La guerre : analyser, connaître, dénoncer, concevoir

jeudi 15 septembre 2022.
 

1) Analyser la guerre

Je suis un adversaire farouche de la guerre. Je suis un inconditionnel de l’espérance pacifiste.

Je m’inscris dans l’héritage du fort mouvement pacifiste qui s’est développé après la 1ère guerre mondiale ; cependant, je constate qu’il n’a pas empêché la seconde, loin de là, désarmant au contraire certains courants face à la montée du fascisme.

Je m’inscris dans l’héritage du fort mouvement de la paix et mouvements contre l’arme atomique des années 1960. Je constate cependant que durant les années 1960 à 1989, l’insistance soviétique sur la paix ne servait qu’à cacher la volonté de l’URSS d’éviter l’affrontement malgré les nombreuses interventions militaires des USA et de leurs relais. Ainsi, la faiblesse soviétique a laissé place à des guerres terribles (particulièrement du Vietnam), aux dictatures militaires, aux pays ravagés par les divisions ethniques et religieuses (Congo, Afghanistan...).

Je rappelle ces deux périodes pour indiquer que stopper la guerre est bien plus complexe qu’un combat idéologique. Croire imposer la paix par des leçons de morale n’a aucun sens.

La polémologie (étude de la guerre comme phénomène de société) tout comme l’histoire militaire ne peuvent être séparés de l’histoire en général mais aussi de la politique, de l’économie, de la sociologie, des religions... Il s’agit donc d’un aspect essentiel des sociétés humaines jusqu’à aujourd’hui.

Comme l’avait affirmé Carl Von Clausewitz « La guerre n’est rien d’autre que la continuation de la politique par d’autres moyens ».

Il est nécessaire de comprendre les racines de la guerre pour agir aujourd’hui et demain en faveur de la paix

1a) Guerre et modes de production

La guerre s’est imposée dès la néolithisation car les sédentaires étaient obligés de défendre leurs villages, leurs terres (souvent les plus fertiles) contre des nomades, fuyant souvent des régions en voie de désertification, qui cherchaient à prendre leur place.

La guerre est restée un élément central du mode de production nomade pour la maîtrise des terrains de pâture, par des razzias aux dépens des villes et Etats aux sociétés sédentaires. Aussi, les Huns d’Attila comme les Mongols de Gengis Khan représentent l’archétype des guerriers.

De la guerre sont nés les Etats du mode de production tributaire (asiatique) généralement imposés par un peuple belliqueux sur les villages ruraux de vastes territoires.

La guerre n’a jamais cessé de régler les relations entre cités du mode de production antique au moins pour la raison qu’elle fournissait les esclaves nécessaires à la classe dominante.

Le mode de production féodal repose sur les rapports de force militaires, y compris dans les relations personnelles, à une époque où la société était éclatée, ruralisée, privatisée. En son sein, les Etats absolutistes se sont construits par la guerre au détriment de territoires dorénavant dominés. Pour prendre un exemple, les départements occitans avaient plus de chances de constituer un Etat avec les Catalans qu’avec les Alsaciens mais le sort des armes en a décidé autrement.

Dans le mode de production capitaliste, la guerre est essentiellement le moyen pour une bourgeoisie, un Etat de s’imposer comme impérialisme dominant contraignant les autres à une concurrence économique et financière préférentielle. La 1ère guerre mondiale s’explique particulièrement par le fait que plusieurs puissances aspiraient à ce statut. Celle de 1939 à 1945 n’est pas indépendante des aspirations des bourgeoisies et nations reléguées au second plan par les Traités de 1919 1921.

2) La guerre comme élément constitutif central d’une conception militariste du monde

L’écrivain latin Végèce ne voyait que la force pour éviter la guerre. « Ainsi, celui qui désire la paix devrait préparer la guerre. Celui qui désire la victoire devrait entraîner soigneusement ses soldats. Celui qui désire des résultats favorables devrait combattre en se fiant à ses habiletés et non à la chance. »

Au 19ème siècle, Pierre Larousse lui répondait : « Cette maxime toute romaine est peu philosophique... Il est paradoxal de dire que les gros bataillons assurent la paix. Les peuples sont de grands enfants : quand on a de si belles armes, il se trouve toujours des fous qui brûlent de les essayer ».

La force crée le droit.


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