1er mai 1962 : accident nucléaire de Béryl

dimanche 22 juillet 2018.
 

Le 1er mai 1962, la France réalise son second essai nucléaire souterrain à In Ecker, au nord de Tamanrasset, dans le Sahara algérien, pour expérimenter un prototype de la bombe atomique AN-11 prévu pour équiper les Mirage-IV de la force de frappe française.

La France a opté pour des essais souterrains en zone désertique, moins polluants que les essais aériens. Aussi tout est prévu pour que l’explosion soit confinée à l’intérieur de la montagne du Tan Affela.

Les galeries creusées en colimaçon doivent s’effondrer sous l’explosion renfermant ainsi le nuage radioactif, le dispositif est de plus renforcé par des « bouchons » de béton disposés aux ouvertures des galeries. Mais au moment du tir, évalué à 30 kilotonnes, les galeries résistent à la pression des gaz tandis qu’une des portes de béton occultant la galerie est pulvérisée, laissant s’échapper un nuage de poussières radioactives. Celui-ci se dirige vers les tribunes des officiels assistant à l’essai nucléaire. La foule des spectateurs est évacuée dans le plus grand désordre vers la base-vie, à une vingtaine de kilomètres, pour subir une douche de décontamination improvisée.

Le ministre des Armées publie aussitôt un communiqué rassurant pour pallier aux interrogations de la presse : « Un certain nombre d’informations dont le caractère alarmant ne correspond pas à la réalité ont été publiés par la presse... Lors de l’explosion atomique du 1er mai, de légères fuites de radioactivité se sont produites ». Dans le même temps les enregistrements des appareils de mesures de radioactivité sont mis sous secret-défense. Selon la Direction des applications militaires : « la contamination atmosphérique a été observée sur une distance d’environ 150 km, dans une zone où ne résidait aucune population sédentaire. Près de 2.000 personnes assistaient à cet essai. Localement, sur le site, une centaine de personnes ont été exposées à une dose supérieure à 50mSv. »

En réalité la liste des victimes est compliquée à établir. Outre les scientifiques et les officiels, dont Pierre Messmer, ministre des Armées, et Gaston Palewski, ministre de la Recherche scientifique, présent lors l’expérience, de nombreux militaires sont chargé de recueillir des échantillons dans le tunnel, dès le lendemain et ce pendant 6 mois, la plupart du temps sans protection. Mais surtout parmi les populations locales, que ce soit les travailleurs employés dans l’aménagement du site ou les habitants des zones voisines atteintes par le nuage radioactif.

Aujourd’hui encore la zone reste radioactive et l’accident de Beryl, selon le nom de code de l’opération, toujours teinté d’une part d’ombre.

Aigline de Causans


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message