Non à l’ouverture du capital d’EDF. Texte de la section socialiste d’Entraygues sur Truyère

samedi 2 juillet 2005.
 

La section avait déjà eu un débat en 2001 sur cette question. Le texte discuté alors, a été repris et complété le 7 novembre 2002 dans le cadre de la préparation du congrès socialiste.

La privatisation progressive d’EDF nous paraît répondre à l’objectif intéressé du capitalisme actionnarial qui veut dissoudre tous les services publics dans la sphère marchande et boursière au mépris de l’intérêt général. A terme, cette politique conduira à la fin de la péréquation tarifaire, c’est à dire à la fin de l’égalité de traitement et de tarifs pour tous les usagers sur l’ensemble du territoire. Pour la droite libérale au service des grandes firmes transnationales, le profit doit régner en maître partout, même si cela pénalise les plus humbles et les régions moins industrialisées.

Que l’on ne dise pas que l’ouverture du capital est indispensable pour des raisons de stratégie d’entreprise alors que, publique à 100 %, EDF a bien mieux réussi au niveau européen et mondial ces dernières années que les entreprises privées d’énergie, mieux réussi aussi que France Télécom par exemple dont le capital avait été ouvert sur le marché boursier. De plus au sein comme en dehors du PS, il est surprenant de voir les mêmes « experts » défendre l’ouverture du capital pour aider l’investissement et prôner une baisse forte de la fiscalité qui empêche l’Etat de jouer ce rôle.

La politique de privatisation et de dérèglementation de l’électricité a déjà montré ses conséquences néfastes : aux Etats-Unis et en Grande Bretagne, elle a provoqué la pénurie d’énergie, l’augmentation des tarifs pour les petits consommateurs, la dégradation de l’emploi, la mise en cause de la sécurité et de la sûreté nucléaire.

Les habitants du bourg d’Entraygues placés juste en aval d’une dizaine de gros barrages ne peuvent que craindre une entreprise EDF privatisée ou semi-privatisée qui, pour satisfaire ses actionnaires ou simplement maintenir la valeur de ses actions en bourse, rognerait sur les crédits de sécurité. Les collectivités publiques du canton d’Entraygues et du Nord-Aveyron ne peuvent que craindre une entreprise EDF privatisée ou semi-privatisée qui rognerait inéluctablement, un jour ou l’autre sur les conditions fiscales (contrepartie financière justifiée) auxquelles EDF est soumise actuellement. Nous craignons pour les prestations délivrées aux usagers de nos communes rurales semi-montagneuses qui ont accepté de voir inonder de bonnes terres de bord de rivière au nom de l’intérêt général et pourraient demain être moins bien traitées que des communes urbaines pour des raisons d’intérêt particulier. Enfin, nous craignons pour l’emploi local au vu de ce qui s’est passé partout dans le monde après privatisation partielle ou totale.

Les services publics ont largement contribué au développement de notre pays : l’installation partout de l’électricité et du téléphone, le réseau de voies ferrées, les écoles, les hôpitaux, RATP, SNCF, Air France et son airbus, le CNES et les fusées Ariane... Rien n’a été fait sans trouver sa source dans la volonté commune. Des capitalistes auraient-ils eu la même volonté de répondre à l’intérêt général, la même capacité de voir assez grand et sur le long terme ? Non. D’ailleurs, nous avons en France le contre exemple parfait avec la gestion de l’eau, marquée d’énormes inégalités selon les zones territoriales, la gabegie, les manipulations, l’imprévisible (où va Vivendi Universal ?), les chantages et tractations auprés des collectivités publiques ...

Nous savons que la privatisation du marché de l’électricité est prévue à terme dans le cadre de l’Accord Général sur le Commerce des Services ( comme les services postaux, la santé, l’éducation, les transports ...) ; le Parti socialiste comme d’ailleurs l’Internationale Socialiste devraient prendre position contre cet AGCS, car ces objectifs sont totalement incompatibles avec notre identité et nos objectifs.

Il est vrai que l’ouverture à la concurrence du marché de l’électricité est demandée par la Commission européenne et qu’EDF ayant profité de cette ouverture en Europe rend difficile de la refuser pour la France. Mais ce type d’argument n’apporte rien quant à la clarification de l’intérêt général à long terme de l’Europe sur la question essentielle de la production et de l’approvisionnement en énergie. L’importance des investissements nécessaires ( en matière de recherche par exemple) ne justifie-t-il pas d’appeler de nos vœux un grand service public européen de l’énergie ? D’autre part, nous pourrions nous battre clairement, à court terme sur une limitation de cette ouverture à concurrence, en particulier qu’elle ne concerne jamais les familles. Enfin, les directives européennes n’imposent nullement l’ouverture du capital d’EDF ; selon le principe de subsidiarité chaque Etat membre est autorisé à organiser ses services publics selon les règles juridiques qui lui sont propres.

Le gouvernement Raffarin a choisi de faire d’EDF le premier grand test pour aller plus loin vers la privatisation des services publics et la suppression des acquis sociaux des salariés. Si le gouvernement impose ses projets pour EDF GDF, ce sera rapidement le tour de la Poste, de l’Equipement, de la fonction publique hospitalière et peut-être territoriale, de l’Education Nationale.

Les expériences des dernières années ont prouvé que l’introduction du capital privé dans une entreprise publique entraîne une emprise des marchés boursiers et conduit à faire prévaloir les exigences de rentabilité financière au profit des actionnaires. Le krach électrique de Californie, les hausses de prix et les fonds publics investis pour pallier l’incurie libérale, la faillite d’Enron, la crise argentine, la situation des chemins de fer britanniques sont révélateurs des impasses du double mouvement de libéralisation et de privatisation de services publics. Plus prés de nous, les difficultés de France Télécom et le scandale des surfacturations imposées par les opérateurs de téléphonie mobile en témoignent.

Partout ces politiques ont les mêmes conséquences : exclusion des populations non solvables, dégradation de la qualité du service, souffrance des salariés, précarisation et réduction de l’emploi. La logique du profit l’emporte sur la solidarité et la démocratie recule. Car l’ouverture du capital représente bien davantage qu’une simple option économique : elle entend discréditer toute logique de solidarité et de partage à la base du service public et toute possibilité d’alternative au libéralisme.

La privatisation de biens publics essentiels au développement humain hypothèque l’avenir de la planète et de l’humanité. L’attachement aux services et entreprises publiques traduit le caractère singulier de l’eau, de la santé, de l’éducation, de l’énergie, des transports ... dont l’accès est vital et s’inscrit dans les droits universels qui doivent être garantis à chaque être humain.


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