Les propositions de Laurent Fabius sur les questions économiques et sociales.

dimanche 22 octobre 2006.
 

Chers camarades,

Face à l’urgence économique et sociale, je veux partir de la réalité et affirmer une claire volonté politique. La réalité, c’est qu’une grande majorité de nos concitoyens vivent ou redoutent la précarité. Emploi, logement, accès aux soins, services publics : la précarité se généralise. Ma volonté, avec tous les socialistes, c’est de refuser cette prétendue fatalité et de proposer un autre projet de société.

La droite porte une responsabilité écrasante : France en déficit, recherche scientifique en panne, explosion des contrats courts, conditions de vie qui se dégradent.

La dérive libérale de l’Europe, pourtant refusée par les peuples, aggrave la situation.

Surtout, le capitalisme a changé. Industriel et national auparavant, le voilà financier et transnational.

« Tous concurrents et que le moins cher gagne », telle est sa règle qui conduit à de dramatiques impasses, humaines, sociales, climatiques, sanitaires. Si la gauche n’arrête pas cette course folle, qui le fera ? Face à un capitalisme dur, il ne faut pas un socialisme mou.

Ces choix permettront à la France de renouer avec une croissance forte et durable.

1) Première urgence, le pouvoir d’achat et l’emploi.

J’ai proposé de porter le plus rapidement possible le SMIC à 1500 €, dont 100 € tout de suite, et d’organiser une conférence salariale pour diffuser cette hausse aux petits et moyens salaires. Je propose aussi de garantir à tous les retraités ayant cotisé un nombre suffisant d’années un niveau de pension minimal qui devra s’approcher du SMIC. Les femmes qui ont eu des carrières morcelées auront ainsi une pension décente.

Nous créerons la Couverture Professionnelle Universelle (CPU). Par une garantie de revenus et un accès à la formation professionnelle permanente, elle permettra d’aménager les temps de transition professionnelle. Le CNE sera abrogé. Dans les grandes entreprises, les exonérations de cotisations sociales seront progressivement supprimées. Les ressources ainsi récupérées seront affectées pour les emplois jeunes, pour la recherche scientifique et l’enseignement supérieur, pour les investissements et la croissance des PME.

Le soutien au pouvoir d’achat et à l’investissement des entreprises doit nous permettre de renouer ainsi avec une croissance forte et durable, qui est indispensable.

2) Deuxième urgence : préparer l’avenir et mieux nous défendre dans la mondialisation.

Comme je m’y suis engagé devant le collectif « Sauvons la Recherche », le budget de la recherche sera augmenté de 10 % par an.

Avec le gouvernement, je proposerai à nos partenaires une réorientation de la politique monétaire, de la politique de la concurrence et de la politique commerciale de l’Union européenne.

En France, le principe du « délocaliseurpayeur » sera instauré : si une entreprise délocalise, elle devra rembourser les aides publiques reçues, payer la taxe professionnelle pendant trois ans et financer le reclassement des salariés concernés.

Pour limiter les OPA souvent destructrices d’emplois, les salariés disposeront d’un droit de contrôle étendu, à travers une double consultation du conseil d’administration et du comité d’entreprise.

3) L’urgence, c’est aussi d’agir pour le logement et la politique de la ville.

120 000 logements sociaux locatifs seront construits chaque année. Dans les communes ne respectant pas le minimum prévu de 20 % de logements sociaux, le Préfet se substituera au maire. La hausse des loyers sera limitée à celle de l’inflation.

Pour les quartiers, des « Pactes de Solidarité Urbaine » entre l’Etat et les agglomérations seront négociés et conclus. Nous développerons l’accompagnement social et éducatif précoce des mineurs dérivant vers la violence. Et nous lutterons contre toutes les discriminations.

4) Dans les quartiers comme dans les campagnes, le changement nécessitera des services publics forts.

Les enseignants seront confortés dans leur mission de transmission des savoirs. Les jeunes bénéficieront d’un soutien périscolaire public après la classe. De nouveaux moyens seront dégagés pour les élèves en difficulté.

Je défendrai l’hôpital public et veillerai à ce que des médecins s’installent partout sur le territoire. La prévention sera développée, notamment pour lutter contre l’obésité. Nous investirons pour réduire le temps d’attente pour les examens médicaux.

En matière énergétique, je demanderai un moratoire européen sur la dérégulation dans le domaine de l’énergie. Comme le prévoit notre projet, EDF repassera sous contrôle 100% public et sera rapproché de GDF. Cela ne nécessitera pas de fonds budgétaires. Un vaste plan d’économies d’énergie et de développement des énergies alternatives sera engagé et les transports les moins polluants auront la priorité.

Voilà, concrètement, quelques aspects majeurs de la politique économique et sociale que nous engagerons lors du prochain quinquennat. A la fois par la loi et par le contrat. Par le niveau national comme au niveau local. Face au projet précaire et brutal de la droite, je répondrai à l’urgence sociale et je préparerai l’avenir. Il s’agit de construire une France forte et solidaire. Forte parce que solidaire. Je m’y engage avec chacune et chacun de vous.


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