Pourquoi Marine Le Pen n’exclut pas Bruno Gollnisch, toujours défenseur de l’apartheid

dimanche 15 décembre 2013.
 

La triste mort de Nelson Mandela, ancien Président de l’Afrique du Sud, grande figure de la lutte contre l’Apartheid, ce monstrueux racisme d’Etat, aura eu pour effet indirect de mettre à nue une nouvelle fois la grande hypocrisie et le cynisme qui règnent actuellement à la direction du Front National.

Pour preuve, l’abject communiqué, publié sur son blog, de Bruno Gollnisch, Député européen et Conseiller Régional, membre du Bureau politique du FN, qui a le mérite de rafraîchir la mémoire à tous nos concitoyens : le FN est le principal parti politique français ayant publiquement et activement soutenu, particulièrement durant les années 80, l’Apartheid et le régime Afrikaner.

Comme le rappelle, blanc sur noir (si j’ose dire) et sans honte, M. Gollnisch : « Jean-Marie Le Pen et le FN estimèrent à cette période que le régime afrikaner était alors de loin un moindre mal, un facteur de stabilité et de richesses ». Oui, vous avez bien lu. Il a osé écrire que le régime raciste proclamé officiellement en 1948, issu d’une longue histoire de trois siècles d’un colonialisme brutal, était un « moindre mal ». Par rapport à quoi ? M. Gollnisch n’ose l’écrire. Mais, on se doute que, dans son esprit, le mal supérieur eut été un pays où les noirs eurent plus de pouvoir politique et économique ce qui, selon lui sans doute était voué à l’échec par nature. Au moins c’est clair.Ainsi, le FN, s’appuyant sur cette vision, nourrie des théoriciens racistes d’Afrique du Sud, insultait à l’époque M. Mandela, le traitait de « terroriste », considérait même que c’était lui et ses camarades les racistes (ce que M. Gollnish écrit toujours à propos de l’ancienne femme de Nelson Mandela) et s’opposait activement, à l’Assemblée nationale ou au Parlement européen, à toute forme de boycott économique pour que cesse au plus vite le régime d’Apartheid.

M. Gollnish ne regrette donc toujours pas d’avoir longtemps défendu avec M. Le Pen un régime ouvertement raciste. Il assume. Et cela ne gêne personne dans son parti. Il en reste un des principaux dirigeants les plus en vue. Aucune sanction n’est prévue contre lui. Il sera candidat tête de liste du FN aux prochaines élections municipales dans la commune de Hyères (Var) et sera vraisemblablement à nouveau candidat aux élections européennes.

Dès lors, quelques questions se posent directement à Marine Le Pen.

Pourquoi exclure il y a quelques jours une militante inconnue du FN, peu expérimentée, qui a scandaleusement publiée sur son profil Facebook une photo comparant Christiane Taubira à un singe, si l’on tolère que l’une des principales figures médiatiques et politiques du Parti justifie encore l’Apartheid, régime où le racisme contre les noirs était institutionnel ?

Pourquoi exclure il y a deux ans, un jeune militant FN inconnu, car il se fait prendre en photo le bras tendu devant un drapeau nazi, si l’on tolère par ailleurs qu’un membre actuel de la direction du FN, justifie encore aujourd’hui un odieux régime de ségrégation raciale pratiquant un racisme institutionnel ?

Il y a là un deux poids, deux mesures, qui intellectuellement n’est pas soutenable.

L’opération de communication menée depuis des mois par Marine Le Pen visant à faire croire que le FN, parti d’extrême droite, avait fondamentalement changé, vient d’être percutée par la réalité. Dans ce cadre là d’ailleurs, maquillant aussi le passé du FN, elle avait même osé dire au micro de France Inter en juillet 2013 : « mon père a toujours condamné l’apartheid » ce qui est absolument faux. Mais, revenons à l’actualité, puisque Mme Le Pen n’exclut pas M. Bruno Gollnisch après son nouveau plaidoyer pro-Apartheid, c’est bien la preuve que cette opinion d’extrême droite est tout à fait à l’aise au sein de la plus haute instance du Front national. Et pour cause, elle est celle depuis toujours de l’actuel Président d’honneur du Front national avec lequel, Mme Marine Le Pen a toujours considéré : « Jean-Marie le Pen et moi, nous pensons la même chose ». Dont acte.

Dans ces conditions, le message hypocrite (comment le qualifier autrement ?) de Marine Le Pen à propos de la mort de Nelson Mandela, doit être lu avec une certaine vigilance. En quelques lignes, à aucun moment, la Présidente du FN ne lui rend hommage car il a lutté contre l’Apartheid, à aucun moment elle rappelle que cet homme fut placé 27 ans en prison, à aucun elle ne précise qu’il fut avec son peuple victime du racisme le plus violent. Elle se contente de dire sobrement que Mandela, une fois élu président, a « réussi à sortir son pays de la guerre civile » sans que l’on sache qui en était vraiment responsable.Ce qui revient finalement avec d’autres mots, et des silences, à dire la même chose que Jean-Marie Le Pen et Bruno Gollnisch.

Au Front national, on défend donc toujours l’Apartheid, officiellement mis en place en Afrique du Sud de 1948 à 1991. Au Front national, la communication a changé mais pas les idées.


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