Les Kurdes syriens, seuls mais déterminés à vaincre Daesh

jeudi 25 septembre 2014.
 

Les Kurdes syriens continuent de résister farouchement contre les attaques sans précédentes des jihadistes de Daesh dans la région de Kobané depuis 15 septembre. Malgré des armes lourdes et le soutien ouvert de la Turquie, cette petite région défie la barbarie pour sauver l’honneur de l’humanité.

Histoire, oppression et lutte du peuple kurde

De violents combats se poursuivaient le 22 septembre au nord, au sud et à l’est de la région de Kobané, assiégée par l’organisation barbare Daesh. Cette attaque de Daesh est la plus importante de toutes depuis deux ans contre le Kurdistan syrien. Déjà une vaste attaque jihadiste avait été brisée par des combattants kurdes en juillet.

LA COMPLEXITÉ GÉOGRAPHIQUE DE LA RÉGION

Kobané est le plus petit des trois cantons du Kurdistan syrien. La situation géographique du Kurdistan syrien est complexe, en raison de la politique discriminatoire des dizaines d’années du régime syrien qui a installé des villages et des quartiers arabes dans toute la région kurde pour contrôler, forcer à l’immigration et réprimer toute revendication légitime.

Depuis début de la révolte syrienne, lancée en mars 2012, la région de Kobané n’a pas de liens terrestres avec les cantons de Jazira et Afrin. Le Kurdistan de Turquie offre le seul accès à cette région, ce qui empêche d’envoyer des renforts depuis les autres cantons pour combattre les jihadites. Malgré ce rapport de forces déséquilibré, les combattants kurdes ont jusqu’à maintenant réussi à être le seul rempart contre Daesh.

LES KURDES LANCENT UNE CONTRE-ATTAQUE, PLUS DE 230 JIHADISTES TUÉS

Face au silence mortel de l’Occident, des centaines de combattants kurdes du Kurdistan de Turquie ont franchi la frontière pour donner main forte aux combattants des Unités de défense du peuple (YPG), armée kurdes constituée de femmes et d’hommes.

Les combattants kurdes ont d’abord stoppé l’avancée des jihadistes de Daesh près de la ville de Kobané, après avoir évacué les villages pour éviter de nouveaux massacres. Les YPG, avec l’appui des combattants du PKK, commencent à repousser les jihadistes, même si la ville reste assiégée. Plus de 230 jihadistes dont au moins un émir ont été tués, plusieurs tanks et de nombreux canons antiaériens ont été détruits, entre les 15 et 22 septembre, selon le centre de presse des YPG. Au total 32 combattants kurdes ont perdu la vie dans ces combats au cours desquels les YPG ont détruit quatre tanks, vingt véhicules dont sept transportant des canons antiaériens et sept autres canons antiaériens. Dix-sept kalachnikofs, deux M16, un obus, un BKC, un lance-roquette ont en outre été saisis, selon les YPG.

Parallèlement les combattants kurdes syriens ont lancé des attaques visant les jihadistes de Daesh dans l’ouest de Sêrékaniyé (Rass al-Aîn), à 180 km de Kobané, libérant la majorité du district de Mabruka. Située dans le canton de Jazira, la ville de Sêrékaniyé est la ville la plus proche de Kobané.

DES JIHADISTES ÉTRANGERS ARRETÉS

La plupart des jihadistes qui attaquent les kurdes de Kobané sont d’origine étrangère. Le 20 septembre trois jihadistes, dont deux frères citoyens belges, ont été arrêtés samedi 20 septembre par des combattants kurdes syriens sur la frontière avec la Turquie. Il s’agit de Yassin Ahmad Djami et son frère Amin, d’origine marocaine. Le troisième est un français, Omar Belkassem. Ils voulaient rejoindre les rangs de Daesh, ennemi de l’humanité. Après avoir arrêté ces trois jihadistes étrangers, les YPG ont tué un saoudien, Abou Bakr al-Qussaïmi, lors des combats dans la région de Kobané.

LE PKK A APPELÉ A LA MOBILISATION GÉNÉRALE

Le PKK a appelé à la mobilisation générale, soulignant sa détermination àde repousser toutes les attaques. Le PKK a affirmé dans un communiqué que toutes les balles tirées par Daesh devraient être considérées comme les balles tirées par le régime turc. « Le jour de gloire et d’honneur est arrivé. Il n’existe plus aucune limite dans la résistance (…) Nous appelons notre peuple tout entier ainsi que nos amis à augmenter leur résistance au Kurdistan et à Kobané. »

Un haut responsable du PKK, Duran Kalkan a appelé les autorités kurdes du Kurdistan irakien à lancer des attaques sur tous les fronts dans leur région pour pouvoir aider les Kurdes syriens. « Si vous voulez soutenir, combattez, frappez » a-t-il dit, dans une interview à l’agence de presse kurde Firat News. Il a également souligné que l’avenir du processus de paix en Turquie dépend de la résistance de Kobané. Pour lui, le sort du Kobané qui est une ville clé définira l’avenir du processus de paix et de la région

3 000 KURDES SYRIENS SONT RETOURNÉS A KOBANÉ POUR COMBATTRE

Des milliers de kurdes de Turquie affluent depuis plusieurs jours sur la frontière avec Kobané pour protester les attaques jihadistes et la complicité de l’Etat turc. De violents heurts ont éclaté entre les manifestants et les forces turques, après l’intervention de ces dernières qui ont tiré également à balles réelles.

Le 22 septembre, plus de 3.000 Kurdes syriens qui s’étaient réfugiés au Kurdistan de Turquie sont retournés à Kobané, pour participer aux combats.

LA TURQUIE AURAIT DONNÉ DES TANKS A DAESH

L’agence de presse kurde DIHA a publié des témoignages sur le soutien militaire de la Turquie aux jihadistes de Daesh. Selon les témoins, l’armée turque a envoyé dans un train au moins dix tanks et une grande quantité d’armes et munitions destination de Daesh. Le train aurait déposé sa charge dans le village arabe de Sibkiran.

La plupart des armes lourdes qui sont entre les mains de Daesh proviennent de la Turquie, a affirmé le commandant des YPG, Sipan Hamo, selon le journal turc Cumhuriyet.

Le quotidien Birgun a de son coté révélé l’existence d’un hôpital jihadiste en plein Antep, une ville frontalière avec la Syrie. Cet établissement aurait une capacité d’accueil totale de 75 lits

B) Kurdistan de Syrie : vaste offensive de l’Etat islamique contre Kobanê

Halte aux offensives barbares de l’EI à Kobanê !

Sanctions contre les Etats qui soutiennent les djihadistes !

Appel à manifester samedi 20 septembre, 16h, devant la Fontaine des Innocents (Place Joachim du Bellay, Paris 1)

Depuis le 15 septembre, l’organisation terroriste qui se fait appeler l’Etat islamique (EI) mène de vastes offensives contre Kobanê (Ain al Arab), l’un des trois cantons autonomes kurdes du Rojava (Kurdistan de Syrie). Elle attaque brutalement avec une artillerie lourde ramenée d’Irak ainsi qu’avec le soutien de la Turquie voisine qui lui fait parvenir des armes et des véhicules militaires et lui ouvre sa frontière pour lui permettre d’évacuer ses blessés et les faire soigner, alors que cette frontière est fermée aux réfugiés kurdes qui fuient les attaques des djihadistes.

Malgré la mobilisation et la résistance acharnée des YPG (Unités de Protection du Peuple du Rojava) et des YPJ (Unités de femmes combattantes) qui ne manquent pas d’expérience dans le combat contre les djihadistes, mais dont les moyens militaires sont limités, les djihadistes se sont emparé d’une vingtaine de villages autour de Kobanê, provoquant l’exode de milliers de personnes, et menaçant dangereusement la ville qui est quasiment encerclée. Des morts de civils sont d’ors et déjà à déplorer, mais on ne connaît pas encore leur nombre.

Face à l’hypocrisie de la communauté internationale qui prétend vouloir former une coalition pour contrer l’EI, mais reste indifférente à la menace que fait peser cette organisation sur les Kurdes de Syrie, les représentants des cantons autonomes du Rojava ont lancé hier un cri d’alerte, appelant à briser le silence entourant les offensives de l’EI dans la région, afin d’éviter de nouveaux massacres et une tragédie humanitaire semblable à celle de Shengal (Sinjar) au Kurdistan d’Irak. Ils ont en outre appelé la communauté internationale à agir par tous les moyens pour faire cesser le soutien de la Turquie aux djihadistes.

En dépit de leurs moyens militaires limités, les Kurdes sont unis et mobilisés pour combattre l’EI sur tous les fronts. Les autorités du Rojava et l’Union des Communautés du Kurdistan (KCK) ont lancé un appel à la mobilisation générale pour résister contre le fléau djihadiste. De son côté, le principal parti kurde de Turquie, le DBP (Parti Démocratique des Régions), organise une résistance civile, appelant à occuper la frontière entre la Turquie et Kobanê afin de permettre aux réfugiés d’entrer en Turquie et d’empêcher la livraison d’armes et de munitions à l’EI.

La Fédération des Associations Kurdes de France appelle à manifester samedi 20 septembre pour demander à la communauté internationale de :

adopter immédiatement des sanctions contre les Etats qui soutiennent l’EI, en particulier la Turquie ;

prendre des mesures urgentes pour protéger la population de Kobanê et notamment faire en sorte que les réfugiés puissent passer la frontière turque et qu’ils bénéficient d’une aide humanitaire appropriée ;

soutenir les forces kurdes qui sont le principal rempart contre l’EI en Syrie et en Irak.

Fédération des Associations Kurdes de France (FEYKA)

16, rue d’Enghien - 75010 Paris

Tel : 09.52.51.09.34


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