Responsabilité politique : l’individu et le système

lundi 9 mai 2022.
 

La méthode dialectique s’oppose au schématisme.

Réponses à Robert Mascarell à son commentaire sur : "Nous, on peut !" http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

1) La concurrence libre et non faussée : un produit de l’imaginaire libéral.

La notion de concurrence libre et non faussée n’est qu’une pure fiction libérale.

Elle hérite de l’idée de "concurrence pure et parfaite" formalisée par Franck Knight en 1921 (elle-même issue de la notion de libre concurrence qui conduirait à un équilibre selon Léon Walras au XIXe siècle). Mais, peu à peu, depuis les années 1970 "des dizaines de théorèmes ont notamment établi que : l’équilibre général des marchés parfaitement concurrentiels est impossible : la libre concurrence aggrave le déséquilibre au lieu de les résorber ; la libre concurrence est inefficace en présence de biens publics, de rendements d’échelle croissants, d’interdépendance entre les fonctions d’utilité (externalités) et d’asymétrie d’information entre les agents ; la rivalité entre les agents est plus souvent moins efficace que leur coopération ; etc." (Jacques Généreux :La dissociété ; chapitre 7 : les fondements de la culture néolibérale et de la dissociété ;page 322 à 324 ; première édition). D’un point de vue théorique, ce paradigme économique ne repose sur aucune base scientifique fiable mais relève plutôt de la métaphysique comme l’explique Jacques Généreux dans son livre.

D’un point de vue politique, la concurrence ne peut être libre puisque les libéraux eux-mêmes instrumentalisent l’État pour faire passer des lois ou règlements favorisant tel ou tel groupe économique dominant. Mais ce peut être aussi, le refus d’adopter certains dispositions légales qui pourraient faire obstacle à la domination de la finance, comme notamment, des lois qui pourraient faire converger vers le haut la protection sociale en Europe et harmoniser la fiscalité, par exemple.

En fin de compte il s’agit essentiellement pour les libéraux, en se dissimulant derrière le rideau de fumée de plus en plus ténu s’élevant au-dessus des cendres fumantes et fumeuses de leurs pseudo théories, de justifier la liberté du renard dans le poulailler.

Le dépouillement des citoyens par des bandits commandités par des organisations de malfaiteurs ne s’effectue plus par attaque à main armée, mais par des traders aux ordres des organisations financières, dont les banques. Avantage considérable de ce type de prédation pour le prédateur : la tactique ou la stratégie de l’attaque est trop complexe pour être comprise aussi vite que la simplicité d’un coup de matraque ou d’un coup de revolver par les victimes. La violence n’est plus physique mais systémique. Et le nec plus ultra de l’affaire est que la loi est faite de telle sorte, par leurs commis politiques, que ce dépouillement soit permis, voire encouragé ! On pourrait donc parler de "bankstérisme" !

Malgré les déclarations tonitruantes et récurrentes , aucune décision politique n’a été prise pour mettre fin aux pratiques financières toxiques.

2) Responsabilité politique : l’individu et le système, et au centre, la classe dominante.

Et ceux–là même, dans les rangs de la droite ou de certains socio-libéraux, qui déplorent la crise, les énormes inégalités de revenus, le caractère injuste de la fiscalité actuelle, etc, ceux qui se placent comme extérieurs à cette prédation en sont directement responsables, notamment en instrumentalisant l’État au profit d’intérêts privés (dont les groupes financiers) et en ne mettant pas à l’État au service de l’intérêt général du peuple tout entier.

Ce sont les agents du système et Sarkozy, évidemment en fait partie, qui mettent en œuvre cette politique aux conséquences sociales désastreuses. En raison de son poids politique, Sarkozy est un agent central d’une redoutable efficacité dans le cadre institutionnel de la Vème république. On l’a bien vu avec ses mesures concernant le bouclier fiscal et les droits de succession . La décision de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux a conduit à la suppression de dizaines de milliers de postes dans l’éducation nationale, et ce, en contradiction totale avec les propos lénifiants de sa fameuse lettre envoyée aux éducateurs au début de son mandat. Le résultat réel est que la France est classée en queue de peloton pour le taux d’encadrement des élèves dans les pays de l’OCDE.

Et répétons-le, aucune décision politique efficace n’a été mise en place pour neutraliser les spéculateurs et interdire les produits financiers toxiques, pour ne prendre que quelques exemples.

Lorsque l’on dit que Sarkozy et le système sont coresponsables, cela ne doit pas laisser penser que Sarkozy est à côté du système. Il est dans le système. Comme le montrent Michel et Monique Pinçon dans l’ouvrage : "Le président des riches", il est aussi un produit du système qui défend le système. Il y a en effet une double responsabilité au niveau politique : une responsabilité systémique qui échappe aux volontés individuelles, une responsabilité individuelle dont le niveau dépend de la place qu’occupe l’individu dans la hiérarchie des pouvoirs.

Il ne faut pas tomber non plus dans deux pièges lorsque l’on fait une critique politique : d’une part, celui de la personnalisation et du psychologisme : dans ce cas, on explique et on rend responsable des désastres sociaux des personnes influentes ou des traits psychologiques. Par exemple, tel ou tel membre influent de l’UMP ; l’avidité, l’égoïsme, la cupidité de certains patrons, etc. en oubliant l’analyse économique du système : propriété des moyens de production et d’échange, propriété et contrôle des moyens d’information, crise de valorisation du capital, domination croissante et de plus en plus abstraite de la valeur d’échange sur la d’usage, etc. Et surtout, ce faisant, on oublie les liens de ces personnes avec les membres de la grande bourgeoisie. Néanmoins, dire que ces individus sont soumis à des contraintes systémiques d’ordre économique ne doit pas faire oublier que ce sont ces mêmes individus qui ont contribué à mettre en place ces contraintes dont ils prétendent être les victimes !

D’autre part, à l’opposé, l’autre piège consiste à tomber dans l’économisme en n’invoquant que la Finance, le Capital , les banques, le taux de profit, la concurrence, la mondialisation, etc., en oubliant ainsi que derrière ces mots, qui sont des abstractions, existent des humains faits de chair et d’os, évoluant dans des conditions de vie matérielles et culturelles difficilement imaginables par le commun des mortels du monde salarié, que derrière ces mots se profilent, dans les coulisses de l’anonymat et de la discrétion, les membres de la haute bourgeoisie, classe sociale très rarement étudiée par les sociologues.

Ainsi, les ouvrages d’étude de cette grande bourgeoisie par Michel et Monique Pinçon, sont des livres très intéressants et de grande valeur intellectuelle, mais ils sont aussi des pièces rares, qui n’en doutons pas, dans un demi-siècle, se vendront à prix d’or ! Si j’ose dire !

Indiquons que le palmarès des 500 premières fortunes françaises publié par la revue Challenges, chaque année, en juillet ou août, permet d’entrouvrir la porte sur ce monde peu connu et finalement peu médiatisé, sinon d’une manière folklorique dans une certaine presse people.

Il faut donc être capable de faire la synthèse entre ces deux approches dont l’articulation se situe sur le constat qu’il existe une classe dominante qui façonne les structures économiques et tisse ses réseaux, sa toile d’araignée, dans un monde politique peuplé d’individus avides de pouvoir, de prestige et de gains financiers substantiels.

Mais centrer le débat uniquement sur la crise peut constituer une diversion politique favorable au pouvoir en place.

En effet, il est bien évident que le gouvernement actuel, n’est pas responsable de toutes les causes de la crise mondiale et notamment du surendettement des ménages américains ayant entraîné la crise financière d’abord aux États-Unis, même si sa politique de restriction salariale, d’assèchement des recettes fiscales de l’État, et favorisant la spéculation, est en partie largement responsable de la crise française. Non, l’attention ne doit pas simplement se focaliser sur la crise, mais doit s’exercer sur l’ensemble de la politique du gouvernement depuis 2002. Et notamment sur toutes les mesures qui ont été prises en remettant en cause certains acquis du droit social français.

A ce propos, je suis étonné que le livre de Martine Billard, présidente du parti de gauche, intitulé : "le Medef l’a imaginé, Sarkozy l’a fait" n’ait pas plus d’écho dans les médias notamment de gauche ou supposés tels. Elle passe en revue toutes les régressions mises en place méthodiquement par l’équipe de Nicolas Sarkozy. On peut aussi sur ce thème se référer au blog de Gérard Filloche (inspecteurs du travail) : http://www.filoche.net .

Ceci étant dit, l’anti sarkozysme servant de fonds de commerce politique ou journalistique me paraît contre-constructif car il joue le jeu de la personnalisation de la politique et peut estomper l’existence des rapports de classe qui sont à la base de toute politique régressive et de l’existence même de Sarkozy comme phénomène politique. En disant cela, je ne veux pas dire qu’il s’agit d’estomper les responsabilités politiques de Nicolas Sarkozy (j’en ai longuement parlé ci-dessus), mais qu’il faut garder le sens de la mesure et ne pas passer tout son temps à personnaliser le débat politique.

3) Communisme : l’enfer et le paradis.

Le mot communisme, pour différentes raisons, a été l’objet d’un essorage sémantique le vidant du sens tel qu’il avait été défini par Babeuf et Marx, fondateurs du concept moderne de communisme.

Une société communiste est 1) une société sans classes, 2) ainsi qu’une organisation sociale sans État, 3) fondée sur l’abolition de la propriété privée des moyens de production et d’échange et fondée sur leur mise en commun (propriété commune).

La plupart des commentateurs, dont la grande majorité n’a pas étudié sérieusement les textes marxistes, ne retiennent de la définition que l’aspect 3).

Certes, l’URSS vérifiait la condition 3) mais certainement pas les conditions 1) et 2). La période de transition entre la société capitaliste et la société communiste mettait en place la société socialiste. Pendant cette période, l’État devait selon Marx et Lénine "s’éteindre" : c’était la théorie de l’extinction de l’État. Évidemment, rien de tel ne s’est produit.

C’est, de mon point de vue, Robert Fossaert, dont j’ai eu l’occasion de parler sur ce site, qui donne la bonne définition de la société soviétique : c’est une société socialiste étatique (mode de production 15 ; formation économique 18 selon sa nomenclature qui répertorie tous les modes de production et les types de structures économiques du néolithique à nos jours sur toute la planète : titanesque !). Son colossal ouvrage en six tomes, depuis longtemps épuisé, édité chez Fayard malheureusement, est, heureusement, téléchargeable gratuitement grâce à l’université du Québec à Chicoutimi. (Canada) : http://classiques.uqac.ca/contempor... Ce tome 1 décrit les principaux outils conceptuels utilisés dans l’ensemble de l’ouvrage.

Ainsi, nommer l’URSS comme société communiste relève d’une escroquerie intellectuelle.

Donc, condamner en bloc le communisme en se référant à l’Union soviétique et au stalinisme c’est se tromper de cible.

Pour ceux qui pensent que l’idée de communisme est morte, ils peuvent se reporter, entre autres, aux travaux du philosophe Alain Badiou (fondateur du Centre international d’étude de la philosophie française contemporaine) et notamment à une conférence récente organisée par Alain Badiou et Slavoj Žižek intitulée : Communisme, un nouveau commencement ? Troisième conférence internationale sur l’Idée du communisme, à la Cooper Union, New York, du 14 au 16 octobre 2011

Il y a eu complicité entre les représentants politiques du capitalisme occidental et les représentants politiques de l’empire soviétique pour utiliser, à tort , ce mot de communisme pour qualifier la société soviétique. Il est assez incroyable que cette mystification, qui en fait arrange tout le monde, n’ait jamais été réellement discutée. Pour les premiers, compte-tenu des descriptions apocalyptiques de l’URSS parfois fondées, parfois infondées (guerre froide oblige), communisme est quasiment synonyme d’enfer : plutôt mourir qu’être rouge !

Pour les seconds, la société soviétique, magnifiée par ses "héros du travail" et par sa conquête spatiale, était déjà quasiment arrivée au but, selon la propagande soviétique, c’est-à-dire le communisme : le paradis était à portée de main, on y était presque !

Constater que de nombreux intellectuels occidentaux se soient laissés berner par une telle mystification montre combien avait été intense la guerre idéologique entre les deux blocs pendant la guerre froide. En réalité, même si elle a diminué d’intensité, elle n’est pas complètement terminée. D’ailleurs, Noam Chomsky a dit un jour que la presse française était la meilleure caissede résonance de la Maison-Blanche au niveau international. C’est toujours avec satisfaction que je constate que Jean-Luc Mélenchon ne se courbe pas face à ce vent d’ouest dominant qui fait fléchir tant d’intellectuels dans notre pays.

Cette société étatique socialiste a été marquée au fer rouge par la politique totalitaire et meurtrière de Staline. De facto, la dictature du prolétariat n’a été en fait que la dictature d’un clan politique, d’une nomenklatura qui a instrumentalisé l’appareil d’État à son profit. Hébert Marcuse a alors judicieusement remarqué que l’étatisation des moyens de production ne pouvait être assimilée au contrôle des moyens de production par le peuple. Ce que les commentateurs occidentaux oublient souvent de dire, c’est que les victimes du stalinisme n’ont pas été seulement des opposants ou socialisme d’État mais aussi de nombreux communistes et en particulier, une bonne partie de l’élite intellectuelle qui n’était pas hostile à la construction d’une société communiste.

Ceci étant dit, il faut se garder des simplifications hâtives héritées de la guerre froide.

Compte tenu des pertes humaine énormes et des destructions matérielles gigantesques que l’URSS a subi dans sa lutte contre le nazisme, et qui a contribué , d’une manière décisive, à la libération de l’Europe, on pourrait tout de même espérer de la part des intellectuels occidentaux la plus grande honnêteté intellectuelle possible pour analyser les zones de lumière et les zones d’ombre qui ont éclairé ou obscurci l’URSS.

Plus récemment, sans l’intervention de quelque 600 000 "liquidateurs" pour neutraliser la catastrophe de Tchernobyl, nous serions peut-être actuellement obligés de nous nourrir de produits hauement contaminés. Mais ce genre d’information est mise sous chape de plomb comme la radioactivité !

La construction du socialisme en URSS à suscité d’immenses espoirs, non seulement pour la classe ouvrière occidentale, mais pour de nombreux intellectuels du domaine scientifique, artistique, littéraire, etc. il est assez facile avec le recul, de ricaner et de dire qu’ils se sont illusionnés mais difficile de dire que ces gens étaient des débiles profonds.

Alors faudrait-il faire preuve d’un peu plus d’humilité, et analyser comment et pourquoi ils ont pu se construire de telles illusions. Mais tel n’est pas l’objet de notre propos ici.

Et ajoutons ceci : un grand nombre de ceux qui ont cru, à un moment de leur vie, à la réussite possible du "modèle soviétique" ont encore plus de raison de détester les responsables politiques de l’ex-URSS que ceux qui n’ont jamais cru à ce modèle et qui l’ont combattu, qu’ils soient de gauche ou de droite. Non seulement comme eux, ils ne peuvent être qu’en désaccord total avec ce totalitarisme stalinien dont ils ont compris trop tardivement la nature et l’ampleur, mais ils ont pris conscience du fait que ces responsables soviétiques sont aussi responsables de la trahison de leur espoir. Ils savent que cette trahison et cet échec laissent maintenant totalement le champ libre au développement d’un capitalisme sauvage destructeur qui n’a plus à craindre, du moins dans un avenir proche, un système économique et politique qui aurait pu le remplacer. Chacun peut en mesurer les effets depuis les années 1990. Mais une autre conséquence de cet échec est que de nombreux citoyens doutent de la possibilité de pouvoir remplacer le système actuel par un autre. Beaucoup redoutent, qu’un changement de paradigme fondé sur l’économie de marché capitaliste soit remplacé par un paradigme fondé sur un étatisme semblable à celui qui a existé en URSS.

De sorte que lorsque le Jacques généreux ose dire : "Nous, on peut !", il se heurte au plus grand scepticisme et le programme populaire partagé intitulé : l’humain d’abord !, résonne comme le chant d’un rêve dans la chambre d’écho médiatique.

4) PCF : ombres et lumières.

Concernant la critique que l’on peut formuler à l’égard des communistes français, j’utilise pour ma part une approche dialectique, historique et systémique que j’applique d’ailleurs à tous les autres mouvements politiques, et notamment au parti socialiste.

D’abord, une remarque préalable : on ne peut juger un parti uniquement à l’aune de ses positions sur les questions internationales, et pour le PCF, des positions qu’il a pu tenir à l’égard de l’URSS. Certes, c’est un élément important à considérer, mais ce ne peut être le seul.

Sinon, il faudrait aussi juger le parti socialiste uniquement par rapport à ses positions colonialistes qu’il a pu prendre par le passé. Et là, il ne s’agissait pas simplement d’un aveuglement et d’un et d’un soutien idéologique, comme ce fut le cas pour le PCF à l’égard de l’URSS, mais aussi d’interventions militaires criminelles dans les colonies.

Un livre (deux tomes)écrit par un collectif d’historiens intitulé : l’histoire du réformisme en France, publié aux éditions sociales, maintenant introuvable, même sur Internet, avait fait le point sur cette question dans un chapitre intitulé : l’attitude envers le colonialisme (T2 ; p.72 et suivantes) en se référant en très grand nombre de ressources documentaires soigneusement numérotées dans une base considérable de notes permettant lecteur de vérifier la validité historique de chaque affirmation des auteurs. Le peu de publicité fait sur cette zone d’ombre de l’histoire du parti socialiste français, qui fait d’ailleurs écrire à un commentateur : colonisation : quand les socialistes assumeront-ils cet héritage ? (http://rapatries-gauche.org/spip.ph... ), contraste singulièrement avec avec l’éclat du feu des projecteurs porté constamment sur les rapports que le PCF a pu entretenir par le passé avec l’URSS stalinienne.

Mais considérons des événements plus récents.

Le 5 juin 2009 à Bagua, Alan Garcia, président du Pérou, fait intervenir violemment des forces armée et fait tirer à balles réelles sur des manifestants non armés. On compte plusieurs dizaines de victimes. Pour plus de détails, on peut se reporter aux articles qui suivent : http://jsa.revues.org/index10807.html http://divergences.be/spip.php?arti... Voir aussi sur ce site : http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Or Alan Garcia fait partie de l’internationale socialiste où il occupe un poste de responsabilité pour l’Amérique latine. http://www.internationalesocialiste... A-t-on interviewé un responsable du parti socialiste actuel, qui est membre de l’internationale socialiste, pour savoir comment il appréciait ces événements ? En revanche, les journalistes ont harcelé Jean-Luc Mélenchon pour savoir s’il considérait que le régime cubain était une dictature ou non, alors que Mélenchon n’a aucun lien politique avec le régime cubain !

On constate sur ces simples exemples, combien les condamnations en bloc ou pas en bloc sont sélectives ! Doit-on interpréter le silence du parti socialiste français comme une acceptation de la politique de Garcia ?

De même, doit-on réduire la politique de François Mitterrand à celle qu’il a pratiquée lorsqu’il était ministre de la justice sous la IVème république ? C’est lui qui était alors "chargé par le Conseil des ministres, de défendre le projet de loi remettant les pouvoirs spéciaux à l’armée. François Mitterrand donne forcément son aval, en tant que Garde des Sceaux, aux nombreuses sentences de mort prononcées par les tribunaux d’Alger contre des militants de la lutte pour l’indépendance, notamment Fernand Iveton, membre du Parti communiste algérien (PCA), guillotiné à Alger le 11 février 1957. Il couvre l’exécution de quarante-cinq militants algériens condamnés de manière expéditive." Sources : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C... et http://www.la-croix.com/Actualite/S...

Peut-on réduire la politique du parti socialiste à ce funeste passé ? Evidemment non ! Devrait-on réduire le christianisme à ses exactions innommables durant l’inquisition et pendant la colonisation de l’Amérique du Sud où les conquistadors catholiques espagnols, avec la bénédiction de l’Eglise, taillaient au sabre les corps des femmes et des enfants Indiens désarmés comme on élague les branches d’un arbre ? Evidemment, non !

Ces considérations préalables permettant de contextualiser et de relativiser nos propos, entrons dans le vif du sujet.

Dans ses zones de lumière, le PCF s’est battu pour la libération de la France (plusieurs dizaines de milliers des siens ont été fusillées par les nazis), il a participé activement au conseil national de la résistance et a été l’un des auteurs principaux du programme du CNR, base du modèle social français, que la droite s’acharne à déconstruire depuis maintenant 30 ans. Ses militants se sont toujours battus, souvent au détriment de leur vie familiale et de leur progression de carrière, pour défendre dans les entreprises , dans la Fonction Publique , les conditions de travail des salariés.

Les municipalités communistes ont autant que possible pratiqué des politiques sociales et promouvant la culture pour les couches sociales défavorisées. Depuis la Libération, à l’Assemblée nationale, jamais les députés communistes n’ont voté une loi portante atteinte à nos libertés, bien au contraire. Le ministres communiste Anicet Lepors, fait paraître en 1982 un décret élargissant le droit syndical dans la Fonction Tublique. Notamment, le décret 82 – 447 du 28 mai 1982, toujours en vigueur, permet à tout fonctionnaire d’utiliser une heure de son service mensuel (donc sur son temps de travail) pour participer à une réunion syndicale. Cela est aussi évidemment applicable dans l’Education nationale. http://www.fpip-police.com/Pages/dr...

Zones d’ombre : le PCF tarde à reconnaître les crimes staliniens dénoncés par le rapport du PCUS en 1953. Il approuve en 1956 l’intervention des chars soviétiques à Budapest, se fait le porte-parole, par le biais de Georges Marchais, en visite en URSS, des explications de l’intervention soviétique en Afghanistan, alors que le bureau politique du PCF ne l’avait pas mandaté pour cela : au contraire. Il avait été chargé de témoigner auprès des dirigeants soviétiques les réticences de la direction du PCF. Cela a coûte très cher électoralement au PCF, et pour cause ! Cela faisait douter de la sincérité de la nouvelle orientation du PCF décidée en 1976. En effet : " En 1976, le PCF abandonne la référence au modèle soviétique pour s’orienter vers une ligne de type eurocommuniste. Il abandonne la référence à la doctrine de la « dictature du prolétariat » (XXIIe congrès), affirme son indépendance vis-à-vis de Moscou et son attachement aux libertés publiques : « C’est la voie démocratique et révolutionnaire que nous proposons à notre peuple pour aller au socialisme tenant compte des conditions de notre époque en faveur des forces de progrès, de liberté, de paix ». Le but du PCF, « parti de la nation et internationaliste », est « la transformation de la société capitaliste en une société socialiste, société fraternelle sans exploiteurs ni exploités » (L’Humanité, 20 janvier1976)." Source : Wikipédia http://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_...

Mais cette incohérence de Georges Marchais n’était pas nouvelle. Selon encore wikipédia : " Mais en 1979, malgré la phrase de Georges Marchais sur le bilan globalement positif des pays socialistes au XXIIIe congrès, le PCF abandonne la référence au « marxisme-léninisme »" Cette contradiction s’explique probablement par l’aide financière substantielle qu’apportait l’URSS au PCF . Pour plus de détails sur cette aide financière : (http://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_... ). Je ne me mentionnerai évidemment pas cette source si elle n’émanait de l’ouverture des archives secrètes du PCUS de l’ex–URSS.

Comme indiqué dans notre introduction, on pourrait en étudiant l’histoire du parti socialiste, faire des constatations semblables, avec des zones d’ombre et des zones de lumière. La réalité matérielle comme la réalité humaine n’est ni blanche , ni noire : elle est les deux à la fois. Ying et Yang pourraient dire les taoïstes.

Donc cette notion de condamnation "en bloc" est peu opérationnelle en se plaçant sur le terrain de la réalité historique. Elle ne doit pas être sélective et précisée clairement son champ d’action. A moins d’appliquer la logique aristotélicienne s’appuyant sur le principe du tiers exclus : soit une chose est , soit elle n’est pas mais elle ne peut pas à la fois être et ne pas être. Mais cette logique binaire n’est opérante que dans un univers mental formel et certainement pas dans le monde réel. Les taoïstes, le philosophe Hegel puis Marx ont développé une logique dialectique permettant d’échapper au schématisme formel qui conduit tout droit, dans le domaine politique, au dogmatisme sectaire qu’il soit de droite ou de gauche.

Heureusement, Jean-Luc Mélenchon et les autres responsables du PG sont capables de cette vision dialectique non monolithique et, de même, Pierre-Laurent et les autres représentants du PCF sont capables aussi de cette vision dialectique lorsqu’ils se penchent sur l’histoire du parti socialiste avec ses différents courants politiques. Heureusement, sinon le front de gauche n’existerait pas et toute unité à gauche serait impossible !

Hervé Debonrivage


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