Tension de plus en plus forte entre les Verts et le PS (3 articles)

vendredi 15 janvier 2010.
 

1) Ile de France : Hidalgo provoque les Verts (article du JDD)

Dans un entretien accordé lundi au Parisien, la candidate socialiste se montre particulièrement véhémente contre ses rivaux écologistes. Lesquels n’ont pas manqué de lui répondre.

Anne Hidalgo est déjà pleinement engagée dans la campagne pour les élections régionales de 2010 en Ile-de-France. Elle-même tête de liste à Paris, l’élue socialiste n’hésite pas à multiplier les attaques depuis plusieurs semaines. Contre la droite, évidemment, mais également contre les partenaires Verts. Dernier exemple en date, l’entretien que le bras droit de Bertrand Delanoë dans la capitale a accordé au Parisien ce lundi. Si, dans les colonnes du quotidien francilien, Anne Hidalgo affirme qu’elle ne se "trompe pas d’adversaires", les écologistes sont effectivement loin d’être présentés comme les meilleurs alliés du monde.

Les Verts "ont choisi de partir seuls" à la bataille, déplore la première adjointe au maire de Paris, avant de regretter "leur agressivité obsessionnelle à l’égard du PS". Plus loin, défendant la politique de Bertrand Delanoë en matière écologique dans la capitale, Anne Hidalgo enfonce alors le clou : "A la différence des Verts, nous n’avons pas pour seule priorité de combattre le réchauffement climatique. La question du chômage ne peut pas être relativisée. La situation sociale revêt la même urgence que l’exigence climatique."

"Notre objectif, c’est d’être devant les Verts"

Bien évidemment, cette charge n’est pas passée inaperçue dans les rangs écologistes. Dans un communiqué, Jean-Vincent Placé, directeur de campagne du mouvement écolo en Ile-de-France, a ainsi vivement réagi aux propos d’Anne Hidalgo, qualifiés de "préoccupants voire inquiétants". "Europe Ecologie Région Île-de-France a la volonté dans cette campagne de se tenir éloigné des petites phrases et propos politiciens de toutes sortes et recommande à l’ensemble des candidat/es (…) de ne pas sombrer dans les caricatures ou diatribes qui rebutent tant nos concitoyens/nes", a commenté le responsable écologiste, par ailleurs président du groupe Vert à l’Hôtel de région.

Il n’empêche, alors que la campagne débute à peine, la tension monte déjà entre socialistes et Verts. Particulièrement performant en Ile-de-France lors des dernières élections européennes - Europe Ecologie avait récolté 20% des voix contre 13% pour le PS - le mouvement écologiste nourrit de solides ambitions pour le scrutin régional. A tel point que le credo socialiste tient en quelques mots : "Notre objectif, c’est d’être devant les Verts", assène Anne Hidalgo dans Le Parisien. Une mission, qui à l’heure actuelle n’a rien d’impossible : à en croire le sondage exclusif Ifop pour leJDD.fr publié en décembre, les listes socialistes devanceraient de sept points leurs "rivales" écologistes en Ile-de-France.

Mais, derrière ces estimations de premier tour, s’en trouvent d’autres, moins flatteuses pour le parti de la rue de Solférino. Au second tour en effet, Cécile Duflot (chef de file régionale d’Europe Ecologie), comme Jean-Paul Huchon (président socialiste sortant), battrait facilement l’UMP emmenée par Valérie Pécresse. Autant dire que l’appel au "vote utile", souvent lancé par le PS - au grand dam de ses alliés naturels - s’en trouverait ici annihilé. Une donnée, qui, si elle se confirme, ne devrait pas manquer pas de pimenter la campagne à gauche. En tout état de cause, la guerre des mots a elle déjà commencé.

2) Crispations entre Verts et socialistes Article de L’Huma

Les échanges se tendent entre les deux formations, sur fond de rivalités pour la première place à gauche au premier tour des élections régionales de mars.

Ambiance tendue, ces dernières semaines, entre les Verts et le Parti socialiste. Partenaires au sein des majorités régionales sortantes, les deux formations, qui partent séparément au scrutin de mars prochain, affichent désormais une concurrence crispée. Ce week-end, c’est Alain Bucherie, trésorier régional des Verts en Poitou-Charentes, qui en a fait les frais. Candidat sur la liste de Ségolène Royal, il a été « suspendu » de son parti. La semaine dernière, le maire de Lyon, Gérard Collomb, retirait sa délégation d’adjoint au Verts Étienne Tête, candidat sur la liste Europe-Écologie en Rhône-Alpes, après que celui-ci eut accusé l’édile, selon un hebdomadaire local, de « mentir » sur l’attribution d’aides publiques à une chaîne de télévision privée. Hier, ces disputes ont pris un nouveau relief, avec une attaque frontale d’Anne Hidalgo, première adjointe au maire de Paris, tête de liste socialiste dans la capitale. Laquelle reproche aux écologistes, dans un entretien au Parisien, de faire preuve d’une « agressivité obsessionnelle envers le PS ». « Ce serait bien qu’ils s’occupent de la droite », tranche sèchement l’élue, dont l’objectif, en mars, est « d’être devant les Verts ». « Diatribe politicienne exagérée », rétorque Jean-Vincent Placé, directeur de campagne d’Europe-Écologie en Île-de-France, qui se dit « préoccupé » et appelle ses « amis socialistes à retrouver leur sang-froid et le sens de la mesure ». Pour ce proche de Cécile Duflot, l’autonomie de chacune de ces formations n’est pas synonyme de division à gauche. « Nous ne nous positionnons pas contre nos partenaires de gauche, nous souhaitons un débat de fond, au premier tour, sur les différents projets. Nos priorités ne sont pas les mêmes, mais nous appartenons à la même famille. Nous nous retrouvons dans l’opposition à la politique de Nicolas Sarkozy et nous partageons une même préoccupation, dans cette période de crise, sur l’urgence sociale et l’emploi », tempère-t-il. Avant de plaider pour le « rassemblement » au second tour des élections régionales.

La fébrilité des socialistes franciliens

Les Verts affichent clairement leur ambition de supplanter le PS à la tête de la région capitale. « Jusqu’ici nous avons proposé, Jean-Paul Huchon a arbitré. Aujourd’hui nous voulons plus de volontarisme politique, plus d’écologie, plus de social, avec Cécile Duflot comme présidente de région », conclut Jean-Vincent Placé. Les socialistes, de leur côté, ne dissimulent pas leur fébrilité, après avoir été devancés dans plusieurs régions aux élections européennes par les listes Europe-Écologie, qui ont su capter une frange importante de l’électorat du PS. Des électeurs qu’ils espèrent reconquérir en devenant en 2010, selon les termes de Pierre Moscovici, « les meilleurs écologistes de France ».

Rosa Moussaoui

3) Régionales : pourquoi les Verts se sont trompés de stratégie Article Le Post

Forts de leur joli succès aux élections européennes, les Verts auraient pu capitaliser cette réussite en négociant en position de force des bonnes places avec le PS. Ceci aurait évité le risque de perdre tout crédit pour 2012 en cas de mauvais score, et, à part peut-être en Ile-de-France (affaires Dray et Huchon obligent), ce score sera très certainement globalement mauvais. Je m’explique...

D’abord, qu’est-ce qui a produit les bons résultats de 2009 ?

- Il y avait déjà la présence de trois "stars" de statures internationales, en particulier Cohn-Bendit qui est le député européen le plus populaire, pendant que les autres partis présentaient leurs seconds couteaux. Un bémol sur l’UMP qui présentait Barnier, lui aussi assez connu comme personnage à vocation européenne.

- L’Europe, c’est la bonne dimension aux yeux du public pour traiter les problèmes écologiques. Même ceux qui prennent l’Europe pour une vaste machine à produire des normes et des réglements se disent qu’au moins, ce genre de contraintes peut être utile pour l’environnement.

- Enfin, la campagne a été très bonne tout simplement parce qu’ils parlaient d’Europe, qu’ils ne donnaient pas l’impression de se tromper d’échéances comme le PS ou le MoDem. Eux, donnaient le sentiment de vraiment connaître leur sujet. Par exemple, je me souviens lors d’un débat comment Cohn-Bendit a mouché De Villiers en lui rappelant qu’il ferait parti d’un groupe parlementaire dont le leader était pour l’entrée de la Turquie. Aucun autre débatteur ne savait ce détail qui tue, ce qui prouvait que Dany était le seul du plateau à maîtriser sont sujet dans ses moindres aspects.

- Et aussi, parmi les votants, il y avait une très grosse partie des socialistes accablés par le catastrophique congrès de Reims qui ne voulaient pas de succès du PS version "Aubry et les éléphants".

Tous ces points positifs ne seront plus réunis pour 2010 car :

- Aucune star ne va se présenter à part en Ile-de-France.

- Les présidents socialistes eux, maîtrisent très bien leur sujet et sont généralement appréciés au niveau local, tandis que les Verts eux on plus une image d’"emmerdeurs" qui sont contre tout.

- Les Verts se trompent de dimension, se trompent d’élection avec ces stupides consignes nationales qui sonnent bon la nostalgie du "centralisme démocratique" d’extrême-gauche. Aussi, j’ai été éberlué par le débat sur France Inter entre Cohn-Bendit et Mélenchon. C’étaient certes de belles joutent oratoires plaisantes à entendre mais... juste un détail, ils ont complètement oublié de parler de politique régionale... il n’était question que de grande stratégie, de grandes idées de grandes manoeuvres mais ça s’est un peu trop vu que les 2 protagonistes n’en n’avaient absolument rien à cirer des régions !

- L’électorat ségoléniste opportunément récupéré en 2009 a été fort maladroitement mal-traité par les attaques artificielles de Cécile Duflot envers Ségolène Royal (car quand on y regarde de plus près, elles sont très proches politiquement l’une de l’autre) et surtout, le refus de faire alliance en Poitou-Charentes au premier tour, avec, cerise sur le gâteau, suspension (exclusion ?) de tous les récalcitrants à la consigne du polite-bureau.

Le score des Verts va donc être décevant un peu partout et particulièrement catastrophique en Poitou-Charentes car je ne vois pas ou ils vont pouvoir trouver une cohérence dans leurs arguments. Si le but était de faire barrage à la droite alors il fallait s’allier au PS partout. Si le but était de "verdir" au maximum le PS dans les régions alors, il fallait faire du cas par cas en donnant des bon points à certaines (en s’alliant) et des mauvais points à d’autres (en ne s’alliant pas) et dans ce dernier cas, il fallait forcément donner un bon point à la région picto-charentaise qui, de l’avis de tous, est à l’avant-garde au niveau écologique.

En Poitou-Charentes, j’ai beau chercher, je ne vois aucune raison qui pousserait un électeur à voter Vert.

- Un électeur traditionnel fidèle de gauche ou de droite va voter PS ou UMP.

- Un électeur traditionnel Vert qui voterait par fidélité, ça n’existe pas, on l’a bien vu à la présidentielle.

- Un électeur socialiste mécontent de la direction actuelle va, en Poitou-Charentes, voter Ségolène Royal.

- Un électeur socialiste anti-Ségolène va trouver d’autres partis comme le Modem ou le Parti de gauche, pas les Verts, qui font partie des gens proches de la présidente de région.

- Un électeur content de la politique régionale va voter PS, l’équipe sortante.

- Un électeur mécontent de la politique régionale ne va pas voter Vert puisque eux, font partie de l’équipe sortante.

- Un électeur voulant "verdir" la politique du PS, va rester sur Ségolène Royal, qui garde l’image d’une des plus vertes des socialistes et ne va pas voter pour un parti soit-disant écologiste qui n’a pas voulu du pouvoir qu’on lui offrait avec la vice-présidence de région et 11 sièges...

En conclusion, si tout reste en l’état, je prévois une déconvenue cuisante aux verts et en particulier en Poitou-Charentes ou je ne les vois même pas dépasser les 2%. Qui prend le pari ?

Mesdames et messieurs de la direction des Verts, il est encore temps d’éviter la catastrophe et de réviser vos positions ne vous enferrez pas dans cette faute politique qui est de partir partout tous seuls à la bataille, ou vous allez le regretter amèrement !


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