Hans Trapp, Nicolas Sarkozy, les banquiers et les Conti (billet d’humeur)

dimanche 6 septembre 2009.
 

Vous avez sûrement dans vos lointaines provinces des épouvantails, des repousse frimousses, des vilains pas beaux qui vous flanquaient les chocottes quand vous étiez petits. Nous aussi, en contrée excentrique, on a tout pareil, sauf que nous, on l’a affublé du joli nom de Hans Trapp. Ce gars-là, c’est comme qui dirait une espèce de Père Fouettard, revu et corrigé contes de Grimm, voyez le genre sympathique du bonhomme. Même plus tout à fait gamins, pour tout dire au lycée, on nous le sortait la veille de la Saint-Nicolas (ben oui, quoi, on est en Lorraine, tout de même !) et même qu’on balisait sévère, vu qu’au réfectoire, ce soir-là, pour peu que le pion t’ait gaulée à « fumer aux toilettes », tu avais droit à quelques coups de bâton sur les côtelettes ! Je vous promets que c’est vrai. Donc, et en deux mots, le Hans Trapp, il punissait les pas gentils et collait la panique aux presque méchants, qui du coup se tenaient à carreau pendant, allez, deux semaines avant le soir fatidique, pour ne pas avoir trop la honte devant les sixièmes, pendant bien sûr que Saint Nicolas donnait des bonbons aux premiers de classe. Après ? On recommençait à « fumer aux toilettes », bien sûr !!!

Ça m’a rappelé le Hans Trapp, les sorties de ces derniers jours. D’abord le chef qui vient faire la grosse voix aux banquiers, que si jamais on les prend encore à mettre les doigts dans le pot de confitures, on verra ce qu’on verra et qu’on se le dise et qu’on n’y revienne pas. Vu ??? Les banquiers, tu penses comme ça les impressionne, puisque le surveillant général (c’est comme ça qu’on les appelait de mon temps !) la semaine avant, il leur avait mis à tous ou presque des bons points, mais attention, en douce, des fois que ça se verrait trop qu’ils sont copains ensemble . Et devant le bon peuple, il les fâche, comme dit ma Lucie, il les gronde, il leur promet des heures de colle.

Bon, maintenant, pour être honnête, les colles du surgé Sarkozy, elles ne vont pas chercher bien loin. Eh ! Faut pas pousser non plus ! On ne va pas aller jusqu’à les nationaliser, les méchants banquiers, même s’ils font tout ce qui est défendu, y compris dans les paradis fiscaux (un peu comme si tu allais fumer dans le bureau du proviseur !), même s’ils ne jouent pas le jeu. Et pourtant, ça s’est fait, dans notre beau pays, ce genre de choses, ou je me trompe ? À force de crier sur eux, et de ne jamais les punir, les autres, les tricheurs, ils n’y croient plus, fatal ! Et les sourcils froncés du surgé Sarko, ils s’en fichent comme de leur premier contrôle fiscal !

Après ça, et dans le même registre, on a eu l’inénarrable Éric Woerth, ministre des sous, c’est ça ? Lui aussi, il a crié fort devant la classe : » J’ai les noms de ceux qui chahutent, il y a un fayot qui a cafté, j’ai les noms je vous dis ! Alors, si on ne se calme pas tout de suite, je la sors, ma liste, et on va voir ce qu’on va voir, et qu’on se le dise, et qu’on n’y revienne pas ! Vu ??? ! » Encore une fois, grosse impression dans les rangs… Sauf que depuis, on n’a toujours pas vu rentrer ventre à terre tous ceux dont les valises se planquent et prospèrent dans le grand silence blanc des banques suisses ! Même pas peur, qu’ils ont dit les évadés du tiers provisionnel !

Par contre, là où ça marche du feu de Dieu les menaces et les sanctions, c’est sur le paletot des syndicalistes de la Conti. Délinquants, qu’on leur a dit ! Délinquants, pour avoir remué deux ou trois ordinateurs et quelques tiroirs –même pas tiroirs-caisses, il eût mieux valu pour eux, d’ailleurs, quitte à payer, que ça vaille le déplacement… -. Délinquants, pour avoir laissé éclater leur colère. Délinquants, pour avoir tenté de sauver leur gagne-pain. Délinquants, pour avoir montré au grand jour qu’ils ne se laisseraient pas tondre comme des moutons, sans rugir*, sans ruer. Depuis avril, on nous les présente comme des saccageurs, des casseurs, des voyous. En sortant du tribunal, hier, ils l’ont crié : « Les voyous, c’est pas nous ! » Souvenez-vous, un soir à la télé, à David Pujadas qui naïvement lui demandait s’ils regrettaient leur geste, l’un d’entre eux avait dignement répondu : « Vous plaisantez, j’espère ? » Il y a quelque chose qui va bien mal dans notre beau pays des Droits de l’Homme et du Citoyen. Les vrais bandits se gobergent, sans même qu’on leur en fasse la remarque. Et les gars qui veulent gagner leur vie, seulement en travaillant, sont traînés en justice. Et condamnés. Et là, du coup, le surgé, on ne l’entend plus… C’est peut-être parce qu’il apprend à jouer du pipeau ? Le pipeau, ça peut servir dans son genre de métier, vous ne croyez pas ?

* Ça rugit, les moutons ? Pas sûr. Pardon, les gars, vous n’êtes définitivement pas des moutons, et vous l’avez prouvé.

brigitte blang


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