"Le choc d’une claque"

mercredi 2 avril 2014.
 

Le Parti socialiste a perdu hier soir plus de 100 villes de plus de 10 000 habitants. L’électorat populaire n’a pas voulu se mobiliser pour renverser les situations et a confirmé son choix du premier tour. Les noms de villes dont le PS avait fait le socle de son influence tombaient peu à peu comme des prises de guerre de l’UMP  : Limoges, Belfort, Nevers, Roubaix, Tourcoing, Angers, Pau, Saint-Étienne, Reims, Quimper, Brive-la-Gaillarde, Laval, Périgueux…

avec l’exception quasi unique du gain d’Avignon et la consolation parisienne du succès d’Anne Hidalgo.

La carte municipale de la France a profondément changé et, dans les régions et les départements, on imagine ce qu’un tel mouvement pourrait signifier dans ces collectivités. D’ores et déjà, les rêves de métropoles dominées par les barons de la majorité gouvernementale s’envolent. Le Front national l’a emporté dans deux grandes villes, à Béziers et à Fréjus, mais aussi à Hayange ou Beaucaire. Il perd en revanche à Perpignan, Carpentras, Saint-Gilles et Florange.

Les premiers résultats concernant des mairies communistes montraient une meilleure résistance avec leurs confirmations à Dieppe, Martigues, Port-de-Bouc, Arles, Vierzon, Firminy, Villerupt, Échirolles, Fontaine… Mais des pertes étaient enregistrées, comme à Roissy-en-Brie. L’UMP plastronnait hier, Jean-François Copé proclamant que l’UMP est devenu le premier parti de France. Il aurait tort cependant d’interpréter ces résultats comme une adhésion au sarkozysme et au libéralisme sécuritaire qui ont été rejetés il y a moins de deux ans.

Tout confirme qu’à moins de faire le choix d’une crise politique grave et d’une rupture entre le pouvoir et les citoyens, un changement de cap gouvernemental est nécessaire. Tout artifice, tout changement de tête sans rupture avec les politiques d’austérité, remanier aujourd’hui pour ne rien changer, sera interprété comme un mépris. D’autres claques suivraient alors celle enregistrée aux municipales, jusqu’à dévaster le paysage de la gauche. Durant les jours qui viennent, les bouches doivent s’ouvrir à gauche pour retrouver les valeurs de solidarité, d’égalité et de justice que la politique gouvernementale a abandonnées et que l’électorat populaire attend malgré la profondeur de son désenchantement. L’aile gauche du PS jugeait ainsi que le «  pacte de responsabilité est mort-né  ». Il est urgent de refouler le social-libéralisme.

Remanier pour ne rien changer conduirait à des désastres politiques pires encore.

Par Patrick Apel-Muller, L’Humanité


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