Au cinéma ce soir : La dignité du peuple (film argentin)

mardi 25 décembre 2007.
 

Argentine, l’espoir du pauvre

La dignité du peuple, film documentaire de Fernando Solana, revient sur la crise argentine de 2001, à travers la vie d’hommes et de femmes qui ont tout perdu, travail, logement, argent, mais qui se battent pour retrouver leur dignité. Véritables laissés-pour-compte des gouvernements ultra-libéraux qui se sont succédés depuis 1989, ils ont réussi, malgré la faim et la colère, à créer de vrais réseaux de solidarité et de résistance.

Entre 2001 et 2005, le cinéaste Fernando Solana a parcouru l’Argentine pour y filmer ces gens écrasés par la crise économique et la corruption gouvernementale. A travers les yeux de Martin, Toba le maître d’école, ou Lucy, il nous montre un pays qui souffre, des vies de courage, et la haine du politique assimilé à la magouille et au mensonge. Dans le quartier de La Matanza, à 15 km de Buenos Aires, une femme explique qu’il y a tant de pauvreté qu’il n’y a plus d’ordures ménagères. Mais, malgré le chômage qui touche alors plus de 25% de la population, ils s’organisent et créent des cantines de pauvres, ajoutant de l’eau aux repas pour les rendre plus consistants.

La caméra nous emmène aussi dans la pampa, où les femmes d’agriculteurs s’associent pour lutter contre l’expropriation. Elles nous racontent qu’après avoir emprunté 20 000 pesos, la banque leur demande d’en rembourser 100 000. Les taux d’intérêt avoisinent en effet les 20%.

De plus, 2001 est l’année de la dévaluation. Mais, le gouvernement mène alors une politique de rigueur sociale en gelant tous les salaires et les comptes des petits épargnants, pour rembourser la dette colossale. Dans le même temps, il s’obstine à suivre les préconisations du FMI, en privatisant des secteurs clés du service public, comme l’électricité et l’eau.

Devant un tel spectacle d’indifférence et de méprise, la population appauvrie choisit aussi de résister dans la rue. Marche pour l’emploi, marche pour la santé, marche pour le travail, ceux qu’on a appelés les « piqueteros » car ils campaient autour des grands axes, organisaient des blocages ou des manifestations, essayent de faire plier le gouvernement avec plus d’intensité à partir de 2001.

Cependant, ils ne récoltent souvent que la violence policière et les accusations de fauteurs de troubles.

C’est donc un œil réaliste sur l’Argentine que nous propose La dignité du peuple. Une Argentine si riche en ressources, mais si démunie en profondeur. Le réalisateur nous fait découvrir les hôpitaux publics, ces lieux d’affluence, nauséabonds, où chaque malade doit attendre plusieurs mois avant de pouvoir être soigné. Ce sont aussi ces hôpitaux de rue, créés pour récolter des médicaments que le gouvernement refuse de fabriquer dans les laboratoires publics en attendant la fin de la crise.

L’Argentine d’aujourd’hui a remonté la pente du déclin, mais reste en sursis. Pourtant, Fernando Solana croit en son pays, grâce à cette population fière, et déterminée à vivre.

Fanny


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