Gérard Gachet, porte-parole du ministère de l’intérieur, est un ancien militant d’extrême droite

mardi 2 mars 2010.
 

En quête d’un porte-parole pour son ministère de l’intérieur, Michèle Alliot-Marie a nommé au mois de janvier un ancien compagnon de route de l’extrême droite. Pour une part, le profil de Gérard Gachet, nouveau venu dans le paysage des porte-parole dont la mode se répand au gouvernement, répond aux canons actuels du genre : ancien journaliste, au Figaro, puis directeur de la rédaction de l’hebdomadaire Valeurs actuelles de 2000 à 2007, chroniqueur sur I-Télé, il a été élu en 1983 conseiller du 19e arrondissement de Paris.

Mais, plus discrètement, il a aussi milité à l’extrême droite, au Parti des forces nouvelles (PFN) dans les années 1970, à partir du lycée Condorcet où il a étudié. "Un engagement de jeunesse, admet Gachet, comme d’autres ont été trotskistes, mais de l’autre côté. J’étais très motivé par 1968, la guerre du Vietnam et la détestation du communisme".

Créé en 1974, issu d’Ordre nouveau, le PFN fut, jusqu’en 1981, le principal rival du Front national et opta pour une stratégie radicalement différente en prônant des accords avec la droite. La plupart de ses cadres finirent par rallier le Centre national des indépendants et paysans (CNIP).

SANS COMPLEXE

L’engagement passé de Gachet lui vaut de figurer sur des sites Internet d’extrême droite qui n’hésitent pas à faire son "outing" - la plupart du temps en termes peu amènes.

Sur le blog Synthèse nationale, Roland Hélie, qui fut l’un des dirigeants du PFN, rend hommage au livre rédigé par Gachet, La France sans complexe paru en 2007 (éditions du Rocher). "Je connais Gérard Gachet depuis une trentaine d’années, écrit-il. Dans les années 1970, nous avons fréquenté pour ainsi dire la "même école" et il en reste toujours un petit quelque chose (...) Même si nous n’arrivons pas toujours aux mêmes conclusions, ses analyses et ses critiques sont toujours aussi pertinentes..."

Ce recueil de chroniques parues dans Valeurs actuelles, qui laissent une large place au thème de l’immigration, a nourri également le blog Sans complexe que Gachet a interrompu avec sa nomination place Beauvau.

Il publiera un nouvel essai au mois de mars, "Mai 68, la grande arnaque" (éditions Alphée), consacré à ses "victimes". Il assure pourtant : "Mes idées, mes opinions personnelles, je les mets entre parenthèses au ministère". Sa mission, Alliot-Marie l’a ainsi définie : devenir la "voix qui représentera l’institution dans son ensemble, sous toutes ses facettes et toutes ses missions" telles que la police, les cultes ou bien encore l’outre-mer. Il devra "valoriser l’action du ministère (...) ou encore mettre en place une politique de communication", mais cette voix officielle, précise la place Beauvau, ne représentera ni la ministre, ni son cabinet.

de Isabelle Mandraud


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