La bataille actuelle pour le Honduras fera jurisprudence pour la démocratie en Amérique latine

vendredi 10 juillet 2009.
 

Si besoin était, ces évènements du Honduras nous dispensent d’avoir demain à nous justifier auprès des belles « grandes consciences » si promptes à nous montrer du doigt et à invectiver ! Nous savions que leur indignation était souvent largement suggérée par le goût de plaire utilement. A présent leur larbinage de commande ne s’encombre même plus de précaution. En dehors des heures de bureau, une fois venue la saison des vacances, les bobocrates à grosse crête, faute de commande précise venue des grands centres de l’indignation mondiale, sont aux abonnés absents. Pourtant cette bataille là, au Honduras, c’est celle qui fera jurisprudence pour la démocratie en Amérique latine.

Dorénavant, les années de plomb où l’on putschait impunément, peuvent être closes pour de bon. Quatre présidents latino américains attendent pour raccompagner à demeure dans sa capitale Manuel Zelaya. S’ils atteignent leur but, quelque chose d’historique se sera produit sur le continent. Grâce soit rendue à Hugo Chavez qui n’a pas laissé faire et a mobilisé tout ce qui pouvait l’être aussitôt qu’on connut la nouvelle. Raphael Correa (Equateur) et Fernando Lugo (Paraguay) ont assumé crânement leur rôle aussi.

Voyons plutôt chez nous. Des phrases ambigües, dans le meilleur des cas. Et encore ! Après une longue pause de silence, le temps de savoir de quel côté étaient les américains. Pendant la pause cependant les arguments des putschistes tenaient naturellement le haut du pavé. Le moment venu on récapitulera ce qui s’est écrit dans chacun des grands journaux de ce pays.

Comme d’habitude à propos d’Amérique latine, le PS, noyauté jusqu’à l’os, a tenu son registre de complaisance approfondie pour la droite latino et les arguments des agences du Pentagone. Ainsi quand il déclare soutenir les tentatives de conciliation du Mexique. La « conciliation » entre des putschistes et les élus d’un pays, il faut oser ! C’est comme si, en 1936, on avait poussé le gouvernement républicain espagnol à la « conciliation » avec l’armée du général Franco ! Allende à la « conciliation » avec Pinochet ! De Gaulle avec les généraux félons d’Algérie ! Pourtant le PS a osé. Depuis que je n’y suis plus, il n’y a plus aucune résistance interne à la dérive atlantiste totale de la direction de ce parti. En fait je connais la vérité. Plus personne à la direction de ce parti ne s’intéresse à l’Amérique latine. Tout est donc écrit dans des bureaux que personne ne contrôle plus du tout et qui expriment seulement les influences auxquels certains se sont volontairement soumis. Informons d’ailleurs que le Mexique ne fait aucune « conciliation » du tout, vu que le président Zelaya et les autres présidents, forts de la condamnation prononcée par l’OEA et les Nations Unies, avancent frontalement pour le rétablissement du pouvoir Constitutionnel au Honduras. D’une façon plus large, le Mexique est absent de la scène.

Ce soir, je tape ces mots après avoir eu deux conversations téléphoniques avec des camarades de l’entourage de Zelaya. Ils embarquent dans l’avion qui suit celui du Président. Eux ne sont pas censés atterrir au Honduras. Ils ne m’ont pas donné d’indications à ce sujet. Mais tous y convergeront, dans tous les cas, le moment venu, une fois l’avion de Zelaya posé. Car, juste avant Manuel Zelaya a décollé. C’est lui qui m’a appelé à la fontaine Saint Michel, jeudi. Si peu nombreux que nous ayons été, il était lui très impressionné et renforcé par l’idée qu’on se mobilisait pour son combat à Paris. Moi j’étais très ému d’entendre sa voix et je pensais à ce que nous étions en train de faire tous, c’est à dire régler leur compte aux gorilles et à leur commanditaire nord américain pour qu’il n’y ait plus jamais de putsch, et ce qui a été avec dans le passé : les arrestations et les disparitions et les tortures et tout le reste.

L’autre jour j’ai eu des nouvelles des camarades de l’Uruguay qui s’activent pour la candidature de « pépé » Mujica à l’élection présidentielle au nom du « Front élargi ». Pépé c’est quelqu’un, lui aussi. Il a été détenu deux ans dans un puits par les putschistes de l’Uruguay. Au total il a passé trois ans avec de l’eau jusqu’à la ceinture la moitié du temps. Compris ?


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