Régionales : Besancenot, isolé, en perte de leadership à gauche de la gauche

jeudi 10 décembre 2009.
 

Face au trio PCF-Parti de gauche-Gauche unitaire qui partira uni dans la plupart des régions malgré quelques couacs, le NPA d’Olivier Besancenot, isolé, semble perdre son leadership de la gauche radicale, déjà entamé aux européennes.

Les militants NPA viennent de mettre la direction du parti en minorité sur sa stratégie aux régionales. Appelant à l’unité mais refusant tout accord de gestion avec le PS et Europe-Ecologie, ce qui empêche une alliance avec le Front de gauche PCF-PG-GU, la direction n’a obtenu que 36,3% des suffrages lors du vote des 4.500 adhérents sur 8.000 revendiqués.

Face à elle, une motion "dure" d’anciens membres de Lutte ouvrière favorable à des listes en solo a recueilli 28,5% des voix. Et 31,5% se sont prononcés pour l’union avec le Front de gauche, traduisant une percée du courant unitaire depuis le congrès de fondation du NPA en février où les "unitaires" n’avaient récolté que 16%.

Une "motion de synthèse" doit être adoptée dimanche par le parlement du NPA.

Le parti de M. Besancenot, désormais dans une "crise majeure", est allé "jusqu’au bout de l’impasse en jouant la comédie de l’unité", affirme l’ex-NPA Christian Picquet (GU).

Selon Pierre-François Grond (NPA), des accords unitaires avec notamment le PG de Jean-Luc Mélenchon, sont toutefois en bonne voie dans "cinq ou six" régions comme en Bretagne, Basse-Normandie ou Lorraine, où les militants PCF ont opté pour des alliances avec le PS.

En Languedoc-Roussillon, un accord avec le Front de gauche (FG) pourrait se dégager face au cas Georges Frêche. Mais dans toutes les autres régions, à l’image de Lutte ouvrière, le parti anticapitaliste partira seul, comme aux européennes où le FG l’avait battu (6% contre 4,9%).

Le Front, lui, poursuivra l’aventure dans 17 régions même si la bataille est serrée pour la désignation des têtes de liste, comme en Ile-de-France où le PCF veut imposer son numéro deux Pierre Laurent face à M. Mélenchon.

Pour Frédéric Dabi (Ifop), "le Front de gauche incarne dans l’imaginaire le rassemblement de la gauche anti-libérale". Il y a une "vraie déception des sympathisants NPA" en "attente d’alliance", juge ce politologue pour qui le parti est dans une "sorte d’isolement" conduisant à sa "perte de leadership".

Une position partagée par Yann Cochin, du courant unitaire du NPA : "les militants ont souffert aux européennes et ont pris conscience de l’inutilité de tourner le dos à l’unité". "Le risque est réel de voir partir des militants", dit-il, n’excluant pas que ses partisans puissent rejoindre des listes FG.

Dans le dernier sondage Ifop, le NPA qui a lancé une grande souscription pour renflouer ses caisses, obtiendrait 4% aux régionales, derrière le FG (7%). Le parti n’est "pas euphorique", reconnaît M. Grond (NPA) regrettant le manque de "riposte sociale" d’envergure face à Nicolas Sarkozy.

Mais le facteur de Neuilly qui a perdu cinq places et neuf points dans le dernier palmarès Ipsos (13e à 41%), jouit toujours, "sur la longueur", d’une "bonne popularité", estime M. Dabi. Et le politologue de faire un "rapprochement" entre M. Besancenot et François Bayrou (MoDem) qui échouent aux élections intermédiaires et réussissent aux présidentielles.

Or, il est "important que le NPA existe en dehors de Besancenot" et "avec ce refus d’alliance, il a perdu cette occasion", explique M. Dabi.

"L’image du NPA et de son leader sont en train d’être atteintes", selon Christian Picquet. "Au-delà de postures sympathiques de soutien aux luttes sociales", "à quoi sert Olivier Besancenot ?", demande-t-il.

De Julie DUCOURAU (AFP)


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