Larbin ? Salaud ? Pujadas ?

dimanche 17 octobre 2010.
 

Pujadas contre la lutte ouvrière et commentaires video de Jean-Luc Mélenchon

http://www.dailymotion.com/video/xf...

Réaction de Jean-Luc Mélenchon au 10 octobre

Il y a une extrême urgence : sauver ce pauvre Pujadas dont on vient de me rebattre les oreilles ! Je préfère prendre cette pantalonnade journalistique avec humour. Je déclare que ce malheureux est victime d’un complot particulièrement vicieux à l’intérieur de la direction de la rédaction de France 2. Celle-ci vient d’annoncer qu’elle le défendait contre une de mes odieuses attaques. Elle qui n’avait jamais rien dit quand les confrères avaient écrit mille fois pire que mes interjections, se réveille soudain, tout excitée à l’idée de frapper un "politique". Mais de cette façon tout le monde est invité à aller voir de près la dite attaque. Rien n’est pire pour ce pauvre Pujadas ! Déjà, entre "Youtube" et "Dailymotion", 200 000 personnes sont allées le voir se faire traiter de salaud et de larbin. Mazette ! Déjà mes amis se sont mobilisés sur leurs blogs. Ils ne sont pas les seuls, j’en suis certain. Dés lors l’affaire va tourner court et ridiculisera ceux qui l’ont lancée.

Voyons d’abord le point de départ. Je fais l’objet d’un assaut de la direction du service politique de France Télévisions pour avoir soi disant "insulté" la star David Pujadas. La nouvelle tourne aussitôt en boucle. Comme d’habitude, tout part d’une dépêche d’agence sur le mode sensationnaliste.

Elle est pieusement recopiée et imprimée par tous, dans les mêmes termes. Dans ce flot, souvent, au mépris des règles déontologiques de base du métier de journaliste, on ne dit ni où, ni quand, ni à quel propos j’ai pu dire que Pujadas est un "salaud" et un "larbin". Je dois donc faire moi-même l’info pour que vous preniez la mesure de la balle que tirent dans le pied de ce malheureux Pujadas ceux qui prétendent le défendre contre moi. Mais ça ne me fait aucune peine.

En juin dernier, il y a donc quatre mois (tu parles d’une nouvelle fraîche), Pierre Carles et son équipe viennent au siège du Parti de Gauche et filment une heure et demi d’entretien avec moi. Une heure et demie ! La petite minute qui tourne sur la toile est extraite du film que Pierre Carles a fait et dont un extrait de notre entretien fait partie. Le film a été présenté en avant première il y a deux semaines (tu parles d’une nouvelle fraîche !) Et il déjà donné lieu à des réactions sur ce qu’on y entend dire par Montebourg à propos de TF1. Pas un mot à mon sujet à ce moment là. Tout d’un coup éclate le buzz. La direction du service politique de France Télévisions intervient aussitôt, solennellement, dans une langue de fonte parfaite, pour dire que j’aurais mis en cause « toute » la rédaction du service public. C’est faux, bien sûr, comme chacun peut le constater en regardant la vidéo. Il n’est question que de Pujadas et à propos d’une interview. Mais j’aurais pu mettre en cause toute la direction du service politique de France 2, en effet, puisque à l’époque c’était madame Chabot qui la dirigeait et vous savez comment. Mais ce n’était pas le cas, cette fois là.

Il va de soi que j’assume tout ce que j’ai dit, toutes mes réactions, dans le film de Pierre Carles. Je vous invite à aller le voir très nombreux, comme je le ferai moi-même, dès qu’il sera en salle. Au cas particulier il s’agit d’une réaction à une interview qui avait été réalisée par Pujadas en avril précédent (tu parles encore d’une nouvelle fraîche !) C’est une réaction à chaud, à l’écoute d’un reportage d’il y a six mois, regardé et commenté il y a quatre mois ! Pourtant, en lisant les titres, les gens pourraient s’imaginer que je me suis rendu sur le balcon pour haranguer la foule, hier matin : « Pujadas : salaud ! Larbin ! ». Ou bien que je viens de faire un communiqué : « Pujadas est un salaud et un larbin ». Ou bien que répondant à une question, va savoir laquelle, j’aurais répondu : « monsieur Pujadas est un salaud et un larbin ». A moins que je l’aie rencontré dans la rue et qu’il m’ait dit quelque chose en présence d’un apprenti journaliste qui aurait filmé la scène et aussitôt j’aurai répliqué « Pujadas vous êtes un salaud et un larbin ! ». Vous comprenez tous, même si vous ne m’aimez pas beaucoup, que je ne suis pas assez stupide pour attaquer une vache sacré de cette dimension comme ça : « Pujadas, salaud, larbin ! » au détour d’une phrase. En tous cas, la pluie du titre démultiplie l’injure. Personne n’en ignore plus rien. Tous « résument l’affaire" avec les mêmes mots qui induisent en erreur : « Mélenchon insulte Pujadas ». Voyez cette suite de titre (avec leur lien) que je vous donne à lire pour vous amuser au jeu des comparaisons de textes si cela vous détend :

http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-... http://www.lexpress.fr/actualite/po... http://www.lefigaro.fr/politique/20... http://programmes-tv.blog.lemonde.f... http://www.lepost.fr/article/2010/1... http://www.agoravox.tv/actualites/p... http://www.tvmag.com/programme-tv/a... http://www.purepeople.com/article/d... http://www.montpellier-journal.fr/2...

Sous un tel matraquage chacun est incité à aller voir la vidéo. Chacun peut connaître la vérité à propos du comment et du pourquoi de mon : « salaud ! », puis « larbin ». Ca devrait vous mettre la puce à l’oreille.

Ceux qui font du tam-tam sur cette « affaire » savent bien que beaucoup de gens vont aller voir la vidéo. Et la plupart de ceux qui le feront vont se sentir comme moi solidaire de Xavier Mathieu plutôt que du journaliste qui veut l’humilier. Ils verront que mon propos est une réaction spontanée, émotive, même si elle est aussitôt argumentée. Je pense que beaucoup penseront des choses plus mal polies à propos de Pujadas que « salaud » et « larbin ». Ses oreilles vont siffler. En solennisant cette histoire par un communiqué la direction de France Télévision pousse les gens à se renseigner. Donc, à aller voir son soi disant protégé se faire traiter de salaud et de larbin. Drôle de méthode de solidarité. Evidemment, les gens les plus sérieux vont vouloir vérifier si ce monsieur Pujadas n’a pas été déjà l’objet de polémiques. Et si quelqu’un d’autre l’a déjà traité de salaud ou de larbin. Ils vont donc vite découvrir que c’est bien le cas. Il a été traité de bien plus grave que « salaud » et « larbin ». Sans que la direction de France Télévision souffle mot.

Salaud ? Larbin ? Pffffft ! Non, vraiment, ce n’est vraiment rien à côté de ce qui a déjà été dit sur son compte. Son interview en solitaire du chef de l’Etat, le président Sarkozy, a donné lieu à une levée de bouclier bien pire. Le syndicat SNJ-CGT de France Télévisions, dans un communiqué, dénonce un David Pujadas « complaisant et incompétent ». Incompétent ! L’adjectif vient d’un syndicat de collègues ! Cette émission aura été, selon le syndicat, « une honte pour l’information de service public. ». Une honte ! C’est rude. La direction de France télévision n’a pas réagi à cette charge de l’intérieur de la maison. "Une heure de communication sans opposition avec un journaliste KO debout face au Président, un journaliste complaisant, incompétent sur les dossiers traités, notamment sur les retraites, et laissant Nicolas Sarkozy avancer des contre-vérités." Ceux qui soupçonnent la CGT de l’entreprise de partialité n’ont qu’à aller voir un papier du journal l’Expansion qui met lui aussi en cause la compétence professionnelle de Pujadas à propos de cet entretien.

Et puis il y a encore le commentaire de « Marianne 2 ». Ca, ce n’est pas gentil, le commentaire de Marianne 2 ! Ca commence fort : « Quand l’amateurisme journalistique le dispute à l’impassibilité du présentateur, cela donne le « présentateurisme », déclare le site ! Et le titre ? « Pujadas, ou la misère du présentateurisme ». Aïe Aïe ! Je suis sûr qu’il préfère : salaud et larbin. Donc, non seulement tous ces gens le traite de pire que de salaud et de larbin, mais par-dessus le marché ils affirment qu’il ne connait pas son métier. « Lorsqu’on a la vanité d’accepter ce rôle en solo, on prépare un minimum la confrontation. (…) écrit Marianne 2. « Il n’est pas admissible de se faire balader sans répliquer lorsque Nicolas Sarkozy réitère des mensonges grossiers sur des questions connues qui ont déjà largement fait polémique et que tout journaliste s’intéressant à la politique, même doté d’une attention flottante, ne peut pas ignorer. » La direction de France télévision n’avait pas écrit une ligne pour défendre "tout le service public" alors accusé d’incompétence et d’amateurisme ! J’en déduis que la nouvelle direction de France 2 a peut-être une idée derrière la tête à propos d’un journaliste qui ignore ce que même « doté d’une attention flottante » tout le monde sait. En le mettant sous la lumière elle en fait un objet de scandale. Le jour où il passera à la trappe personne ne viendra pleurer !

Avec un minimum de recherches, vous tomberez sur beaucoup d’infos très cruelles de ce style. Acrimed, en particulier, a eu une vision d’ensemble sur l’homme et son œuvre d’une cruauté absolue et d’une précision chirurgicale. C’est évidemment son interview du chef de l’Etat qui a fait date. « La complaisance de David Pujadas mérite d’être récompensée » ! écrit le site. « Complaisance », c’est pour dire larbinage. Le papier a été publié le 22 juillet 2010 par Mathias Reymond . Voici l’introduction : « À quelques jours d’intervalle, David Pujadas a reçu la laisse d’or du "Plan B" destinée à récompenser « le journaliste le plus servile », suscitant l’indignation de la direction de France 2 et de quelques blogueurs, puis il a interviewé, avec une rare complaisance, Nicolas Sarkozy, provoquant l’indignation du SNJ-CGT et de nombreux autres journalistes. Faut-il lui décerner la Légion d’honneur ? » Aïe ! Aïe ! Aïe ! Salaud et larbin c’est moins dur quand même que de se faire dire qu’on doit être décoré pour sa servilité, non ? Et d’être décoré d’une laisse d’or ! Une laisse, carrément. Même les larbins n’ont pas de laisse. France télévisions n’avait pas fait de communiqué.

Surtout, dans la démonstration d’ACRIMED il y a des moments très sévères. Jugez plutôt. « En décernant ce kit (une laisse d’or plus une boîte de cirage, une brosse et un plumeau multicolore doté) au présentateur du "20 heures" de France 2, les organisateurs entendaient récompenser le "journaliste le plus servile", comme ils l’ont expliqué au Plan B, qui passait par là. Selon eux, Pujadas mérite la Laisse d’or pour son amour des euros (12 000 euros de salaire mensuel), sa haine des syndicalistes et son dévouement pour les puissants, réaffirmé récemment dans le film culte de Denis Jeambar, "Huit journalistes en colère" (Arte, 9.2.10). » Cette déclaration le montrait exaspéré par la médiatisation des humbles. "Le Canard Enchaîné" du 3/2/2010 l’avait aussitôt relevé : "Parce que le journalisme va mal" et qu’il était temps de comprendre pourquoi, Denis Jeambar a rencontré "8 journalistes en colère" (Pujadas, Val, Elkabbach, Chabot, Ganz, Fottorino, Plenel, Giesbert). C’est le titre de son documentaire-choc bientôt à la télé (ARTE, 9/2/2010), et, attention : ils "disent tout haut ce qu’ils pensent tout bas" et "tout ce qu’on ne vous dit pas". L’analyse de certains décoiffe, en effet. David Pujadas, présentateur du JT de France 2 pousse ainsi ce cri : "Le journalisme souffre d’abord de conformisme". Et ce rebelle méconnu de dénoncer "le journalisme de bons sentiments", qui veut que "par définition, le faible à toujours raison contre le fort, le salarié contre l’entreprise, l’administré contre l’Etat, le pays pauvre contre le pays riche…" Ce qu’il résume par "une défense mal digérée de la veuve et de l’orphelin". Bref, un vilain journalisme qui "rend toute action politique vaine et dérisoire…" Du Sarko dans le texte." Pas de communiqué de protestation de la direction de la rédaction de France 2.

Qui entend ça de ses propres oreilles, s’exclame avec des mots bien pis que « salaud » ou « larbin », je suppose. D’autant que dans l’article en question, la remarque « sa haine des syndicalistes » est … « exprimée notamment lors de son interview en direct de Xavier Mathieu, le porte-parole CGT des grévistes de l’usine Continental de Clairoix, le 21 avril 2009. » Non ? C’est justement celle-là qui me fait dire salaud et larbin ensuite ! Moi, je n’avais rien lu de tout ça. Je suis scotché par la précision des dossiers constitués et la profondeur de champ des argumentaires. La magie des liens hyper textes permet de passer en revue en quelques instant une masse considérables de faits. J’ai beaucoup aimé par exemple l’article publié le 4 mai 2009 par Henri Maler, Mathias Reymond intitulé "des journaux télévisés face aux violences des salariés" Je reproduis ici le passage qui concerne cette interview de Xavier Mathieu, le délégué syndical CGT de Continental, mais j’invite mes lecteurs à aller découvrir sur le site d’ACRIMED le fond du dossier.

« Le même jour, à 20 h sur France 2. David Pujadas, parmi les titres du journal, pose la question qui le tourmente… avant d’exposer brièvement les faits qui à ses yeux la justifient : « La fin justifie-t-elle les moyens ? Des salariés de Continental ont en partie saccagé une sous-préfecture, après le rejet de leur pourvoi par la justice. Pendant ce temps, dans l’usine Molex, deux dirigeants ont été séquestrés pendant 24 heures. Reportages, et réactions dans un instant. »

(1) Quand vient le moment d’aborder le conflit de Continental, ce sont les faits qui sont d’abord résumés par le présentateur : « L’exaspération et la violence dans les conflits sociaux ont donc franchi un nouveau cap, cet après- midi. Je vous le disais : les salariés de Continental à Clairoix, qui réclamaient la suspension de la fermeture de l’usine, ont été déboutés par le tribunal. Dans la foulée, 250 à 300 d’entre eux ont investi la sous-préfecture de Compiègne. Des bureaux ont été dévastés ». Suit alors un reportage, beaucoup plus éloquent que celui de TF1, qui entrelace le récit en images des événements et les paroles de salariés. – Homme [au téléphone] : « Et alors ? C’est pas vrai, on a été débouté les gars. »

- Voix-off : « La douche froide et la colère. Les salariés de Continental s’étaient installés à la sous-préfecture de Compiègne en attendant la décision de justice. Ils espéraient une suspension du plan social pour délit d’entrave. Le tribunal les a déboutés »

- Homme : « Ca veut dire qu’on a perdu. On a perdu à Sarguemine. La direction a gagné »

- Voix-off : « Ils passent d’un bureau à l’autre de la sous-préfecture et saccagent tout sur leur passage. Dépités, écœurés, ils repartent vers leur usine de Clairoix. »

- Homme [s’adressant aux salariés] : « Ils ne comprennent pas que ça fait cinq semaines qu’on se retient, qu’on est gentil, qu’on dit rien. Aujourd’hui, c’est terminé. Ils ont eu les moutons, maintenant ils ont les lions. Faites-vous plaisir. »

- Voix-off : « Cette fois, c’est le bureau d’accueil de l’usine qui est mis à sac. »

- Homme 2 : « C’est nous les méchants ? Non, mais il faut arrêter. Il faut voir comment on a été exploité, tout. Maintenant, il est temps de s’exprimer et pourtant ce n’est pas dans ma nature. Mais arrivé à un moment, trop c’est trop. »

- Voix-off : « Demain les Conti se rendront à Hanovre en Allemagne pour manifester leur colère à l’assemblée générale des actionnaires de Continental. Ils seront rejoints par leurs collègues allemands qui subissent le même sort. »

(2) Retour en plateau. David Pujadas, plutôt que d’interroger les salariés sur les motifs de leur colère, les somme de s’expliquer sur leur « violence ».

- David Pujadas : « Bonsoir Xavier Mathieu, vous êtes le délégué CGT de Continental à Clairoix. On comprend bien sûr votre désarroi, mais est-ce que ça ne va pas trop loin ? Est-ce que vous regrettez ces violences ? »

- Xavier Mathieu [délégue syndical CGT-Continental] : « Vous plaisantez j’espère ? On regrette rien … »

- David Pujadas : « Je vous pose la question. »

- Xavier Mathieu : « … Non, non, attendez. Qu’est-ce que vous voulez qu’on regrette ? Quoi ? Quelques carreaux cassés, quelques ordinateurs à côté des milliers de vies brisées ? Ca représente quoi ? Il faut arrêter là, il faut arrêter. »

- David Pujadas : « Pour vous la fin justifie les moyens »

- Xavier Mathieu : « Attendez ! La fin ? On est à 28 jours de la fin, monsieur. On est en train de nous expliquer que dans 28 jours [images de saccage reprises en parallèle] le plan social sera bouclé et on va aller à la rue. Oui, oui, je ne regrette rien. Personne ne regrette rien ici parce que vous avez vu, vous avez pas vu des casseurs, vous avez vu des gens en colère, des gens déterminés, des gens qui veulent pas aller se faire démonter, crever. On ne veut pas crever. On ira jusqu’au bout de notre bagarre. On a tenu cinq semaines. Pendant cinq semaines j’ai réussi, on a retenu, on a réussi à retenir les gens. C’est fini, les gens n’en veulent plus. Le gouvernement nous a fait des promesses. Il s’est engagé à réunir une tripartite depuis le début, dans les trois jours. Ca fait une semaine que ça dure. Depuis on se rend compte … »

- David Pujadas : « Xavier Mathieu, on entend votre colère, mais est-ce que vous lancez un appel au calme ce soir ? »

- Xavier Mathieu : « Je lance rien du tout. J’ai pas d’appel au calme à lancer. Les gens sont en colère et la colère il faut qu’elle s’exprime. Il y a un proverbe des dernières manifestations qui dit : « qui sème la misère récolte la colère ». C’est ce qu’ils ont aujourd’hui. Il y a plus de 1 000 familles qui vont être à la rue qui vont crever dans 23 mois avec plus rien, qui vont être obligées de vendre leur baraque. Il faut que tous vous compreniez ça. On ne veut pas crever … »

- David Pujadas : « Merci, Monsieur Mathieu, d’avoir été en direct avec nous. Un mot encore. Il y a dix minutes tout juste, Luc Chatel, secrétaire d’Etat à l’industrie, proposait ces discussions tripartites après les événements donc de cet après-midi. Merci Monsieur Mathieu. »

(3) Et David Pujadas d’enchaîner : « Autre lieu, et autre usine : à Molex, en Haute- Garonne, deux dirigeants de la société ont été séquestrés 24 heures par les salariés. Après une nuit et une journée, ils viennent d’être relâchés. » Le reportage suivant, à l’instar du précédent, informe et laisse entendre la parole des protagonistes.

(4) Vient le moment de proposer un éclairage qui, aussi bref soit-il, ne porte en lui-même aucune approbation ni condamnation des actions des grévistes.

- David Pujadas : « Voilà Molex, Continental. Pour mieux saisir la portée de ces événements Agnès Molinier nous a rejoints. Bonsoir Agnès. » Celle–ci répond alors à trois questions.

- David Pujadas : « Alors on souligne, on s’indigne parfois de l’utilisation de la force mais est-ce vraiment une nouveauté ? »

- Agnès Molinier : « La séquestration de patrons, David, est même une pratique ancienne en France. Suit alors le rappel de quelques séquestrations depuis la fin des années 70. « […] La radicalité n’est donc pas nouvelle. »

- David Pujadas : « Oui, on a parfois la mémoire courte. Deuxième question Agnès, est-ce que ce n’est pas aussi aujourd’hui l’occasion d’attirer l’attention des médias ? »

- Agnès Molinier : « La médiatisation est importante. A ce sujet, nous avons rencontré René Mouriaux, c’est un spécialiste de l’histoire sociale. »

Suit alors une brève interview de René Mouriaux qui confirme l’importance la médiatisation notamment, parce que […] ça fait pression sur les directions pour qu’elle donne l’impression qu’elles écoutent, qu’elles sont même capables de faire un peu de social, comme on disait autrefois. »

- David Pujadas : « Dernière chose, dernière question toute simple, Agnès, est-ce qu’il y a des sanctions ? »

- Agnès Molinier : « Selon le code pénal, la séquestration est passible de 20 ans de réclusion criminelle ou 5 ans si la retenue dure moins d’une semaine. Mais hormis deux actions en référé, dont une que l’on voit sur ces images, aucun chef d’entreprise n’a aujourd’hui porté plainte. Ils semblent aujourd’hui jouer l’apaisement, mais jusqu’à quand ? » Un regret ? Que David Pujadas ne demande pas plus souvent au patronat si la fin justifie les moyens, et s’il déplore sa violence. »

Et moi quand j’ai lu tout ça, je me suis aussi rappelé que les cadres de Molex ont été condamnés en justice pour avoir organisé le coup de force qui a permis à l’entreprise de se délocaliser. Mais personne n’a fait de reportage pour le dire à ceux qui avaient vu les ouvriers séquestrer ces voyous.

Le coup de grâce, c’est « Arrêt sur images » qui le donne sous le titre « Sarkozy, Aubry : Pujadas, intervieweur à deux vitesses » C’est un comparatif en image. Meurtrier ! Il faut le regarder loin d’une caméra si on craint de dire « salaud » ou « larbin », ou même pire. Là non plus, il n’y a pas eu de communiqué de France 2. Bon, je reviens à mon affaire. Puisque tout ça est à disposition de tout le monde, est-ce que le fait d’attirer l’attention sur Pujadas n’est pas la meilleure manière de le flinguer ?

Et maintenant que vont-ils faire ? Je dis « ils », pour désigner la meute corporatiste qui s’est lancée. Ca va durer quelques jours mais pas longtemps ce coup ci. D’abord parce que la profession n’est pas aux ordres des chefs et grosses huiles. Ni des « pas malins » qui entreprennent de la défendre de cette façon lourdingue et contre performante. Mais surtout « ils » vont réaliser qu’ils se sont tiré une balle dans le pied en me sautant dessus à propos d’une vidéo qui accable au contraire Pujadas et le système d’information que dirigeait à l’époque madame Chabot. Il faut dire qu’il est spécialement peu intelligent de s’en prendre à moi quand je défends un ouvrier en lutte dans une période comme celle que nous vivons avec le combat sur les retraites. Ils vont donc faire comme la fois précédente avec leur apprenti journaliste en peau de lapin. Ce sera un « problème de société » sur le thème « les politiques et la presse ». « Un métier décrié : journaliste ! Osons poser le problème ! ». Et bla bla bla. Rigolade générale assurée. Moi j’aurais droit à des généralisations du type « vous qui attaquez tout le temps la presse » et, hop, on repassera les mêmes images, en extrait de plus en plus bref, avec l’olibrius apprenti journaliste. L’objectif sera de solidariser la profession. On m’accusera pour cela de globaliser ma critique pour que ce qui est dit de Pujadas soit ressenti comme une attaque contre chacun. Mais ca va faire pschitt. Ca ne va pas marcher. personne n’ira se faire ridiculiser pour défendre monsieur Pujadas ni madame Chabod qui était son chef à l’époque où il humiliait les ouvriers en lutte.

Voyez cette liste de citations que m’a adressées séance tenant un camarade :

Le point.fr :"Ce n’est pas la première fois que Jean-Luc Mélenchon s’en prend aux journalistes, cette "sale corporation vendeuse de papiers" (sic). Il est vrai que les politiques ne vendent rien, sinon de fausses promesses de grands soirs et de lendemains qui chantent."

Europe1.fr : "Mais Jean-Luc Mélenchon reste le spécialiste de la critique des médias. En mars 2010, il s’en était déjà pris à un étudiant en école de journalisme venu l’interroger. C’est donc très logiquement que l’eurodéputé dénonce dans le documentaire de Pierre Carles que les journalistes soient devenus "les laquais" des "puissants". Une critique que le sénateur développe plus en longueur dans son prochain livre, intitulé "Qu’ils s’en aillent tous !". Il y dénonce "les valeurs dominantes du spectacle médiatique", "le sanglant, la méfiance de l’autre, le dégoût de soi" et explique qu’il entend "libérer les médias", jugeant que "rares sont les journalistes libres de s’émanciper".

Afp.fr :"Ces dernières années, M. Mélenchon a fait du thème des médias un de ses combats de prédilection."

L’express.fr :"Dans son livre-programme à paraître la semaine prochaine, Qu’ils s’en aillent tous (Flammarion), Jean-Luc Mélenchon se donne pour mission, entre autres, de « libérer les médias » et de mener « une révolution citoyenne » en leur sein pour « les émanciper »…. La télévision, en particulier, qui « présente une société totalement imaginaire », qui aurait « un dégoût pour le peuple réel » et qui constituerait pour sa formation « un rude barrage politique ». Le président du Parti de gauche a fait des médias son champ de bataille de prédilection."

Menly.fr : "En fait, au moment de la scène, Jean-Luc Mélenchon est entouré de plusieurs personnes. Il est probable qu’il sache qu’il est filmé. Il commente alors un extrait d’un journal télévisé de France 2 datant de 2009 dans lequel le leader de la CGT Continental est interviewé."

Le progres.fr : « Les questions posées « est-ce que ça ne va pas trop loin ? », « est-ce que vous regrettez ces violences ? », « pour vous la fin justifie les moyens ? », ont fait sortir de ses gonds M. Mélenchon. Buzz assuré sur Dailymotion. »

Je vous ai proposé de lire toute cette série pour montrer que les commentaires sont plus prudents que les titres. Vous aurez noté que ces grands spécialistes n’arrivent toujours pas à savoir si je suis eurodéputé ou sénateur. Et que certains laissent penser que je suis les deux à la fois, ce qui est impossible. Bon, mettons ça sur le compte d’une « attention flottante ». Il n’en reste pas moins que ces textes ne sont pas toujours aussi corporatiste que celui du site du Point par exemple. Mais la gradation permet de voir ce qui arrive : à la fin, si l’affaire tourne mal pour ses initiateurs, et elle va mal tourner pour eux, on dira que j’avais tout calculé et que c’était un coup monté à mon profit.

Il ne faut pas se plaindre de tout cela. La scène médiatique est une arène. Pas tout le temps, ni partout, mais souvent. La lutte consiste à donner des coups et il ne faut s’étonner d’en recevoir. Si France télévisions réagit a mon sujet alors qu’elle n’a jamais rien dit avant quand Pujadas était réellement insulté et de quelle manière, c’est parce que je suis un homme politique. La direction essaie de surfer sur le sentiment de méfiance à l’égard "des politiques" et elle pense trouver en moi une bonne tête à claques. C’est une erreur totale. les médias officiels sont encore plus haï que les politiques. Cette affaire va renforcer notre critique et le doute qu’il est impérieux de répandre sur les activités de cette sorte de télévision. A la fin, l’important est que nous avons réussi, moi par hasard cette fois ci, Pierre Carle de propos délibéré, vous en écrivant sur tous les sites et réseaux sociaux, chacun de notre côté à notre manière, à ébranler encore la légitimité du système médiatique. Le vieux compte à régler de 2005 n’est pas clos. La sottise des réactions contre moi nous sert de point d’appui. Je sais que, de tous côtés, sur tous les sites des gens inondent d’arguments et de liens avec les mêmes informations que celles que je viens de donner ici. Mille mercis pour cela ! Je note que les références aux propositions du Parti de gauche à propos de la libération des médias commencent à être lues par les professionnels et qu’ils y font référence dans leurs papiers comme étant la cause que je défends. De cette manière aussi vit ce que j’appelle la radicalité concrète. Dans la profession j’en suis certain, nombre s’interrogent et font la part des choses entre l’image de violence caricaturale qui est donnée de moi et le fond de ce que je dis vraiment.

Et maintenant, en bout d’article, sans dramatiser d’aucune façon, ni accuser, je veux vous raconter une anecdote personnelle qui vous dira aussi ce que tout ça produit. Dans la rue, samedi, un type me jette menaçant et assez imbibé : "vous êtes un grossier personnage" ! Ce n’est pas fréquent. Peu de gens m’ont agressé verbalement jusqu’à ce jour. Et le même après midi, assis à la terrasse d’un café rue Lafayette, un type me tombe dessus. Je le prends d’abord pour un serveur, car il tient à la main un chiffon. Il se lance dans une diatribe contre moi. Je crois à un gag un peu lourd : « vous êtes une méchante personne, je vous souhaite du malheur dans la vie » et ainsi de suite. Puis je réalise qu’il s’agit d’un dingue et que ce n’est pas une plaisanterie. Il s’avance pour me frapper. Pour finir, il me donne un coup de pied et s’en va. Je me lève pour le prendre au collet, car ma nature est à ne jamais subir sans rendre les coups. On me retient « Ne fais pas ça ! Ne fais pas ça : on va dire que c’est de ta faute ! » J’ai bien fait de suivre le conseil, je crois. Même s’il m’en coûte d’être frappé sans rendre le coup. Mais je veux dire que le fait de diaboliser quelqu’un n’est jamais sans conséquence. Le pire est que les fous, les gens mal dans leur tête, sont tellement nombreux à présent dans les rues de Paris, sans que personne ne s’occupe d’eux !

Ultime précision. Salaud, au sens de l’existentialisme de Jean Paul Sartre est celui qui agit sous l’empire de la bonne conscience, sans assumer sa responsabilité véritable à l’égard des autres.


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