Large front syndical pour défendre La Poste

jeudi 4 septembre 2008.
 

Les syndicats de la Poste ont appelé mardi les postiers à la grève et à des manifestations décentralisées le 23 septembre contre la transformation de l’établissement public en société anonyme.

Les fédération CGT, Sud-PTT, CFDT, FO, CFTC et CGC "ont décidé d’appeler l’ensemble des postières et des postiers à la grève nationale et unitaire avec manifestations le 23 septembre 2008", indiquent-elles dans une déclaration commune lue par la secrétaire générale de la CGT-Poste, Colette Duynslaeger, à l’issue d’une réunion intersyndicale au siège de la fédération à Montreuil qui avait débuté à 14H30. La CGC toutefois s’est ravisée, jugeant la grève prématurée.

"L’unité des organisations syndicales contre ce projet isole la Poste et le gouvernement", ajoutent les syndicats, qui soulignent que "l’ampleur de l’action le 23 septembre sera une étape importante pour mettre en échec la privatisation", et que "chaque grévistes va compter".

Les syndicats "réitèrent leur exigence d’un débat public national", et proposent aux usagers de signer une pétition "pour appuyer l’action des postiers et s’opposer au projet". Ils "conviennent également de s’adresser ensemble à tous les élus et partis politiques".

Pour que les manifestations "soient le plus massives possible, nous souhaitons qu’elles soient décentralisées", a précisé Mme Duynslaeger.

Les syndicats dénoncent la transformation de l’établissement public en société anonyme au 1er janvier 2010, synonyme pour elles de "privatisation".

Le président de La Poste, Jean-Paul Bailly, a détaillé jeudi dernier son projet lors d’un conseil d’administration : La Poste devrait devenir une société anonyme dès janvier 2010 avec ouverture de son capital au privé un an plus tard.

"On est d’accord sur le fait que La Poste a un avenir, qu’il faut aller chercher de l’argent. Ce qu’on conteste, c’est la façon dont on va le chercher", a expliqué Nadine Capdeboscq (CFDT), tandis que Daniel Rodriguez (CFTC) a estimé que "les partis politiques, quels qu’ils soient, doivent prendre positions" sur le sujet.

Ce radical changement de la Poste en société anonyme pourrait, selon Jean-Paul Bailly, « être effectif en janvier 2010 » et « l’augmentation de capital pourrait intervenir en janvier 2011 ».

Le gouvernement avait lui-même introduit l’idée d’un changement de statut et d’une ouverture des capitaux de l’établissement à hauteur de 10% à 20%, en s’appuyant sur la transposition en droit français de la directive européenne, qui impose la libéralisation totale du courrier au 1er janvier 2011.

Mais pour le syndicat Sud-PTT, "cette société anonyme publique, n’est qu’un artifice destiné à donner le change et prêt à évoluer à tout moment comme France Télécom dont les dérives managériales ont coûté quelques milliards à la collectivité".

"La partie s’engage", a estimé Didier Rossi, administrateur FO, rappelant que son syndicat avait proposé il y a quelques semaines de s’appuyer sur l’article 11 la constitution modifiée pour lancer l’idée d’un référendum sur l’avenir de La Poste, car l’entreprise publique "appartient au patrimoine national, c’est la France et les Français". Selon lui, « c’est devenu une question politique, ce n’est pas une question qui relève du management de La Poste ».

La principale crainte des syndicats de La Poste concerne les menaces qui pèsent selon eux sur l’emploi des 280.000 postiers, dont 60% de fonctionnaires, les autres relevant du droit privé.

Face à cette privatisation menaçant directement les missions de service public, cinq syndicats de La Poste (CGT, Sud, CFDT, FO et la CFTC) ont déjà convenu d’organiser une "journée d’action nationale" à la rentrée contre le changement de statut. Ils se réunissent le 2 septembre pour en définir les modalités.

La pétition lancée par la fédération CGT des télécommunications contre la privatisation de La Poste a d’ores et déjà recueilli 40 000 signatures depuis la mi-juillet.

Solenne Legeay pour humanite.fr


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