vient d’être rendu public juste avant Noël sous la forme d’un référé qui, cette fois, met vraiment les pieds dans le plat.Pour leur enquête, les juges de la rue Cambonont décortiqué les salaires et revenus de plus de 750 hauts fonctionnaires de Bercy sur la période 2013-2015, et le bilan de leurs travaux est glacial.Il y est question de la « persistance de pratiques indemnitaires irrégulières, notamment de « dispositifs de rémunération sans base juridique » et d’Indemnités « sans fondement légal », c’est-à-dire illégales en langage ordinaire.Ils ont aussi constaté que 104 des 150 plus hautes rémunérations de Bercy sont perçues par des cadres supérieurs de la direction générale des Finances Publiques (DGFIP), lesquels touchent une moyenne de 202 000 euros par an, contre 175 000 pour ceux du Contrôle Budgétaire. S’agissant de moyennes, on peut aisément imaginer ce que peuvent être les sommets !Il faut savoir que cette fameuse DGFIP, qualifiée parfois de « Pieuvre », est l’entité la plus importante du Ministère des Finances tout en étant la plus opaque, avec 115 000 Agents sur les 145 000 qu’emploie Bercy.C’est elle qui gère les 4 200 « Centres des Finances Publiques » disséminés à travers le pays.On avait déjà eu quelques échos sur les abus de la DGFIP dans différents Ouvrages dont les Informations se recoupaient.

Olivier Babeau, le jeune professeur d’Economie de Bordeaux, dans son dernier essai« L’HorreurPolitique.L’État contre la Société (Les Belles Lettres, 2017), nous avait appris que Bercy comptait « à lui seul 193 des 219 Fonctionnaires les mieux payés de France », et que « les Administrateurs des Finances y gagnent entre 15 000 et 20 000 euros par mois. ».De leur côté, Thomas Bronnec et Laurent Fargues, les auteurs de « Bercyau cœur du Pouvoir »(Denoël, 2011), avaient pointé « des grilles de rémunération à Bercy plus intéressantes que dans d’autres Ministères pour l’encadrement supérieur [avec] une fourchette entre 15 000 et 17 000 euros net en moyenne par mois pour les directeurs installés de longue date. ».Rappelons que les ministres émargent à 10 000 euros brut et que le Premier Ministre ainsi que le Président sont à 15 000.Le cœur de Bercy est contrôlé par des super privilégiés qui s’attribuent à eux-mêmes les plus beaux salaires de la Fonction Publique, supérieurs à ceux de tous les Ministres et du Président lui-même à quoi certains ajoutent parfois des « Indemnités sans fondement légal ».Et on ne sait rien, bien entendu, de la part non imposable de leur rémunération globale et de leurs avantages en nature !

Le problème s’est encore aggravé en cette fin d’année avec la découverte par l’ancien député socialiste René Dosière, le « Monsieur Propre » des Dépenses Publiques, que les salaires des conseillers du ouvernement Philippe avaient augmenté de plus de 20 % par rapport à ceux du gouvernement Valls en 2016.Autant la machine gouvernementale obéit àdes règles strictes, autant un flou artistique règne sur les conseillers ministériels, pour lesquels il n’existe pas de grille des salaires.Du coup, à Bercy, on se retrouve de nouveau en pleine opacité et on s’en donne à cœur joie : ainsi les jeunes hauts fonctionnaires, énarques ou pas, envoyés au charbon dans les cabinets ministériels peuvent-ils y profiter de ces indemnités de sujétions particulières (ISP) réservées aux fonctionnaires, qui leur permettent parfois de doubler leur rémunération.Selon Michel Revol du « Point », qui a réussi à obtenir des Informations de première main, ces ISP pour les fonctionnaires de Bercy ont augmenté de 39 % par rapport à 2016, un record, et se montent à 5 484 euros par mois en moyenne, un autre record : s’ajoutant à leur salaire de base, cela leur donne un traitement brut moyen de 12 000 euros par mois, bien plus que celui de leur ministre !

On a vraiment le sentiment que ces gens vivent dans un autre monde, à de folles altitudes où tout est permis, même le pire, habités qu’ils sont d’un sentiment d’invulnérabilité, quoi que puisse en dire la Cour des Comptes depuis une vingtaine d’années.Ces mêmes hauts fonctionnaires de Bercy, en outre, n’ont rien trouvé de mieux que de se réjouir, et de le faire savoir, des dernières rentrées fiscales de l’impôt sur les sociétés en décembre, supérieures d’un milliard d’euros à leurs prévisions.Un racket indigne d’une économie ouverte sur le monde, orchestré par des hauts fonctionnaires et des ministres qui n’ont même pas commencé à préparer ne serait-ce que le début d’une Réduction significative des dépenses publiques du mammouth hexagonal.L’image fiscale de la France à l’étranger est, cette fois, atteinte pour longtemps.Comment des Investisseurs internationaux pourraient-ils avoir confiance dans nos girouettes de Bercy ?Quant à nos hauts fonctionnaires de la DGFIP, ils seraient bien inspirés d’éviter à l’avenir ces inconvenantes réjouissances sur les « rendements » du matraquage fiscal qu’ils continuent d’imposer à l’économie française,tout en s’attribuant à eux-mêmes des largesses illégales.

Les adeptes du matraquage fiscal sont donc beaucoup plus laxistes en ce qui concerne leur propre situation ; mais ça on le savait déjà !Nous avons clairement affaire à une clique de privilégiés qui se croient tout permis, qui se pensent au-dessus des lois qu’ils appliquent durement au citoyen ordinaire et qui profitent impunément, de manière abusive, de l’argent gratuit extorqué au contribuable !Les politiciens français ont créé, avec Bercy, un Monstre administratif aussi nuisible qu’inutile, qui s’arroge illégalement des droits invraisemblables aux frais de la collectivité !On a clairement l’impression d’être revenu au « bon vieux temps » des ermiers généraux de l’Ancien Régime ; ces collecteurs d’impôts, qui se faisaient affermer (d’où leur nom) le recouvrement de l’Impôt.On estimait le montant de l’impôt recouvrable dans une région et ils avançaient au roi, moyennant commission, l’Impôt à recouvrer à charge pour eux d’utiliser tous les moyens pour récupérer ensuite, sur la population, les sommes avancées ; ce qui a donné lieu à de nombreux abus (ils s’en mettaient plein les poches) !La Cour des Comptes a dénoncé ces abus mais quelles sanctions seront encourues par les contrevenants ? Aucune !Sarkozy avait dit qu’il allait passer les Cités au Kärcher !Très franchement, un bon coup de Kärcher s’impose à Bercy et la Morale de cette histoire est que les Bandits ne sont pas toujours où on vous dit qu’ils sont


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