Quand Paul-Marie Couteaux (porte-parole de M Le Pen) défend les riches sur France Inter

mercredi 11 avril 2012.
 

Vous le savez, le rythme fou de cette campagne m’empêche de nourrir ce blog à la cadence qui le mérite. Mais, je dois dire que la progression constante de nos idées efface toutes les fatigues. Quel bonheur ! 9 000 personnes pour écouter Jean-Luc Mélenchon à Clermont-Ferrand. Incroyable. Ils n’étaient que 7 000 à Marseille pour François Hollande. Je mesure cette dynamique qui ne touche pas que les meetings de Jean-Luc, elle est présente aussi dans les réunions où j’interviens, et c’est idem pour mes amis. J’étais à Rodez pour un magnifique meeting de 500 personnes avec mon ami Guilhem Serieys et Marie-Pierre Vieu. Ensuite, Blois avec André Chassaigne... Corbeil-Essonnes invité par mon camarade Romain Jammes... Nîmes pour l’après-midi avant de remonter à Paris etc, etc…

Ce rythme élevé est le même pour tous les dirigeants du Front de Gauche. A cela s’ajoute des interventions dans les médias auquel je réponds toujours avec enthousiasme. A vous de juger si j’assume comme il le faut l’honneur de représenter et d’expliquer notre cause à la télé ou la radio.

Lundi dernier, j’étais l’invité du Téléphone sonne sur France Inter, animé cette fois ci par Pierre Weil. Le sujet était « Faut-il faire payer les riches ? ». J’avais face à moi, Jean Arthuis pour représenter François Bayrou et Paul-Marie Couteaux pour Marine Le Pen. Je ne m’attarde pas sur le cas de Jean Arthuis, rigide homme de droite qui défend et sert les puissants depuis bien longtemps. Lui, ne biaise pas. Il fut par le passé Ministre des Finances de Jacques Chirac. Sa présence aux côtés de François Bayrou illustre combien ce dernier se veut être un candidat alternatif de la droite.

Je veux davantage attirer l’attention du lecteur sur les propos de Paul-marie Couteaux qui s’est présenté lors de l’émission de France Inter, comme le porte-parole de Marine Le Pen, la candidate du FN. Vous pouvez réécouter l’émission, mais j’ai pris soin de retranscrire ses propos qui semblent éclairer la fonction politique du FN dans cette campagne.

Voici donc un florilège des propos de Paul-Marie Couteaux au nom du FN. Au sujet de la proposition de François Hollande qui veut prélever 75 % de ceux qui gagnent plus de un million d’euros par an, il déclare : « La proposition de François Hollande n’est pas tout à fait digne d’un grand candidat à une fonction éminente d’un Etat, car elle est outrageusement démagogique, bien entendu. Comme l’a dit Jean Arthuis avant moi, il l’a dit plus gentiment que moi, mais on se tient la main. » Il continue : « La démagogie est déversée à flot sur un pauvre peuple auquel on veut donner l’impression que la solution se trouve dans une espèce de jeu de vases communicants : les pauvres seront moins pauvres, si les riches sont moins riches ». On croirait entendre Laurence Parisot du MEDEF. Plus loin, il affirme : « Il n’est pas bon de donner entendre encore une fois que les français luttent les uns contre les autres », car pour lui, la France « doit se défendre avec toutes ses armes, celles des riches et de la richesse ».

Dans le deuxième temps de l’émission, alors que nous croisons le fer toujours sur le même sujet, il me répond : « Je prolonge ce que vient de dire Jean Arthuis que j’approuve (..) le débat pauvrement démagogique consiste à proposer aux pauvres de s’enrichir en faisant payer les riches lesquels riches, contrairement à ce que vous dites, ne sont pas si bien que cela en France. Il y a quand même 400 000 émigrés français à Bruxelles, ce n’est pas rien 400 000 ! Si ils le sont, ce n’est pas pour rien et, je ne ferai pas l’éloge de la richesse, mais tout de même ! Considérez, préparez-vous M. Corbière là je vais faire bondir , que dans l’Histoire de France, les grandes fortunes ont souvent contribuées à la fortune nationale, à l’entretien du patrimoine, aux Arts, aux mécénats et il n’est pas inutile de penser à la fonction sociale de la richesse ».

Je m’arrête sur ses mots pour souligner d’abord sa lourde insistance à dire qu’il est d’accord avec un homme de droite, en l’occurrence M. Arthuis, contre moi, et aussi surtout cet éloge obséquieux des « bons riches » qui, selon lui, ont fait la grandeur de la France, et que le bon peuple devrait remercier. Pouah ! C’est justement contre cette vision du monde que nous avons fait la Révolution Française. A demi-mot, ce petit monsieur, pseudo républicain, défend l’Ancien Régime, ou une sorte de système « Louis Philippard » dans lequel il faut applaudir la nouvelle aristocratie bourgeoise, le mécénat des riches éclairés qui donnent une part de leurs fortunes, selon leur bon vouloir et leur humeur, plutôt que favoriser la puissance publique qui doit exprimer l’intérêt général. Je n’exagère pas, dans la polémique contre moi, il me lâchera : « ce n’est pas la fiscalité qui résorbera la question des inégalités ». Balbutiant encore d’autres arguments ineptes, il déclarera aussi « Cela dépend de l’usage qui est fait de la fortune, de très grandes fortunes ont puissamment servies la France, y compris pour faire vivre une grande partie du peuple français, y compris le plus misérable. Je n’aime pas du tout cette opposition systématique entre les pauvres et les riches ». Il pensera me clouer le bec en me lançant : « Ce n’est pas en taxant, M. Corbière, et en faisant fuir les riches » que l’on s’en sortira. Intellectuellement, cet homme est un laquais des puissants. Voilà le vrai visage de ceux de défendent Marine Le Pen et le FN. C’est assez sidérant… et disons-le, franchement grotesque.

Quand je lui mentionne que ce que fait le FN, qui fait huer les étrangers (comme l’UMP) dans ses meetings, est indigne, il me répond « Et vous, vous faites huer les riches. C’est la même logique. » L’aveu !J’observe donc au passage qu’il ne conteste pas que l’on fait bien huer les étrangers dans les meetings FN. Mais, dans son indignation de petit-bourgeois radicalisé qui sort de ses gonds, il poursuit sur les mesures fiscales du PS et du Front de Gauche : « Ce n’est pas seulement démagogique, c’est plus grave, on est dans le stigmatisation, vous l’avez dit M. Arthuis, on est dans la haine et d’une certaine façon, je crois qu’il est grave d’être candidat à la Présidence de la république en excitant des haines simplement pour complaire au plus grand nombre ».

Oui, vous avez bien lu, c’est le représentant du FN qui parle ainsi quand la gauche dit qu’il faut faire payer davantage d’impôt aux plus riches… Le coquin, ses propos le démasque. Cet homme ne sert pas le peuple français qui souffre. Qui peut être dupe devant tant de mauvaise foi et de sottises ? Il terminera l’émission en disant concernant les niches fiscales « elles sont parfois bonnes, parfois mauvaises ». Mais, bien sûr… Je rappelle qu’elles coûtent chaque année 65 milliards d’euros à la puissance publique.

Ce débat fut éclairant. Voilà donc les idées du FN présentées par Couteaux : ne pas faire payer plus d’impôts aux riches, approuver les propos de la droite en matière de fiscalité, défendre les niches fiscales… Eclairant, non ?


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