Les indignés et autres « dégagistes » opposent pouvoir du peuple et démocratie « réelle » à la logique du capitalisme financier

mardi 21 juin 2011.
 

Les garde-frontières postés autour de l’Europe forteresse n’y pouvaient rien. La contagion tant redoutée des pays arabes n’est pas passée par Lampedusa. Ce n’est pas une immigration incontrôlée qui est venue de la rive sud de la Méditerranée mais la révolution citoyenne. La voilà désormais en plein Europe. Seuls les racistes et les communautaristes endurcis ne voient pas les points communs entre le mouvement de la Puerta del Sol espagnole et celui de l’Egypte ou de la Tunisie. Même occupation des places publiques. Même rôle central de la jeunesse et du précariat portant les aspirations du plus grand nombre à la sécurité de l’existence. Même libération de la parole dans un système politique verrouillé. Même dénonciation d’une oligarchie au service de la finance. Même contournement des médias traditionnels.

Descendue dans la rue pour demander du travail, une génération réalise que le pouvoir en place est incapable de satisfaire cette exigence qui paraît pourtant si simple aux yeux de ceux qui l’expriment. Il lui faut donc changer les dirigeants. Non pas tel ou tel, au détail. Tous ! Pour commencer il faut les nommer. Là-bas c’est la kleptocratie ou la « partidocratie ». En Espagne on pointe le bipartisme (sociaux-démocrates/parti populaire). En France, ce serait l’oligarchie. Ainsi nommé on sait qui l’on combat. Et l’on combat déjà en opposant aux apparences de la démocratie la réalité de ceux qui détiennent le pouvoir. Contre l’oligarchie, partout les indignés et autres « dégagistes » opposent la même alternative, le pouvoir du peuple, revendiquant la démocratie là où règne la dictature et la démocratie « réelle » dans les démocraties officielles.

Ah bon c’est tout se disent certains ? Mais la dimension révolutionnaire de cette exigence ne tient pas à sa fidélité au verbe socialiste. Elle tient au fait qu’elle ne peut être satisfaite dans le cadre du système actuel. Elle est même à l’opposé de la logique du capitalisme financier. La domination de la finance est l’ennemi premier de la souveraineté populaire. En ce moment les gouvernements eux-mêmes semblent le découvrir. Il faut entendre le gouvernement de l’Italie récemment menacée d’une baisse de sa note dénoncer l’arbitraire des agences de notation ! Même l’empire états-unien et sa montagne de dettes jusque-là épargné a dû subir un affront d’une de ces agences. Elle s’est contentée d’un avertissement mais la simple mise en cause des Etats-Unis est déjà une première. La révolution citoyenne répond à cette dictature des marchés financiers quand les pouvoirs en place se contentent de protestations sans lendemain, sans chercher à reprendre la moindre parcelle de pouvoir sur la finance, pas même celui de décider souverainement son budget, condition pour décider librement sa politique.

Il faut dire que les politiques alternatives sont interdites par le traité européen de Lisbonne qui a fait sciemment le choix, à la demande des dirigeants allemands, de désarmer les Etats pour les soumettre aux marchés obligataires mondiaux. Le « bipartisme » dénoncé par les espagnols résonne dès lors dans toute l’Europe victime de la soumission conjointe au carcan libéral du traité de Lisbonne des conservateurs et des sociaux-démocrates. En France, il rappelle les « oui compatibles », dont nous fêtons la défaite ce dimanche 29 mai, qui continuent dans le soutien d’Aubry et Hollande à Lagarde pour remplacer à la tête du FMI un DSK hier soutenu par Sarkozy. Ici comme là-bas nous avons donc les mêmes raisons de faire la révolution citoyenne.


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