Au fil des siècles, l’histoire humaine a connu des massacres effroyables perpétrés par les armées de tel ou tel pays. Comme le disait si bien le général Deimling, commandant du 15ème corps d’armée allemand durant la Première guerre mondiale. "La guerre est un cas de légitime défense et ne connaît pas de loi. Il en sera ainsi tant qu’il y aura des guerres."
Les progrès techniques des 19ème puis 20ème siècle transforment seulement la guerre en une industrie meurtrière à grande échelle.
Dès le début du 19ème siècle, le célèbre général prussien Carl von Clausewitz analysait la logique des conflits armés entre deux états comme menant à une guerre absolue (« absoluter Krieg »). L’ impossibilité de « limiter » la guerre entraîne la mobilisation de toutes les forces de la société.
Avec la production d’armements de plus en plus meurtriers, l’état de guerre conduit à la négation de l’humanité des ennemis qu’il faut écraser, quels que soient les moyens.
Durant le 19ème siècle puis le début du 20ème, l’anéantissement de la révolte populaire chinoise des Taiping, l’anéantissement de la Commune de Paris, l’anéantissement des résistances indigènes à la colonisation présentent des aspects de guerre totale.
Herero
Niger
Algérie
certains épisodes des guerres indiennes
Aux Etats-Unis, la guerre de Sécession donne déjà un exemple évident de guerre totale avec, du point de vue militaire, la marche vers la mer du général Sherman (1864) accompagnée de ravages systématiques.
Notons aussi la création de camps de concentration lors de la guerre de Cuba par les Etats Unis et lors de la Guerre des Boers par le Royaume-Uni. Des photos de prisonniers pourraient sans difficulté être confondues avec celles des camps nazis.
La première guerre mondiale offre tous les aspects d’une guerre totale des belligérants européens :
appel sous les armes d’un pourcentage important de la population masculine (25% en Bulgarie)
armement ayant pour objectif de tuer le maximum d’ennemis d’où pertes humaines énormes (10 à 11 millions d’hommes morts au combat, 6,5 millions d’invalides).
mobilisation totale de la société civile pour remplacer les hommes mobilisés et aider les troupes. En Allemagne, Erich Ludendorff, adjoint du chef d’état-major, impose au gouvernement Bethmann-Hollweg la création d’un service du travail obligatoire pour augmenter les rendements : le Vaterländische Hilfsdienst (5 décembre 1916).
réorganisation de l’économie pour ravitailler les armées, produire des armes...
utilisation du budget pour corrompre des journalistes et des socialistes, pour organiser des groupes paramilitaires destinés à terroriser les hypothétiques pacifistes et les grévistes
main-mise gouvernementale sur les journaux, propagande massive, censure, arrestation des pacifistes, embrigadement idéologique...
appel au meurtre d’ennemis, qu’ils soient enfants, adultes ou vieux. Le sermon de l’évêque de Londres, Winnington Ingram, le premier dimanche de l’Avent de l’année 1915 est souvent cité : "tous ceux qui sont attachés à la liberté et à leur honneur... sont engagés dans une grande croisade - nous ne pouvons le nier - pour tuer les Allemands, les tuer non pour l’amour de tuer, mais pour sauver le monde ; pour tuer les bons comme les mauvais, pour tuer les enfants comme les vieillards."
Les gaz asphyxiants
Ils sont symboliques de l’emploi d’armes "totales".
Le 22 avril 1915, l’armée allemande lâche dans les airs, près d’Ypres, 150 tonnes de chlore sur un front de 6 kilomètres pour anéantir la résistance de la 87ème division française. Porté par le vent favorable, la nappe chimique avance à un mètre du sol, semant la désolation et la mort. « Des hommes se roulaient à terre, convulsés, toussant, vomissant, crachant le sang... » (médecin du 66ème régiment d’infanterie). Deux à trois mille soldats vont décéder, souvent dans des souffrances horribles.
Toutes les armées avaient procédé à des essais avant celui du 22 avril. Toutes vont améliorer la capacité mortelle de ces gaz. La Grande-Bretagne et la France utilisent l’artillerie pour lancer des obus chargés de produits chimiques sur des objectifs précis.
En mai 1915, les Allemands ajoutent du phosgène au chlore (100000 intoxiqués par ce gaz suffocant jusqu’en 1918). En juillet 1917, ils commencent à utiliser le "gaz moutarde" qui s’attaque directement aux tissus cellulaires (par exemple les yeux...).
En 1915, les belligérants usent de 3600 tonnes de gaz toxiques ; en 1918 le total annuel passe à 59000 tonnes. Par ailleurs, 15% des obus tirés ont une charge chimique.
Après avoir employé les méthodes de la guerre totale pour tenter d’emporter une victoire militaire entre 1914 et 1918, militaires et politiques continuent sur leur lancée face aux mouvements populaires considérés comme des ennemis militaires à anéantir.
Ainsi, l’armée allemande intervient avant l’armistice en Finlande.
Ainsi, l’armée française intervient en Serbie, Hongrie, Bulgarie, Russie, Pologne, fusillant des "communistes" et couvrant des massacres immondes.
Ainsi, la Grande-Bretagne, les USA, le Canada, le Japon, l’Italie... soutiennent les armées blanches russes en budget, en armes et même en soldats.
Dans tous les cas, une propagande extrêmement mensongère est systématiquement utilisée. Le concept de judéo-bolchevisme à éradiquer date de ce moment-là.
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