Habitat choisi : le droit à l’expérimentation alternative

mardi 5 janvier 2010.
 

Le système capitaliste et le modèle productiviste génèrent une grave crise économique, sociale, ainsi que la promesse, qui ne fait plus débat, d’une catastrophe écologique majeure aux conséquences désastreuses pour l’humanité.

Cette crise globalisée ne cessera de s’amplifier si rien ne change. A l’évidence, les Français l’ont bien compris puis que 90% d’entre eux pensent que c’est le bon moment pour revoir nos modes de vie .

Face à ce constat, par choix écologique - et parfois par nécessité sociale- des citoyens font le choix d’un mode de vie alternatif en s’installant dans des habitats légers et/ou mobiles à très faible empreinte écologique (yourtes, cabanes, tipis, roulottes). Un habitat sobre, autonome, respectueux de l’environnement, la yourte étant par ailleurs classée au patrimoine mondial.

Ce mouvement, à l’opposé de l’idéologie dominante et de l’idée d’une « France de propriétaires » chère à Nicolas Sarkozy, est en grande partie fondé sur la nécessaire sortie du consumérisme et de l’accumulation matérielle. Il est l’expression de citoyens engagés sur la voie de l’être et non de l’avoir, ayant acté qu’il n’y avait rien à attendre des politiques libérales pour répondre aux urgences sociales, économiques et écologiques. Il porte en lui la remise en cause de l’horizon indépassable du capitalisme.

Ces choix de vie alternatifs, s’ils ne peuvent être considérés comme une alternative globale au problème du logement et ne sauraient remplacer les efforts des autorités publiques en la matière, ne portent atteinte à personne et devraient donc pouvoir au minimum bénéficier de la tolérance des autorités. Au contraire, les organismes de l’État (DASS, DDE, gendarmerie…) adoptent à leur égard une attitude hostile et répressive : pressions pouvant aller jusqu’à l’expulsion des personnes de leur propre terrain, amendes, menaces de démolition des habitats…

Il est pourtant possible de définir un cadre juridique permettant à chacun de faire un choix d’habitat différent, dans le respect de l’autre et de l’environnement.

Des associations, collectifs et réseaux défendent aujourd’hui des orientations simples et concrètes pour que ces installations alternatives, légères et économes, soient reconnues d’utilité publique et légitimées par les institutions publiques.

Leur principale revendication, devant les prix prohibitifs du foncier, est d’autoriser l’installation de ces habitats légers sur des terrains non constructibles, sans obligation de certificat d’urbanisme ni de raccordement aux réseaux (EDF, eau de ville...). Requalifier ces terrains en « éco-contructible » permettrait de les classer en zones expérimentales et d’y accepter l’accueil de ces habitats, en posant comme condition que les aménagements soient réversibles.

Une autre mesure proposée est la mise en place d’une taxe d’habitation réduite, proportionnelle à la très faible empreinte écologique de ces habitats (électricité autonome, récupération de l’eau pluviale, phyto-épuration de l’eau, toilette sèches…).

Cette reconnaissance du droit à l’habitat choisi permettrait là où il est pratiqué de réduire les déchets à la source, d’échanger les diverses expériences avec les élus, les habitants, les touristes, bref, de pratiquer l’écologie au quotidien tout en créant du lien social, au lieu de créer toujours plus d’exclusion.

Nul besoin d’être un expert en économie, sociologie ou écologie pour constater que notre monde n’a pas de sens. Alors, qu’attend-on pour lui en donner un ? Nous ne le trouverons pas dans le modèle capitaliste et productiviste. Cette nouvelle ère, c’est à nous de l’ouvrir, nous, citoyens de ce monde qui ne demande qu’à naitre, appuyés par des acteurs politiques responsables.

L’habitat léger n’a pas vocation à remplacer les autres formes d’ habitat, mais il doit pouvoir rester un choix. Le Parti de Gauche, conscient de la nécessité absolue d’explorer de nombreuses pistes alternatives écologiques dont certaines peuvent répondre à un besoin social, porteur d’un projet d’émancipation de la personne et de combat contre l’aliénation et l’exclusion, a vocation à se positionner aux cotés de ces précurseurs du post-capitalisme dans leur exploration de nouveaux chemins de traverse.

J-F Castel (PG Tarn et Garonne) et C Morel Darleux (PG Drôme)


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message