« DES PAROLES ET DES ACTES » : Mélenchon et la muette (vidéo et 3 articles)

jeudi 8 mars 2012.
 

Hier soir, jeudi 23 février 2012, Marine Le Pen devait débattre avec Jean Luc Mélenchon dans l’émission Des paroles et des actes. Jeudi 23 février 2012, M. Le Pen devait débattre avec Jean Luc Mélenchon dans l’émission Des paroles et des actes. Dans un premier temps, elle avait refusé cette rencontre ; dans un deuxième, elle avait expliqué qu’elle ne refusait pas mais qu’elle ne dirait rien ; dans un troisième, elle avait accepté ; sur place, elle a joué la bouderie, fui la discussion...

Elle a commencé par une diatribe demandant des excuses à son interlocuteur. Celui-ci a refusé d’en faire ; par contre, il a donné son opinion sur le programme du front national sans que Marine Le Pen ne lui accorde la moindre attention, feuilletant ses notes puis un journal.

Finalement, la présidente du FN a repris la parole pour traiter le candidat du Front de Gauche de « leurre » et de « voiture-balais ».

Pour visionner la vidéo de cette confrontation, cliquer sur l’adresse URL portée en source de cet article (haut de page, couleur rouge)

1) Marine Le Pen démystifiée en direct par Jean-Luc Mélenchon

La candidate du Front national à la présidentielle a refusé de répondre aux questions de Jean-Luc Mélenchon sur le thème de l’égalité homme-femme lors de l’émission de France 2 Des Paroles et des actes, ce jeudi soir. Jouant la victime et passant de la bouderie à l’ignorance de son interlocuteur, elle s’est montré hautaine en déniant toute légitimité au candidat du Front de gauche.

Après s’être pliée aux principes de l’émission et avoir accepté de répondre aux questions des journalistes et de son premier contradicteur, Henri Guaino, le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen s’est nettement crispée à l’arrivée de Jean-Luc Mélenchon, s’enfermant dans sa bouderie. Elle s’en est d’abord prise à l’organisation de Des Paroles et des Actes, estimant que celle-ci lui avait réservé "un sort" particulier en lui imposant un contradicteur. Une affirmation réfutée par David Pujadas, l’animateur de l’émission, qui a expliqué qu’aucun des invités ne choisissait son interlocuteur dans le face à face de fin.

Par 5 fois, Marine Le Pen refuse de répondre

Ensuite, Marine Le Pen s’est ingéniée à dénier toute réponse aux mises en cause de Jean-Luc Mélenchon sur le programme du Front national. "Ce débat n’a pas de sens car vous n’êtes pas au même niveau électoral que moi. Je voudrais débattre avec ceux à qui je pourrais prendre la place", explique t-elle dans un premier temps,en pensant à François Hollande et Nicolas Sarkozy. Puis, elle affirme "vous n’êtes pas un vrai candidat. Vous avez dit que vous alliez travailler avec M Hollande au deuxième tour." La leader de l’extrême-droite pousse la posture jusqu’à poser des conditions, à la manière d’un enfant : "Je ne débattrai pas avec M. Mélenchon. Ou alors après deux conditions. Si vous présentez vos excuses et si vous prenez l’engagement solennel de ne pas appeler à voter Hollande au deuxième tour."

Puis, midinette au bout d’un long quart d’heure de refus, elle lance en réponse à une nouvelle question de Jean-Luc Mélenchon : "M. Pujadas, je vous ai exprimé cinq fois que je ne souhaitais pas débattre avec M. Mélenchon. Il n’est qu’un leurre. Il y a deux sortes de leurre. Il y a ceux qui abandonnent avant (Borloo, Boutin, Morin, Nihous, ndlr), dès que Nicolas Sarkozy est en difficultée. Et puis il y a des leurres qui sont censés servir de rabatteur de voix. C’est le rôle de M. Mélenchon. Je ne veux discuter qu’avec quelqu’un qui a un projet. Je ne peux pas débattre avec la voiture balaie de M. Hollande."

"Vous n’êtes pas pour l’égalité homme-femme"

Tout à sa stratégie de démystification du discours frontiste comme lors de ses meetings, Jean-Luc Mélenchon lui a à chaque fois tendu la perche du débat, demandant des réponses à ses questions sur l’interruption volontaire de grossesse, que "vous ne réservez qu’aux riches", car le programme du Front National prévoit de supprimer son remboursement par l’Assurance maladie. "Cette dame a inventé une arnaque dénommée salaire parental à 660 euros. Elle crée un statut en dessous du seuil de pauvreté. Elle veut renvoyer les femmes à la maison et, en plus, elle les arnaque", souligne t-il ensuite, avant de mettre en lumière, toujours dans le programme du FN, l’invention de "l’adoption prénatale. Vous avez planifié l’invention d’une mère porteuse. Vous transformez le corps des femmes en fabrique à enfants. (...) Vous n’êtes pas pour l’égalité homme-femme".

"Vous ne servez à rien, qu’à distiller la haine"

Le candidat du Front de gauche a aussi répondu point par point aux dénigrements de Marine Le Pen. Sur le désistement au deuxième tour : "Nous, les gens de gauche, depuis un demi-siècle, nous nous désistons pour le mieux placé à gauche. Si c’est Poutou, nous nous désisterons pour Poutou. Depuis 40 ans, vous ne servez à rien qu’à distiller de la haine". Sur la haine à l’encontre des étrangers, Jean-Luc Mélenchon dénonce "cette obsession, cete névrose, qui la pousse à refuser les soins à un sans-papier". Sur les racines du Front national, il point enfin : "Vous auriez dû, dimanche dernier, vous lever et sortir lorsque l’infâme président de votre parti (Jean-Marie Le Pen, ndlr) a osé réciter un poète de Robert Brasillach, ce collabo."

Avant de quitter le plateau pour mettre fin à cette parodie de débat, le porteur du programme partagé a mis en garde Marine Le Pen : "Elle ne veut pas parler, elle a perdu ses moyens. Elle sait que le Front de gauche est sur ses traces et qu’il démystifiera son programme."

Article de L’Humanité

2) Face à Mélenchon, Marine Le Pen choisit de ne pas débattre (Le Monde)

Le débat avec Jean-Luc Mélenchon a marqué le seul relief d’une émission quelque peu terne

Il a fallu en effet attendre 23 heures passées pour que l’émission s’anime enfin. Marine Le Pen, qui était l’invitée de l’émission de France 2, Des paroles et des actes, était confrontée à Jean-Luc Mélenchon. A l’issue d’une laborieuse négociation avec la chaîne, ce débat avait été maintenu...

Mais au dernier moment, la candidate du Front national a refusé purement et simplement de répondre à son adversaire, estimant que ce dernier n’était pas "un vrai candidat", mais "la voiture balai" de François Hollande et exigeant de sa part des excuses pour ses propos passés, et son engagement à appeler à ne pas voter PS au second tour.

Du pain bénit pour M. Mélenchon. Le candidat du Front de gauche a attaqué bille en tête la candidate du Front national, refusant tout de go son argument, et expliquant : "Il n’y aura jamais une faille entre nous [les partis de gauche] pour vous mettre la pilée que vous méritez". Le candidat du Front de gauche a utilisé son temps de parole à dénoncer des éléments de programme du FN, comme l’abrogation de l’aide médicale d’Etat (AME) qui permet de soigner les étrangers en situation irrégulière. "Mme Le Pen semble ignorer que les microbes ignorent sur les humains sur lesquels ils sont s’ils ont des papiers ou pas de papiers", a critiqué M. Mélenchon.

Il a ensuite fustigé la citation par Jean-Marie Le Pen d’un poème de l’écrivain collaborationniste Robert Brasillach, samedi 18 février lors d’un discours à Lille. "Vous auriez dû vous lever et sortir quand l’infâme président de votre parti a cité Robert Brasillach, car un collabo reste un collabo quoi qu’il ait écrit"’, a dénoncé Jean-Luc Mélenchon face à une Marine Le Pen qui lisait ostensiblement un journal.

"Dès qu’elle tombe sur quelqu’un qui lui montre que ses argumentaires sont faux, elle regarde ses papiers comme elle est en train de le faire, elle regarde ailleurs car elle a peur", a encore critiqué le candidat du Front de gauche. "Votre mépris me laisse indifférent et j’ai l’intention de combattre votre infâme parti et votre infâme politique partout où je le pourrai".

Il s’en est également pris au projet FN de "salaire parental" pour les mères qui souhaitent ne pas travailler, ou encore aux attaques de certains cadres du parti, dont le compagnon de Mme Le Pen et vice-président du parti, Louis Aliot, contre "l’avortement de confort". Marine Le Pen n’exclut pas la possibilité de ne pas rembourser certains IVG.

3) POURQUOI MARINE LE PEN A PEUR D’AFFRONTER MÉLENCHON (par Alexis Corbière)

A l’occasion de l’émission « Des paroles et des actes » jeudi soir, en deuxième partie de l’émission, vers 22h, Jean-Luc Mélenchon sera confronté à Marine Le Pen. C’est du moins la proposition de France 2, immédiatement acceptée par le candidat du Front de gauche.

La chose est plus confuse de la part de la candidate du Front national qui, depuis quelques jours, cherche tous les prétextes pour échapper à ce débat dont elle sait, une fois de plus, qu’il ne tournera pas à son avantage.

Elle a avancé trois types d’arguments. Premièrement, elle préférait quelqu’un de l’UMP ou du PS. On comprend pourquoi aisément. C’est effectivement plus confortable pour elle d’être face à un partisan d’une politique d’austérité et qui soutient l’Europe actuelle empilant les mesures libérales.

Elle a manifestement sur ce point obtenu satisfaction puisque Henri Guaino, le conseiller de Nicolas Sarkozy, débattra d’abord avec elle. Curieux d’ailleurs qu’elle ne voit pas de difficultés à être confrontée à un conseiller non élu, qui ne s’est jamais présenté à une élection, mais qu’elle s’offusque de débattre avec un député européen comme elle, élu du peuple depuis 26 ans. D’un point de vue démocratique, sa dérobade est troublante.

Des arguments absurdes

Ensuite, elle a laissé entendre avec suffisance que Jean-Luc Mélenchon n’était pas à son niveau. Comme si ils ne boxaient pas dans la même catégorie. Bigre. Cette dame et son entourage semblent avoir pris une sacrée grosse tête. Mercredi soir, moi-même invité de l’émission « Le téléphone sonne » sur France Inter, face à l’un de ses portes paroles, je me suis vu rétorquer de sa part, pour justifier les hésitations de sa présidente : « Mais, Mélenchon, il n’existe pas ! » Quelle arrogance ! Aux dernières élections européennes de 2009, où tous les deux ont été élus, Le Front de Gauche a fait jeu égal avec le FN. Aujourd’hui, les sondages (si déterminant aux yeux du FN pour savoir qui existe ou pas) placent Jean-Luc Mélenchon a peu près au même niveau que le score obtenu par Jean-Marie Le Pen en 2007 (environ 9% des intentions de vote). Est-ce à dire qu’il y a 5 ans, le FN n’existait pas ? Absurde.

Elle prétexte enfin refuser ce débat car elle dit avoir été insulté par le Front de Gauche. Disons le franchement, oui, c’est exact. Il est tout de même piquant que le FN qui pendant des décennies a insulté des centaines de personnes, traitant certains de « pédophile » joue à présent les arbitres de bonnes convenances. Qu’importe. Oui, il nous est arrivé de qualifier Marine Le Pen et ses propositions de ce qu’elles sont : « semi-démentes« . Déjà, elle pourrait nous être un peu reconnaissante de placer le préfixe « semi » devant l’adjectif. Elle ne le ferait pas. Tant pis. Pour le reste, nous assumons totalement.

Oui, il est absurde de considérer, et de vouloir faire croire aux Français, que l’on va sortir de la grave crise économique de l’ultra-libéralisme dans laquelle nous sommes plongés, et qui trouve son origine aux Etats-Unis et son capitalisme spéculatif, en expulsant les étrangers de notre pays. Oui, il est bête de dire que l’on peut faire reculer les inégalités dans notre pays sans un autre partage des richesses. Oui, il est par exemple idiot, et politiquement criminel, de consacrer l’essentiel de son discours de Lille dimanche dernier, à la façon dont une minorité d’animaux sont abattus avant d’être mangé en Ile-de-France, plutôt que d’expliquer la réalité si importante du traité MES (Mécanisme Européen de Stabilité) qui devait être voté deux jours plus tard à l’Assemblée nationale.

L’extrême-droite, une force comme une autre

Cette façon de laisser croire que la menace qui plane sur notre société vient de l’intérieur, d’un complot ourdi dans l’ombre par nos concitoyens musulmans est abjecte. Donc, si le Front de Gauche « cogne » le FN, c’est parce que nous considérons que le ronronnement bonhomme dans lequel Marine Le Pen menait tranquillement campagne il y a encore quelques mois devait cesser. Car, progressivement, l’extrême droite devenait une force comme une autre sans que plus personne ne semble rien à redire. Des gens peu exigeants, et intéressés de la voir prendre une place centrale pour justifier l’appel au « vote utile », lui accordaient même des brevets de « laïcité », de « républicaine », elle-même ne voulait plus qu’on la qualifie « d’extrême-droite » et ses interlocuteurs obéissaient, etc. Grâce à l’offensive que mène le Front de Gauche, ce spectacle de responsabilité est terminé, le maquillage souriant du FN craquelle sous les coups de boutoirs que nous lui portons. Notre action modifie donc la scène politique. C’était le but.

En réaction, le FN se durcit et samedi dernier Jean-Marie Le Pen citait un poème, écrit en prison, de Robert Brasillach, à la tribune de la Convention du FN, en direct sur BFM, sous les applaudissements enthousiastes de ses militants. En cela, Jean-Marie Le Pen dit tout haut, ce que les militants FN pensent tout bas. Brasillach ? Il faut rappeler qui il était aux plus jeunes. Brasillach était le rédacteur en chef de « Je suis partout », le journal antisémite et pro-nazi qui fut le plus influent durant la collaboration. C’est dans ce journal, où chaque semaine les caricatures antisémites se succédaient, qu’il écrira le 25 septembre 1942 : « Il se séparer des juifs en bloc et ne pas garder les petits. » Ignoble. Voilà le « poète » que Le Pen cite sous les vivas de ses supporters. Il est parfois des citations de poème d’apparence innocent qui valent davantage que toutes les injures du monde.

Quelle « surprise » ?

Alors, que se passera-t-il ce mercredi soir ? Difficile encore d’y voir clair. Successivement, Marine Le Pen a affirmé qu’elle refusait ce débat, puis elle a accepté, puis elle l’a refusé encore en affirmant que « en aucun cas, je ne débattrai avec M. Mélenchon », et enfin dernièrement elle a menacé qu’elle lui réservait une « surprise ».

Quittera-t-elle le plateau ? Lui tournera-t-elle le dos ? Restera-t-elle silencieuse ? J’en doute en vérité. Peut-être finalement, elle ne fera aucun coup d’éclat, et elle devra débattre avec le candidat du Front de Gauche. C’est, de mon point de vue, le plus probable et la stratégie de menace de Marine Le Pen aura fait choux blancs.

Lors ce cette confrontation, une nouvelle fois, Jean-Luc Mélenchon fera œuvre utile pour toute la gauche. Il est d’ailleurs regrettable que le Front de gauche soit le seul à mener cette besogne. Il dégonflera la baudruche Le Pen, la fausse amie du peuple qui refuse dans son programme d’augmenter les petits salaires, de limiter les hauts revenus, qui s’oppose à tout encadrement des loyers, qui ne veut aucun droit nouveau pour les travailleurs dans l’entreprise, etc.

A quelques heures de cette confrontation, on comprend que Marine Le Pen ait le trouillomètre qui explose.

Source : http://www.placeaupeuple2012.fr/des...


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