Guilhem Serieys proteste vigoureusement contre la "privatisation des barrages"

jeudi 20 mai 2021.
 

A) Contre la "privatisation des barrages" (Guilhem Serieys)

Article en UNE de La Dépêche du Midi, décembre 2009. Cliquer sur la vignette pour l’agrandir

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"La population sera mise en danger"

D’ici la fin de l’année, les barrages d’Electricité de France en nord-Aveyron vont faire l’objet d’un appel d’offres pour une mise en concession.

"C’est une forme de privatisation qui est doublement scandaleuse", s’insurge Guilhem Serieys, élu du Front de Gauche. Il estime qu’on va livrer au privé des ouvrages qui ont été payés avec l’argent public. Et surtout, que l’opération va faire courir des risques aux populations puisque l’entretien ne sera pas assuré avec la même rigueur que par l’entreprise publique.

"Un peu de courage"

La mise en concession d’ici 2011 des barrages du nord-Aveyron appelle "du courage et une prise position des élus" estime Guilhem Serieys "notamment des élus du secteur concerné et du président du Conseil général".

Pour le jeune conseiller régional, lui-même originaire d’Entraygues sur Truyère, c’est une question de morale politique. "Les barrages appartiennent à la collectivité qui les a payés, assène Serieys. Si les politiques ne se prononcent pas, à quoi servent-ils ? L’opération va mettre en cause la sécurité des citoyens parce que l’entretien ne sera jamais aussi bien assuré qu’avec EDF. Chacun doit se prononcer."

Article en page 2 du supplément Aveyron

Là, sur le coup, Guilhem Serieys se montre un peu chaud :

"On est dans une affaire qui relève de la tromperie. La décision de mettre en concession, c’est à dire de privatiser une partie des barrages d’EDF est une manifestation du dogmatisme ultra-libéral de la commission européenne. Le pire, c’est qu’il y a tromperie et qu’on met en cause à la fois l’intérêt général et la sécurité des habitants des vallées sans que cela ne semble émouvoir personne".

Fermez le ban.

L’élu Front de Gauche, ancien membre du PS et candidat aux prochaines régionales mènerait-il une charge purement politique parce que le scrutin approche ? En fait, non, tant les convictions qu’il exprime sur le dossier sont pour lui de référence.

"Rappelons-nous ce qu’on a dit aux populations des années 1950 pour leur faire admettre le sacrifice des meilleures terres des vallées ! tonne Serieys. Qui a mis en avant l’intérêt général et la garantie que leur sécurité, sous les barrages serait assurée par une entreprise nationale ?"

"La décision de mettre ces barrages en concession, c’est le premier pas vers leur privatisation". affirme l’élu qui interroge : "Que vont devenir les employés de ces sites ? Quel sera leur statut si les sites sont gérés par des groupes privés, peut-être étrangers ?"

Et d’envoyer l’argument choc :

" Regardez ce que sont devenues les compagnies ferroviaires britanniques après leur privatisation... Entretien nul, accidents... Il a fallu les renationaliser. C’est d’ailleurs ce qu’on devrait faire avec EDF !"

B) Tir de barrage de la Commission européenne contre EDF (4 novembre 2015)

Extraits du document remis aux autorités françaises par la Commission européenne.

Révélations. Un rapport échafaudé par Bruxelles, que l’Humanité s’est procuré en exclusivité, laisse augurer du pire 
pour l’avenir d’EDF. Dans le cadre d’une Europe ultralibérale, la Commission européenne préconise ni plus 
ni moins la privatisation des barrages hydroélectriques et à terme le démantèlement de l’énergéticien.

Depuis hier 16 heures, de nombreuses centrales hydroélectriques françaises ont réduit leur production à l’appel de la CGT pour protester contre la mise en demeure de Bruxelles afin que Paris se mette en conformité avec les promesses tenues par le gouvernement Fillon, en 2010, sur la libéralisation du marché de l’énergie en échange d’un étalement de sa dette. Mais selon Dominique Pani de la fédération mines énergie de la CGT  : «  Pas question par cette action de saboter notre outil de travail, ni même de mettre qui que ce soit en danger. C’est surtout une manière de lui montrer que, sans un mix énergétique de qualité, comme nous le possédons aujourd’hui, il sera difficile de répondre à notre mission de service public. Or, si la mise en demeure de la Commission européenne est suivie à la lettre, il va devenir difficile de répondre à la demande de manière aussi flexible.  » Un système livré 
à la concurrence

Dans le document, que notre journal s’est procuré, Bruxelles semble vouloir en effet signer la fin de la prédominance d’EDF sur le secteur de l’énergie hydroélectrique, voire au-delà, et mettre en place un système totalement livré à la concurrence  : «  La France a deux mois pour répondre à cette injonction, sinon cette Commission prendra des mesures.  » Lesquelles  ? Côté syndicats tous mobilisés encore aujourd’hui  : «  Même dans les filiales d’Engie qui détiennent aussi quelques centrales hydrauliques  », explique Dominique Pani. Tous ont cru voir un début de réponse dans ce fameux document, dorénavant secret de Polichinelle.

Dès la page 15 de cet «  opus libéral  », il est ainsi mis en évidence la soi-disant trop grande concentration de la production d’électricité en France et plus particulièrement dans le domaine nucléaire, même si certains opérateurs détiennent des droits de tirage sur certaines des centrales détenues par l’énergéticien français  : «  EDF, peut-on y lire, est le propriétaire et l’exploitant de la totalité des capacités de production nucléaire, qui constituent de loin la première filière de production du pays.  ». Et d’ajouter  : «  En outre, EDF exploite une part importante des capacités hydroélectriques qui constituent la seconde filière de production. 83 % de la capacité des concessions hydroélectriques françaises est exploitée par l’énergéticien, tandis que GDF Suez, avec ses deux filiales SHEM et CNR, en exploite 15 %.  » Acharnement 
de la Commission

Mais pire que cela, selon Bruxelles, il est souligné que l’entreprise, en présentant un haut degré d’intégration, utilise l’essentiel de sa production pour fournir directement ses clients, sans passer par les marchés de gros. Inacceptable, selon la Commission européenne, qui voit dans cette diversité d’approvisionnement une possible atteinte à la concurrence  : «  S’il était tenu compte des ventes internes au sein d’EDF, celle-ci occuperait sur le marché de la vente en gros une position proche de celle qu’elle détient au niveau de la production, soit une part de marché de l’ordre de 80 %  », peut-on ainsi décrypter. Or, est-il précisé plus loin  : «  EDF n’a pas fait le choix d’être très présent sur ces fameux marchés de gros.  » Dès lors, où est le problème  ? Sans doute dans l’acharnement de la Commission européenne à vouloir se payer la tête d’EDF depuis une quinzaine d’années.

Ces simples constats de la Commission en amènent d’autres, ressemblant fort à des réquisitoires, contre un système qui a fait ses preuves et fonctionne au point d’assurer depuis longtemps à la France son indépendance énergétique. Il est ainsi mis en avant qu’elle est le premier pays exportateur d’électricité en Europe et que ces volumes n’ont cessé de croître depuis 2010, alors que, dans le même temps, les importations d’électricité ne représentaient qu’un chiffre dérisoire et en baisse. Une tare a priori pour Bruxelles, une bonne chose pour Claire Cailletaud, porte-parole de la FNME CGT  : «  Bruxelles est en train de nous dire que de fait la concurrence est impossible à mettre en place dans notre pays parce que notre modèle fonctionne trop bien.  » Cherchez l’erreur  ?

Une libéralisation plus sensible 
à la fluctuation des marchés

Bruxelles s’inquiète aussi des tarifs régulés institués par l’État. La Commission européenne argue que ceux-ci sont aussi un frein au jeu de la concurrence et donc à une hypothétique baisse des prix, profitable aux consommateurs. C’est oublier qu’une telle libéralisation serait de fait plus sensible à la fluctuation des marchés. Les consommateurs allemands l’ont appris à leurs dépens  : «  Les industriels certes bénéficient de prix intéressants, mais ce sont les particuliers qui trinquent  », continue la porte-parole de la FNME.

Mais ce document ne s’arrête pas là. EDF, grâce à sa production en majorité nucléaire et hydroélectrique, serait moins exposé à la fluctuation des prix sur le marché des hydrocarbures à la différence de ses concurrents qui se fournissent plus régulièrement sur le marché du gaz et du charbon. À quelques semaines de la COP21, qui se tiendra à Paris, difficile de comprendre un tel raisonnement et ce d’autant plus que le rapport ne s’en tient pas qu’à cela. Ainsi la production nucléaire émettrice de peu ou pas de CO2 n’obligerait pas EDF à acquérir des droits d’émission de CO2 et, par conséquent, EDF paierait moins que ses concurrents. Sans doute une manière d’oublier que le nucléaire a un coût et notamment avec le plan de grand carénage des années à venir.

Éric Serres, L’Humanité


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