Il n’est pas possible pour aujourd’hui et pour demain d’oublier Kobané

dimanche 12 octobre 2014.
 

Pas une arme pour Kobané, pas un geste pour les réfugiés, pas de coups de semonce pour Erdogan !!!

Et pourtant, ils résistent. Assaillis par les phalanges au drapeau noir, équipées de chars et d’artillerie, les Kurdes syriens résistent pied à pied, rue par rue, maison par maison. Moins nombreux et mal armés, leur cause est perdue, nous dit-on. Peut-être, si les États-Unis et la France continuent à privilégier les calculs sordides de la Turquie, qui feint de combattre Daesh quand ce sont les Kurdes qu’elle veut éliminer. Sur la colline, en face de Kobané, une quinzaine de blindés turcs pourraient pilonner et réduire les positions des gangs islamistes qui se prétendent un État. Mais non  ! Le président Erdogan a marchandé sa participation à la coalition de bric et de broc que pilote Barack Obama  ; il veut obtenir une zone tampon en Syrie, dans laquelle il ferait la loi et soumettrait ces Kurdes qui rêvent d’un pays où ils seraient légitimes.

En Turquie même, le régime a massacré ces deux derniers jours une vingtaine de manifestants sans un mot de protestation des chancelleries occidentales. Pas une arme pour Kobané, pas un geste pour les réfugiés, pas de coups de semonce pour Erdogan… Ponce Pilate porte l’habit.

C’est au mur qu’on juge le maçon  ; à ses actes qu’on apprécie cette coalition anti-Daesh, où se tapissent les États qui ont financé la terreur djihadiste, ceux qui ont semé le chaos en Irak et en Libye, ceux enfin qui, comme la France, ont des gouvernants qui puisent leur imagination dans le legs et le vocabulaire de George Bush, en oubliant que la France est le pays où la politique est une arme de construction massive. Pour quoi  ? Contre qui  ? Avec qui  ? Quels choix de développement et quelles édifications étatiques  ?

Ces questions vont de soi au lieu de brandir son impuissance  ! Elles ont été soigneusement balayées sous le tapis au profit de « l’encens grossier de déclarations fumeuses », d’une nouvelle guerre de civilisation sans queue ni tête, qui risque d’incendier ce qu’elle prétend sauver.

Non, il n’est pas possible pour aujourd’hui et pour demain d’oublier Kobané. Et ce vers de Paul Éluard  : « Les multiples erreurs donnent la main aux crimes. »

Par Patrick Apel-Muller, L’Humanité


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