Mario Alfredo Sandoval est désormais sous le coup d’un mandat d’arrêt international délivré par le juge argentin Sergio Torres. Il est accusé de « tortures, privation illégale de liberté aggravée, tortures ayant comme résultat la mort » et fait l’objet d’un mandat d’arrêt vers l’Argentine.
Des survivants des crimes commis au sein de l’École de Mécanique de la Armada (ESMA), l’ont en effet reconnu comme l’un des tortionnaires qui officiait à la Coordination fédérale sous les ordres d’Evaristo Basteiro (le commissaire inspecteur qui était à la tête du centre clandestin de torture)
La question intéresse particulièrement la France car Mario Sandoval aurait ensuite travaillé comme consultant spécialisé dans les questions de défense et de sécurité auprès du gouvernement de Monsieur Sarkozy.
Le Parti de Gauche exige que le gouvernement fasse la lumière sur son éventuelle collaboration avec un personnage sur lequel les soupçons de crimes contre l’Humanité pèsent depuis des années et que le gouvernement ne pouvait ignorer.
Le Parti de Gauche
4) Mario Sandoval débouté de sa plainte contre les médias qui l’avaient mis en cause
Le tribunal correctionnel d’Auxerre a débouté jeudi 16 février le Franco-argentin qui accusait de diffamation ou de complicité de diffamation plusieurs médias français à la suite de la publication en 2008 d’informations sur son rôle supposé sous la dictature argentine.
Considérant qu’il y avait prescription et donc extinction de l’action publique, le tribunal a jugé irrecevable la constitution de partie civile de Mario Alfredo Sandoval.
Sont également déboutés les prévenus ayant demandé des dommages et intérêts.
Le 12 janvier, plusieurs médias, dont France info et Marianne, ont comparu à Auxerre devant la justice pour cette affaire, mais l’audience au fond avait été renvoyée pour des questions de procédure. Elle n’aura donc finalement pas lieu.
En 2008, le site français El Correo (www.elcorreo.eu.org), destiné à la diaspora latino-américaine, a publié la traduction d’un article paru dans un journal argentin concernant les activités sous la dictature militaire argentine (1976-1983) de Mario Alfredo Sandoval.
Plusieurs autres médias, dont France info et Marianne, avaient ensuite repris l’information en dénonçant le rôle actif de M. Sandoval sous la dictature de la junte militaire argentine durant laquelle environ 30.000 personnes ont disparu selon les organisations de défense des droits de l’Homme.
M. Sandoval, qui conteste les faits et plaide l’homonymie, avait saisi le Tribunal de grande instance d’Auxerre.
Me Sophie Thonon, avocate du principal prévenu, le directeur de la publication du site internet El Correo, Carlos Debiasi, a regretté la décision du tribunal.
« Je regrette que, devant une juridiction française, il ne soit plus possible de prouver que Mario Sandoval a été celui qui a participé à des actions subversives durant la dictature. Néanmoins, il restera toujours une suspicion », a-t-elle déclaré à l’AFP.
Agence France Presse
3) Incroyable : un ancien bourreau au service de Sarko ? Un talent argentin au service du gouvernement français Article de Marianne
de Sylvain Lapoix
Sandoval, alias Churrasco (la grillade), soupçonné d’être un ancien tortionnaire, ferait partie de l’équipe chargée de négocier la libération d’Ingrid Betancourt.
Mario Alfredo Sandoval, alias « Churrasco » (la « Grillade »), est soupçonné d’avoir appartenu à « l’école de la Marine » qui, en Argentine, constitue la façade officielle de la police politique du Général Videla, chef de la junte instaurée en 1976 dans le pays. Il aurait, ès qualité, participé aux exactions et tortures qui ont émaillé la « sale guerre » argentine des années 60 jusqu’en 1983. Sandoval figurerait d’ailleurs en Argentine dans les archives de la Commission nationale sur la disparition des personnes : il aurait fait séquestrer un étudiant en architecture, durant les années de dictature. C’est ce que révèle le quotidien de Buenos Aires Pagina 12, relayé par le site El Correo. Le problème, c’est que Sandoval aurait récemment intégré le « Conseil sur la défense » constitué par Nicolas Sarkozy en vue, notamment, de négocier la libération d’Ingrid Betancourt.
Même les « institutions françaises » se posent des questions Mario Alfredo Sandoval aurait été contacté par la présidence de la République en raison de ses liens avec les groupes paramilitaires d’extrême droite colombiens, qui constituent une bonne base pour prendre contact avec le commando des Farc qui retient Ingrid Betancourt. C’est ce qu’on appelle du pragmatisme, et ceux qui n’ont jamais fait appel au moindre barbouze pour régler des questions délicates n’ont qu’à leur jeter la pierre. Sauf que Sandoval serait apparemment un peu plus qu’un barbouze. Contacté par Marianne2, le journal Pagina 12 a refusé de communiquer ses sources « pour des raisons de sécurité », l’affaire étant liée à d’anciens membres de la police politique de la junte. Beaucoup de ces ex ont trouvé à se recycler à travers les réseaux de la CIA chargés de les former à l’époque. Cependant, nous n’étions apparemment pas les premiers à poser des questions au sujet de "Churrasco" : un proche du dossier nous a confié que des « institutions françaises » auraient tenté d’en savoir plus sur le fameux Mario Sandoval.
De la famille Betancourt à l’Elysée : inconnu au bataillon Un vrai mystère, ce Sandoval. Ainsi,à l’Elysée, on assure que « ce nom ne figure nulle part. » Pas de trace de lui non plus à l’université Paris III Sorbonne, où il est censé avoir donné plusieurs cours. Les membres du comité de soutien d’Ingrid Betancourt n’ont, pour leur part, jamais entendu parler de lui. L’ambassade d’Argentine n’a pas non plus eu vent de la présence de Sandoval dans le corps diplomatique français impliqué dans les négociations pour la libération d’Ingrid Betancourt. Bref, la "Grillade" est un fantôme. Mais un fantôme très actif.
2) Talent argentin pour le gouvernement de la France Article sur le site Bellaciao, traduction du journal espagnol El correo
Son apprentissage, il l’a fait dans la néfaste Coordination Fédérale (note du correo : département de la police fédérale argentine, connue pour ses agissements pendant la dictature) et tout de suite il s’est "internationalisé" comme "un expert". Il s’est fait de bons amis au sein de la droite armée en Colombie, dans les services d’intelligence et parmi les universitaires français.
A presque 55 ans, les raisons qui lui ont fait gagner le surnom de "Churrasco" se sont effacés . "C’ était un beau jeune homme, un churro, comme on disait avant", commente un témoin en se référant à Mario Alfredo Sandoval, professeur de sciences politiques résidant à Paris et aujourd’hui membre du "Conseil sur la Défense" du président français Nicolas Sarkozy.
Son curriculum "brillant" a un passé obscur : dans les années soixante-dix, en tant que lauréat de l’École de Police Ramón Falcón, il opère dans la Coordination Fédérale qui est aux mains de répresseurs de la taille d’Evaristo Basteiro, chef du centre clandestin qui fonctionnait dans ce département (de la Police Fédérale).
Il a aussi su rendre des "services" à la Marine. L’homme accumule des parchemins et fait état de ses contacts en Colombie : comme membre de la délégation française, il est arrivé à participer aux négociations pour libérer Ingrid Betancour. Il est clair qu’il a perdu de sa superbe parce que ses "amis" sont du côté des paramilitaires et ne sont pas la meilleure lettre de présentation pour arriver aux guérilleros des Forces armées Révolutionnaires de la Colombie (FARC).
En 1977, Sandoval avait comme adresse Moreno 1417, septième étage, c’est-à-dire "Coordination Fédérale". Dans le numéro de liasse 1076/1163 de la Commission Nationale sur la Disparition de Personnes (Conadep), il est mentionné dans la séquestration d’un étudiant d’Architecture dans le quartier de Belgrano. La famille Abriata a déclaré que l’officier en charge de l’opérantion s’est présenté comme "Sandoval, de la Coordination Fédérale".
En 1976, Sandoval avait été muté avec le grade de sous-inspecteur à la « Commission des Sujets Politiques ». Le chef était le commissaire inspecteur Evaristo Basteiro- responsable du centre clandestin qui fonctionnait dans la dépendance de la « Surintendance de la Sûreté Fédérale », qui est resté impuni à cause de l’application de la Loi de Point Final.
Même sous la démocratie, Sandoval a eu d’autres affaires mineures avec la Justice pour fraude et violation de correspondance mais il a su se recycler.
À la fin des années quatre-vingt, il reçoit son diplôme de maîtrise en Sûreté de l’Université de la Police Fédérale, il a été parmi ceux qui ils ont crée une association de diplômés de cette spécialité. En Argentine, on a su peu de chose de lui jusqu’à ce qu’en 2002 il réapparaisse à l’École Supérieure de Guerre. Sous l’" étiquette » d’un délégué de l’Union Européenne pour des conversations de paix en Colombie, il a obtenu une autorisation pour permettre à deux Colombiens à donner un cours à des militaires argentins.
Au milieu de la conférence, l’un d’eux, il s’est présenté comme un "commandant des Auto-défenses Unies de la Colombie", un homme de Carlos Castaño, le chef des AUC. Les officiers [argentins] ont considéré la rencontre comme terminée et avoir permis ceci a presque coûté sa carrière au responsable, parce que Sandoval ne lui avait pas dit qui seraient les intervenants. A cette époque avait commencé une campagne de déstabilisation pour lier les groupes piqueteros avec les FARC.
Dans un article publié l’année dernière, le quotidien « El Tiempo » de la Colombie a rappelé que :
"Le 23 juillet 2001, sous la présidence d’Andrés Pastrana, a eu lieu dans les plaines du département de Cordoba, en Colombie, une réunion convoquée par les chefs des Auto-défenses Unies de la Colombie, pour refonder la patrie. Derrière cette noble intention on cherchait à étendre le pouvoir militaire des groupes auto-défenses à l’ordre du politique, en plaçant pour cela, et grâce au financement du trafic de stupéfiants, certains hommes clef dans les mairies, les institutions et le Congrès de la République. Le pacte, opéré entre un secteur de la classe politique colombienne et les chefs paramilitaires, a été signé par 11 membres du Congrès et une vingtaine de dirigeants régionaux, selon la revue Semana. Cinq ans après, l’un des hommes politiques impliqués, Miguel de la Espriella, a révélé l’existence de ce pacte secret. À partir de ce moment les investigations du Ministère public et des médias ont amené en prison 23 des participants".
Le quotidien colombien a aussi souligné qu’ont participé à la signature du pacte "quelques professeurs de La Sorbona" avec l’objectif d’exposer le projet politique des Auto-défenses. Des mois après il a été connu que l’un des "professeurs" était Mario Sandoval, le franco-argentin attaché à l’Université de Paris 3 comme expert dans des conflits internes de l’Amérique Latine. Le même policier de la dictature argentine qui a choisi l’étude pour continuer à faire carrière et à contacter "des amis" dans le monde.
Le mensuel français Le Monde Diplomatique a publié en mai de l’année dernière un article de la journaliste Laurence Mazure, qui dénonce que "le scandale sur le lien d’hauts responsables politiques colombiennes avec le paramilitarisme, tous en relation avec le président Alvaro Uribe Vélez, a aussi mis à jour les possibles appuis internationaux dont ont bénéficié les paramilitaires. En incluant la France". Dans l’article, la participation de Sandoval recommence à apparaître à la réunion avec les Auto-défenses et Mazure ajoute d’autres données sur le versatile argentin qui est arrivé à Sarkozy : "Il est aussi lié aux secteurs dits de l’intelligence économique".
À la fin de novembre 2006 le site Web de l’ambassade de la France au Chili indiquait que Sandoval "un universitaire responsable de mission dans la direction d’Intelligence économique de l’ACFCI [l’Assemblée des Chambres de Commerce et de l’Industrie françaises]", a fait partie d’une "délégation importante autour de la personne d’Alain Juillet - neveu de Pierre Juillet, ex-conseiller du président Jacques Chirac-, un proche des moyens de la Défense, directeur de la Direction Générale de la Sûreté Extérieure, DGSE, en 2002, et nommé récemment par Nicolas Sarkozy comme directeur d’Intelligence Économique au cabinet du Premier Ministre".
Sandoval est devenu un homme de monde. Dès 1975 il a commencé à parcourir différents pays d’Amérique et d’Europe. En 1985, il s’est rendu en Colombie, où il a su tisser des liens solides. Grâce à ses relations il est aussi signalé comme l’un des organisateurs des voyages de Vladimiro Montesinos en Argentine. Dans les périples du moine noir du destitué président du Pérou Alberto Fujimori, aurait compté la collaboration de l’un des agents du Secrétariat d’Intelligence de l’État (Side) lié à la Marine.
"L’argentin à Paris" a parcouru un long chemin jusqu’à atterrir dans l’entourage de l’homme de droite Sarkozy. La présidente argentine, Cristina Fernández de Kirchner, se trouvera le 7 avril prochain avec alter ego français. La situation des otages des FARC en Colombie, spécialement après l’assassinat de Raúl Reyes, sera l’un des sujets de leur agenda. Cristina Kirchner s’est personnellement engagée auprès de la mère d’Ingrid Betancour, l’ex-candidate à la présidente qui est plus de six ans en captivité, pour faire tout son possible pour obtenir sa libération. Sarkozy a agi dans le même sens en tenant en compte la nationalité française de Betancour.
On ignore ce que Sandoval fera ce jour.
de Nora Veiras
Traduction de l’espagnol pour El Correo de : Estelle et Carlos Debiasi
1) Un ex-tortionnaire argentin dans l’entourage de Sarkozy ? Article de Courrier International
Sous le titre "Un talent argentin au service du gouvernement français", le quotidien de Buenos Aires Página 12 dénonce la présence dans l’entourage de Nicolas Sarkozy d’un ancien officier de police de la dictature argentine.
Le journal de gauche affirme que le curriculum de "Mario Alfredo Sandoval, professeur de sciences politiques, résidant à Paris et membre du Conseil de défense créé par le président français Nicolas Sarkozy, a un passé obscur". (La décision de créer un Conseil de défense et de sécurité nationale, appuyé par un Conseil consultatif dont les membres seront nommés par le chef de l’Etat, a été prise au début de l’année.)
Selon Pagina 12, "dans les années 1970, Sandoval, sorti récemment de l’école de police, travaillait à la Coordination fédérale" [un centre de torture clandestin de sinistre réputation], qui était dirigée par des tortionnaires comme Evaristo Basteiro". Le journal affirme que son nom apparaîtrait également dans un dossier d’enlèvement.
L’article de Página 12 rappelle que ce même Sandoval a été cité à plusieurs reprises par la presse colombienne en tant qu’"enseignant dans une université française" qui aurait eu des liens avec les groupes paramilitaires (d’extrême droite) colombiens. Le nom Sandoval est néanmoins absent de tout organigramme officiel des institutions françaises.
A suivre.
Articles mis en ligne le 3 avril 2008
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